Ce que vous allez apprendre dans cet article :
- Le courrier de refus, côté éditeur
- 10 phrases-types décryptées
- « Encaisser » le refus
Les courriers de refus d’éditer ne sont jamais bienvenus. Pourtant, un manuscrit refusé peut vous faire progresser ; apprenez à lire la lettre de refus…
Si vous démarchez régulièrement les maisons d’édition, vous recevez, tout aussi régulièrement, des lettres de refus.
Par ce document, l’éditeur vous fait savoir qu’il ne retiendra pas votre manuscrit pour publication.
Vous avez le droit de déchirer le courrier en tout petits confettis, que vous brûlerez ensuite en poussant des cris sauvages, avant d’aller jeter les cendres dans un grand lac d’acide.
Et puis vous pouvez aussi relire ledit courrier. Au mieux, vous y trouverez des raisons d’espérer. Au pire, des enseignements pour la soumission suivante.
L’esprit de la lettre
Vous avez sