Ce que vous allez apprendre dans cet article :

  • Vous y retrou­ver parmi les termes consacrés
  • Connaître les 7 qua­li­tés d’une 4ème de cou­ver­ture accrocheuse
  • Observer la mise en pratique

Aujourd’hui, les auteurs sont de plus en plus asso­ciés au pro­ces­sus tech­nique d’é­di­tion. Cela est vrai, bien sûr, pour les auto-édi­tés et les publiés à compte d’au­teur, mais aussi pour de nom­breuses per­sonnes publiées à compte d’é­di­teur dans de petites mai­sons. Il m’ar­rive par­fois d’être contacté par des auteurs qui se retrouvent face au déli­cat exer­cice du résumé de 4ème de couverture.

La « quat’ de couv’ », quelle est donc cette intri­guante créa­ture ? Quels sont les quelques para­mètres à res­pec­ter pour rédi­ger un texte de qua­trième qui « claque » ?

Petit tuto en 7 points…

Le nom de la chose

Que faut-il dire ? Un ou une qua­trième ? Est-ce la même chose que le « dos » ?

Voici une petite « notice de mon­tage » du livre :

Position de la de 4ème de couverture dans la bestiole.
  1. Bloc
  2. Couverture
  3. Tête
  4. Pied
  5. Dos
  6. Gouttière
  7. Premier plat de cou­ver­ture
    Première (page) de couverture
  8. Deuxième plat de cou­ver­ture
    Deuxième (page) de couverture
  9. Troisième plat de cou­ver­ture
    Troisième (page) de couverture
  10. Quatrième plat de cou­ver­ture
    Quatrième (page) de cou­ver­ture
    Dernière (page) de couverture

Restons-en là, même si nous pour­rions encore dépe­cer plus fine­ment la bête…

La « pre­mière de cou­ver­ture » est par­fois appe­lée abu­si­ve­ment « cou­ver­ture » ou « couv’ ». Tout le monde com­prend de quoi il s’agit.

Quant au n°10… La « qua­trième de cou­ver­ture » est bel et bien un terme fémi­nin, puisqu’il s’agit, impli­ci­te­ment, d’une page. On appelle aussi « qua­trième de cou­ver­ture », par méto­ny­mie, le seul texte de pré­sen­ta­tion de l’ouvrage, qui figure en effet, le plus sou­vent, sur ladite page. Ce texte est par­fois encore appelé, tout aussi abu­si­ve­ment, « pitch » ou « résumé ».

Pour la com­mo­dité de lec­ture de l’article (et parce que l’érudition pom­peuse, ça va cinq minutes), j’emploierai pour la suite de l’article le terme de « texte de 4ème de couverture ».

Les 7 qualités d’un bon texte de 4ème de couverture

Elles sont comme les nains : elles vont par sept.

Un bon texte de 4ème de couverture se déguste comme un petit mesclun printanier.
Un bon texte de 4ème de cou­ver­ture se déguste comme un petit mes­clun printanier.

Bien sûr, il existe aussi des textes de qua­trième qui ne res­pectent pas tout ce que je vais vous dire, voire qui en prennent lit­té­ra­le­ment le contre-pied. La lit­té­ra­ture est trans­gres­sion, jusqu’au bout de ses ongles, fol­le­ment tein­tés de ver­nis de vives couleurs…

On consi­dé­rera que votre objec­tif est de rédi­ger une « qua­trième » effi­cace, alors que vous n’avez que peu de temps à y consa­crer, et que vous n’êtes pas un fau­con de l’édition, qui pond des textes concep­tuels à lon­gueur de journée.

Pour ceux d’entre vous qui connaissent les bases de la rhé­to­rique, vous recon­naî­trez sûre­ment, ici, quelques idées : le texte de 4e de cou­ver­ture vise expres­sé­ment à convaincre ; à convaincre vite, et bien.

Volume

Peu importent le genre du texte ou l’épaisseur du livre, un texte de 4ème de cou­ver­ture doit être court. J’entends par­fois cette objec­tion : « Ouiiiii, mais il se passe beau­coup de choses dans mon livre, le lec­teur a besoin de connaître d’emblée de nom­breux élé­ments… » Ceci n’est pas rece­vable, vous allez voir pour­quoi juste après.

De même, d’après un cer­tain mythe, il existe des genres pour les­quels le lec­teur tolère des résu­més longs.

Tout ceci est illu­soire : vu l’abondance, l’inondation de l’offre de livres, le lec­teur n’a que quelques secondes, au mieux, à consa­crer à la « pro­po­si­tion » que repré­sente un texte de 4ème de cou­ver­ture. Votre texte long ne don­nera même pas envie d’être lu ; il sera sur­volé de très loin, et vous aurez très peu de contrôle sur les infor­ma­tions qui s’imprimeront dans l’esprit du cha­land. Résumons-nous : une qua­trième trop longue, c’est une hémor­ra­gie d’attention.

S’il faut don­ner, pour finir, un ordre de gran­deur, je dirais que 100 mots sont un bon pla­fond, soit un maxi­mum de 500 signes et espaces.

L’arène et l’époque

L’arène est, selon le script doc­tor John Truby, l’endroit glo­bal où se déroule l’histoire ; un espace dont aucun des héros ne fran­chira les fron­tières natu­relles. Il peut s’agir d’un deux-pièces cui­sine, mais aussi d’une ville, d’une route, d’un milieu (l’océan dans L’odyssée de Pi), de tout un conti­nent ou d’un sys­tème solaire… Quelle que soit l’étendue de l’arène, votre texte de 4ème de cou­ver­ture doit en indi­quer les frontières.

De même pour l’époque : d’une façon ou d’une autre, nous devons com­prendre, en lisant la qua­trième, si nous avons affaire à un récit his­to­rique, futu­riste, paral­lèle à notre temps… S’il est his­to­rique, nous devons avoir une idée du siècle concerné. C’est un élé­ment qui déter­mi­nera très for­te­ment le choix du lec­teur ; ne faites donc pas l’impasse des­sus. Soyez sub­til : au lieu de par­ler de « l’Angleterre de la Révolution indus­trielle », casez l’adjectif « vic­to­rien » ; le lec­to­rat vous sui­vra à toute vapeur.

Le héros

S’il n’y a qu’un seul per­son­nage à men­tion­ner dans votre texte de 4ème de cou­ver­ture, ce sera, bien entendu, le héros, ou l’héroïne (… ou l’anti-héros ; pourvu qu’il ou elle occupe la fonc­tion héroïque du récit).

Nous devons impé­ra­ti­ve­ment, dans vos 100 mots, apprendre son nom, et une ou deux de ses carac­té­ris­tiques impor­tantes pour l’histoire. Et sur­tout, SURTOUT, nous devons, dès ce petit texte de rien du tout, avoir envie de suivre votre gugusse ! Oui, vous m’avez bien lu, et si vous ne l’avez pas lu je vous le dis avec d’autres mots : votre livre, ce sont vos per­son­nages. Vos per­son­nages, c’est avant tout votre héros. Donc, votre héros doit être, d’une façon ou d’une autre, for­te­ment attrac­tif. Vous devez donc mettre tous vos efforts à créer, le plus puis­sam­ment pos­sible, cet inté­rêt chez le lecteur.

Point de départ et temps fort

Vous vous en dou­tez, vous ne pour­rez pas évo­quer tous les évé­ne­ments de l’histoire dans le texte de 4ème de cou­ver­ture. Nous ne sommes pas ici dans le synop­sis, qui réclame, lui, d’être pra­ti­que­ment exhaustif.

Deux situa­tions doivent être évo­quées en prio­rité : le point de départ et le moment fort, ou « cli­max », de votre histoire.

Pour le point de départ, vous en aurez tou­jours une idée assez claire. Le temps fort est par­fois plus dif­fi­cile à cer­ner : tout peut être un temps fort, dans une his­toire un tant soit peu dyna­mique. Il peut s’agir d’une scène, d’une situa­tion, mais aussi la réponse à une grande ques­tion du per­son­nage. Dans tous les cas, le véri­table temps fort, c’est celui que vous avez eu envie d’écrire dès les pre­mières lignes du pro­jet ; celui vers lequel tendent toutes les éner­gies, posi­tives ou contraires, de l’histoire.

Suggérer la fin

La fin est elle aussi un évé­ne­ment du sce­na­rio ; pour­tant, je prends son trai­te­ment à part, car aucun d’entre nous n’apprécie de décou­vrir la fin d’un récit en pre­nant connais­sance du texte de 4ème de couverture.

Autant, pour la situa­tion de début et pour le moment fort, vous pou­vez les évo­quer pré­ci­sé­ment, autant la fin doit res­ter dans les brouillards de l’expectative. Il faut don­ner une idée de la direc­tion finale de l’histoire, sans rien expli­quer de défi­ni­tif. Il y a un monde entier entre dire « Gwendoline trou­vera la mort dans un endroit perdu du marais Poitevin » et « Gwendoline pour­sui­vra obs­ti­né­ment son des­tin, jusqu’à le ren­con­trer, enfin, au milieu de nulle part »…

L’ambiance

Il est néces­saire aussi, dans un texte de 4ème de cou­ver­ture, de don­ner une idée de l’ambiance du texte en soi. Regardez les bandes-annonces de cinéma : dès les pre­mières notes de musique, dès les pre­miers mots pro­non­cés, dès les pre­miers plans, vous savez s’il s’agira d’horreur, de bluette XIXe, d’un énième Bienvenue chez les ploucs, d’un film à gros effets, gros muscles, gros egos, gros coups de cym­bales (cou­cou Hans Zimmer…)

Même rai­son­ne­ment pour votre texte de 4ème de cou­ver­ture : si votre récit est humo­ris­tique, soyez drôle. S’il est raconté par tel per­son­nage, à la pre­mière per­sonne, tachez de rédi­ger le résumé sui­vant le même point de vue. Si votre livre dégou­line de poé­sie, impré­gnez-en le résumé, tel un baba déli­cieux. Si les révé­la­tions s’enchaînent au fil des cha­pitres, flir­tez avec le mys­tère, dès le petit texte de quatrième.

L’« envoi »

Tout ceci ne serait rien sans une petite phrase finale qui ver­rouille le pro­pos, et déclenche la ques­tion du lec­teur : « Est-ce que c’est pour moi ? »

Après la phrase de fin (que vous pou­vez déta­cher dans un para­graphe unique, pour plus d’impact), il ne devrait plus rien y avoir à ajou­ter. Vous avez pris le lec­teur par les épaules, et vous l’avez fait tour­ner sur lui-même à 360°. Après toutes les mer­veilles qu’il a aper­çues, il ne reste plus qu’à le remettre face à lui-même, et à vous recu­ler sur la pointe des pieds. Laissez-le ima­gi­ner, tout seul, s’il a envie de par­tir à l’aventure dans cette nou­velle contrée. Voilà tout l’objectif de la phrase d’envoi.

Cas pratique : un résumé de thriller

La couverture de Phrom Thep.


Marc m’a contacté début 2017 au sujet du texte de 4ème de cou­ver­ture de son roman, Phrom Thep. La demande prin­ci­pale était de rac­cour­cir le texte, mais au fil du tra­vail, nous avons constaté que d’autres points pou­vaient être repris.

Je ne vais pas entrer dans le détail de tous les chan­ge­ments, mais je vais vous en pré­sen­ter quelques-uns. Tout ce qui suit, bien entendu, est pré­senté ici avec l’aimable auto­ri­sa­tion de l’auteur. J’ai fait mon pos­sible pour ne rien spoi­ler, mais si vous vou­lez vrai­ment gar­der la frai­cheur de la décou­verte, arrê­tez-vous de lire après le tableau « avant-après ».

Voici les deux ver­sions du texte :

AvantAprès
Quand Alain décide de prendre l’avion pour Phuket, il espère que ce voyage mar­quera la fin de quatre années trau­ma­ti­santes.

Sa ren­contre avec la jolie Wannapa semble lui don­ner rai­son, mais une vio­lente agres­sion laisse des séquelles psy­cho­lo­giques que la coif­feuse thaï­lan­daise a toutes les peines à sur­mon­ter. Alain décide de la faire soi­gner en France, mais les troubles per­durent, et un méde­cin com­mence à s’interroger sur l’origine de curieuses cicatrices.

Lorsqu’au len­de­main de son mariage, Wannapa dis­pa­rait, le pho­to­graphe n’a pas d’autre choix que remon­ter le temps, à la recherche de la véri­table iden­tité de celle qu’il a épousée…

Quand il s’est envolé pour la Thaïlande, Alain n’imaginait pas ren­con­trer Wannapa. Voilà peut-être le signe qu’il atten­dait…

Seulement, la jolie Thaïe semble écra­sée par son passé. Qui est cet inconnu qui la pour­suit ? D’où viennent ses étranges cica­trices ? Pourquoi est-elle en proie à des angoisses, de plus en plus enva­his­santes ? Qui est vrai­ment la femme qu’Alain veut épouser ?

Du temple de Phrom Thep aux fron­tières du Myanmar, il va remon­ter le fil du passé ; et décou­vrir, dans toute son hor­reur… la vérité.

Volume : le texte est passé de 640 à 515 signes et espaces. Certaines men­tions étaient trop contex­tuelles, n’avaient pas assez de por­tée, et ont donc été écar­tées, comme « Alain décide de la faire soi­gner en France » ou « Wannapa disparait ».

Arène et époque : l’époque n’a pas besoin d’être spé­cia­le­ment carac­té­ri­sée ici ; sauf pré­ci­sion, le récit est censé être contem­po­rain du lec­teur. Pour l’arène, en revanche, il a fallu un peu tri­cher : l’histoire se déroule prin­ci­pa­le­ment en Thaïlande et, pour quelques cha­pitres, en France. Mais ces « excur­sions » hors de Thaïlande n’ont pas vrai­ment d’importance au niveau du résumé : c’est juste ici une néces­sité tech­nique du récit. Par ailleurs, Phuket ne repré­sente pas l’arène à lui seul, puisque le récit visite d’autres endroits du pays ; en outre, pour quelques per­sonnes, le nom de cette plage n’évoquera rien. Il était donc incon­tour­nable d’écrire, quelque part, le terme « Thaïlande ». J’ajoute que le titre étant ce qu’il est, il néces­si­tait une expli­ca­tion ; la plu­part des gens ignorent qu’il s’agit du nom d’un temple. Il était urgent, dès le texte de qua­trième, d’élucider cette ques­tion-là. Citer le temple et « les fron­tières du Myanmar » per­met très direc­te­ment de déli­mi­ter l’arène.

Héros : le per­son­nage d’Alain était rapi­de­ment dési­gné par son métier (pho­to­graphe), tout comme Wannapa (coif­feuse). Même si leurs métiers jouent un cer­tain rôle dans le dérou­le­ment de l’histoire, en termes de résumé, ce sont des élé­ments faibles. En revanche, il est plus attrayant d’évoquer les qua­li­tés de notre héros, à la fois fra­gile et tenace. « Il espère que ce voyage mar­quera la fin de quatre années trau­ma­ti­santes » reste trop vague : trau­ma­ti­santes pour qui ? Qui en juge ? Parler d’un « signe qu’il atten­dait » est à la fois plus poé­tique, et « engage » beau­coup plus le per­son­nage dans sa propre his­toire. De même, « pas d’autre choix que remon­ter le temps » laisse place à « il va remon­ter le fil du passé », qui est une tour­nure plus active, plus ima­gée et plus constructive.

De la même façon, l’héroïne était plu­tôt, dans la pre­mière ver­sion, trai­tée en objet : « mais les troubles per­durent, et un méde­cin com­mence à s’interroger sur l’origine de curieuses cica­trices » (aucun pro­nom pos­ses­sif), « Wannapa dis­pa­rait »… Impression cor­ri­gée à la nou­velle mou­ture : « D’où viennent ses étranges cica­trices ? » Elle devient même, impli­ci­te­ment, actrice de son propre des­tin, en endos­sant presque la res­pon­sa­bi­lité du mys­tère : « Qui est vrai­ment la femme qu’Alain veut épouser ? »

Point de départ : « Quand Alain décide de prendre l’avion pour Phuket » contient des sous-ques­tions para­sites (a‑t-il hésité avant de se « déci­der » ? Pourquoi pour Phuket, et pas pour Bangkok ?…) La nou­velle phrase écarte les ques­tions para­sites, et intro­duit sur-le-champ l’héroïne : « Quand il s’est envolé pour la Thaïlande, Alain n’imaginait pas ren­con­trer Wannapa. »

Temps fort : la nou­velle rédac­tion a un peu déplacé le temps fort. Au départ, il s’agissait de la dis­pa­ri­tion de Wannapa. Dans la nou­velle ver­sion, il s’agit plu­tôt d’une ques­tion, mono­li­thique : qui est cette femme ?

Vous remar­que­rez que la cir­cons­tance « mariage » n’est pas trai­tée de la même façon. Au départ, le mariage n’est men­tionné que pour intro­duire la dis­pa­ri­tion. Or, avant de dire qu’Alain épouse Wannapa, il fau­drait expli­quer qu’ils tombent amou­reux, que le mariage d’un Français et d’une Thaïe implique des résis­tances sociales et cultu­relles qu’ils devront sur­mon­ter, que ce mariage est une sorte d’aboutissement, mais qu’il sera ravi aux deux héros… Bref, le pre­mier tiers ou la pre­mière moi­tié du livre. Vu que nous étions dans une logique de réduc­tion de texte, la solu­tion élé­gante était plu­tôt de se concen­trer sur une ques­tion plus simple, qui n’avait pas besoin de tant de contex­tua­li­sa­tion : qui est vrai­ment la fiancée ?

Suggestion de la fin : je ne vais pas spoi­ler ici la fin de l’histoire. Marc ne me le par­don­ne­rait pas ; certes, j’aime bien la boxe thaïe, mais pas dans mes propres tibias. Regardez la phrase finale d’origine : « à la recherche de la véri­table iden­tité de celle qu’il a épou­sée ». Comme nous l’avons vu, il s’agit plu­tôt ici du temps fort. Nous ne pou­vons pas finir le résumé sur cette idée, car ce n’est pas la déci­sion d’enquêter qui est finale, mais bien les décou­vertes de cette enquête. Voilà pour­quoi nous sommes arri­vés à cette phrase : « il va remon­ter le fil du passé ; et décou­vrir, dans toute son hor­reur… la vérité. » Elle reste assez géné­rique, mais donne bien l’idée d’un abou­tis­se­ment, sans pour autant rien révéler.

Ambiance : il s’agit d’un thril­ler. Le texte de départ était assez neutre, alors que le mys­tère reste une com­po­sante forte de l’histoire. La réécri­ture a donc ici cher­ché à dépla­cer le style vers un champ lexi­cal plus expres­sif. Une cer­taine « poé­sie du mys­tère » au aussi été recher­chée : « signe » « écra­sée par son passé » « inconnu » « étranges » « Pourquoi » « hor­reur » « vérité »… L’horreur brute de cer­taines scènes, à la lec­ture, n’en sera que plus forte.

Envoi : Il est vrai que nous aurions pu rajou­ter une phrase non nar­ra­tive, un petit « de vous à moi » entre le rédac­teur du résumé et le lec­teur ; quelque chose du genre « Si vous aussi, vous dévo­rez des thril­lers pen­dant que vous vous dorez sur la plage, ce livre est fait pour vous. »

Cependant, nous nous sommes payé le luxe de ne pas ajou­ter de phrase d’envoi. La der­nière phrase, les codes dis­sé­mi­nés tout au long du texte, sem­blaient suf­fi­sants pour indi­quer au lec­teur concerné que l’ouvrage s’adressait bien à lui. Je cite de temps en temps cette déli­cieuse expres­sion d’éditeur : « mieux, ce serait moins bien… »

Eau, gaz et résumés à tous les étages

Voici donc les prin­cipes géné­raux, et un cas par­ti­cu­lier décor­ti­qué sous vos yeux.

Bien entendu, la com­pé­tence de rédac­tion d’un texte de 4ème de cou­ver­ture se construit à force de pra­tique. Les pre­miers textes que j’ai rédi­gés, il y a plus de 15 ans, étaient moins per­cu­tants que ceux que je pro­pose aujourd’hui. Un des com­pli­ments qui m’ont le plus tou­ché, il y a 6 ou 7 ans, a été celui-là : « Le récit n’est pas bon, je le sais ; mais quand je lis ta qua­trième, j’ai quand même envie d’acheter le bouquin ! »

Je le sais bien, du conseil à la pra­tique, il y a par­fois tout un monde. Si cet article ne vous a pas suf­fi­sam­ment aidé, sachez que je pro­pose des pres­ta­tions de rédac­tion, voire de réécri­ture de texte de 4ème de couverture.


Et main­te­nant, mon soyeux inter­naute, les com­men­taires te sont ouverts : quelle est, pour toi, la « qua­trième » qui t’a le plus mar­qué de toute ta vie ?

18 commentaire

  1. Effectivement, l’a­vant / après sur le thril­ler est très par­lant, la seconde ver­sion est infi­ni­ment meilleure !
    Je n’ai pas grand-chose à redire sur ce très bon article, hor­mis un détail qui me cha­touille : tu affirmes qu’on doit « impé­ra­ti­ve­ment » apprendre le nom du héros, alors que je me fai­sais la réflexion il y a peu de temps, en lisant je ne sais plus quelle 4è de couv’, que cette infor­ma­tion était sou­vent inutile. Exemple : « Un flic à la retraite, Jean-Robert Machin, devra mener l’en­quête aux côtés d’une jeune jour­na­liste, Mary-Jane Trucmuche… » gagne­rait, à mon sens, à deve­nir quelque chose du genre : « un flic à la retraite et une jeune jour­na­liste devront mener l’enquête… »
    Bref, l’im­pé­ra­tif est-il si impé­ra­tif que ça, et si oui, pourquoi ?

    1. Hmm.
      Il est vrai que de la façon dont tu le pré­sentes, cela peut fonc­tion­ner aussi – sauf que les péri­phrases sys­té­ma­tiques pour dési­gner un per­son­nage peuvent rapi­de­ment res­sem­bler à de la minauderie.
      Je pour­rais dire aussi que le nom d’un per­son­nage peut avoir été tra­vaillé pour trans­mettre des infos sur lui : pour­quoi se pri­ver de le citer ?
      Je vou­lais, dans cette phrase, insis­ter sur la néces­sité de pré­sen­ter le héros : il est trop facile de s’en tirer en disant « tous mes per­son­nages sont des héros, je ne veux as en mettre un en lumière ». Selon moi, il faut ancrer, au contraire, le résumé autour d’un per­son­nage ; c’est néces­saire pour don­ner, dès ce moment-là, un réfé­rent au lecteur.

      1. Bonjour Nicolas. Oui je sais ! Je ne suis pas au bon endroit. Mais je ne retrouve pas la che­ck­list. Tu traques le « lyrisme convenu façon pom­pier ». Je crois que c’est ce que j ‘ai lu. Qu’ entends tu par là ? La per­son­ni­fi­ca­tion aussi, me semble t ‑il. Quand on peut « faire par­ler » une abs­trac­tion, c’est une prosopopée je ne pense pas te l’ap­prendre, qu’ il y t‑il d’é­trange à attri­buer des sen­ti­ments à un ani­mal et voire même à une chose. Merci pour ta réponse.

        1. Hello, tu parles de cet article je pense : https://ecriture-livres.fr/comment-ecrire/ameliorer-texte/relecture-checklist/

          Pour les per­son­ni­fi­ca­tions (iden­ti­tés abs­traites ou êtres vivants, d’ailleurs), je m’en explique dans ce com­men­taire : https://ecriture-livres.fr/comment-ecrire/ameliorer-texte/relecture-checklist/#comment-813
          Ma mise en garde concerne plus géné­ra­le­ment tout réflexe de méta­pho­ri­sa­tion. Je pense, pour le dire très gros­siè­re­ment, qu’il vaut mieux apprendre à écrire sans méta­phore, avant de com­men­cer à en uti­li­ser : https://ecriture-livres.fr/comment-ecrire/ameliorer-style/abus-metaphore/

          Quant au lyrisme pom­pier… Eh bien, je fais allu­sion à tout ce style « comices agri­coles », que l’on croyait dis­paru depuis Flaubert, et qui res­sur­git sans cesse sous la plume d’au­teurs en géné­ral débu­tants. Car bien sou­vent, lorsque l’on com­mence à écrire, on s’i­ma­gine que le métier d’é­cri­vain consiste à « faire beau », alors qu’il s’a­git bien plus pro­fon­dé­ment, de « faire vrai », et sur­tout de « faire sien ». Et arrivé à ce stade, le lyrisme for­cené ou les méta­phores à la truelle n’ont plus spé­cia­le­ment d’intérêt…

  2. Maloisel Chevalier a dit :

    Je dois publier d’ici quelques jours mon second roman : une dys­to­pie. J’étais per­sua­dée que ma qua­trième de cou­ver­ture était bonne. Le doute m’a été salu­taire puisque cer­taines per­sonnes sur un groupe face­book m’ont clai­re­ment signi­fié qu’elle était trop longue et peu attrayante. Quand je lis ton article, je me dis « bah ma vieille t’es pas prête de le sor­tir ton bou­quin si ton résumé ne tient pas la route ». Jusqu’à ce que je lise que toi aussi tu en as bavé au début. J’espère sin­cè­re­ment amé­lio­rer ce point qui me fait incroya­ble­ment défaut. Voici le résumé en ques­tion que je suis en train de corriger :

    » Enfin ! Arakin est mort ! MORT ! »
    Ce rire résonne encore dans l’es­prit de ceux qui ont sur­vécu à la conquête de pro­fes­seur Fully Craze. Sa vic­toire a sonné le glas du héros Arakin, son pire ennemi. Le règne du scien­ti­fique fou est total. La popu­la­tion mon­diale a été pliée à sa volonté méga­lo­mane et à la ter­reur que son aco­lyte Ombre a instaurée.
    Petite-fille du conseiller scien­ti­fique en chef de Fully, Déborah semble être la seule à déte­nir la clé de sa des­ti­tu­tion. Mais sa ren­contre avec Ombre met­tra en péril ses pro­jets et déter­rera un secret qu’elle aurait pré­féré oublier.
    Aura-t-elle la force néces­saire pour mener à bien ses plans mal­gré son atti­rance pour Ombre et les mys­tères qui l’entourent ? »

    Merci en tout cas pour cet article =)

    1. Et merci pour ce sym­pa­thique retour !

      A vue de nez et à pre­mière lec­ture, ton résumé me semble pécher par deux défauts :

    2. - trop de name drop­ping : qui est le héros ? (c’est un tome 2 ?)
    3. - pas de carac­té­ri­sa­tion : au lieu de nous annon­cer tout ce qui risque de se pas­ser, rem­place cer­taines infos par de la carac­té­ri­sa­tion ; qui est ce héros ? Pourquoi devrions–nous l’ai­mer, avoir envie de le suivre ? Savoir que son grand-père est conseiller scien­ti­fique, ou qu’elle est atti­rée par quel­qu’un que nous ne connais­sons pas plus, ne nous inté­resse pas spécialement…
      1. Maloisel Chevalier a dit :

        Ce sont exac­te­ment les choses qui m’ont été dites 😉 Depuis, j’ai retra­vaillé le résumé. La chose n’a pas été simple mais les avis sont una­nime. Même mon mari, pour­tant peu féru de lec­ture, a été intrigué =) 

        Je peux te faire la lire la nou­velle ver­sion si tu le souhaites 🙂

          1. M. C Wryte a dit :

            Bonjour,

            Je viens tout juste de voir ta réponse. ^^;; 

            Voici la qua­trième de cou­ver­ture qui appa­rait sur mon ouvrage :

            Il aura fallu une mort pour que le monde sombre. Une mort pour suc­com­ber à la tyran­nie d’un scien­ti­fique fou.

            Les riches vivent dans l’o­pu­lence tan­dis que les pauvres sur­vivent en bandes orga­ni­sées, n’ayant qu’en point com­mun la psy­chose que leur ins­pire le des­pote. Dans ce chaos, Déborah semble être la seule à déte­nir la clé de sa des­ti­tu­tion : une simple renais­sance pour redon­ner de l’es­poir aux oppo­sants du régime.

            Pourtant, les mys­tères qui l’en­tourent et la curio­sité de l’homme de main du tyran pour­raient bien mettre en péril ses projets.

            J’espère qu’elle saura te convaincre 🙂 

            @ bien­tôt !

  3. Bonjour, je m’ap­pelle Charlie Treillou, et je suis tout juste en train d’é­crire un livre plein de suspense !
    Je ne savais quoi mettre comme 4ème de couv’, et main­te­nant, je suis dégou­li­nante d’inspiration…
    Merci pour tous ces conseils à la fois drôles et à la fois intéressants !
    Je te remer­cie. Je vais enfin pou­voir vendre (et publier mon livre) en librairie.
    Bonne journée

    Charlie Treillou

  4. Thomas Bauduret a dit :

    En effet, rajou­ter quelques points d’in­ter­ro­ga­tion sou­li­gnant les enjeux du roman est essen­tiel, ce sont des ques­tions aux­quelles le lec­teur vou­dra répondre. Sinon, un texte trop court est aussi un défaut. Une mai­son d’é­di­tions dont le nom m’é­chappe fait des qua­trième d’une ou deux lignes, et après les avoir lus, on est pas plus avan­cés sur ce que raconte ce groumph de bou­quin… (péché que nous avons com­mis sur un mythologica !)

    1. Oui, deux lignes, c’est de l’a­no­rexie tex­tuelle. Peut-être qu’ils veulent déclen­cher une sorte de conni­vence avec le lec­teur ? Je me méfie de cette pos­ture ; en tant que lec­teur, quand j’at­taque une lec­ture, je ne suis le copain de personne 😉

  5. Bonjour et bravo pour ces magni­fiques articles qui nous aident beau­coup à être meilleurs. Je sors bien­tôt mon nou­veau roman, le troi­sième d’une tri­lo­gie. Et, une chose est cer­taine, l’é­cri­vain n’est pas le mieux placé pour rédi­ger le 4e de cou­ver­ture. Enfin, je m’y suis ris­qué et j’ai­me­rais bien le sou­mettre et avoir vos sentiments :

    IN LUX LIMINE – LE JOUR DE DIEU

    La pla­nète est en colère ! Et si nous étions le virus dont la Terre essayait de gué­rir ? Depuis plu­sieurs siècles, l’Homme dila­pide sans comp­ter les res­sources qu’elle pro­duit. Il pol­lue les mers et l’atmosphère, sac­cage les forêts et les océans, exploite et exter­mine les autres formes de vie jusqu’à les faire dis­pa­raître. Plus il se déve­loppe, plus il accé­lère les pro­ces­sus de des­truc­tion. Mais c’est ter­miné désor­mais ! La pla­nète a atteint ses limites et réagit. Les élé­ments se déchaînent : séismes, érup­tions, raz-de-marée, tous les remèdes sont bons pour éra­di­quer la peste que nous sommes deve­nus pour elle.
    Au milieu du chaos, seules cinq per­sonnes per­çoivent un mys­té­rieux et irré­sis­tible appel. Où les mènera-t-il ? Et quelle est cette dan­ge­reuse secte qui agit dans l’ombre ?

    Merci encore.

    1. Merci pour cette confiance !
      En ce qui me concerne, j’ai un reproche prin­ci­pal à faire à votre 4e : vous uti­li­sez beau­coup d’es­pace pour décrire un contexte glo­bal. Il fau­drait peut-être consa­crer plus d’es­pace à nous pré­sen­ter les per­son­nages et à nous les faire aimer… Vous aurez toute la place ensuite, dans le récit, de déve­lop­per vos points de vue sur les pro­blèmes environnementaux.

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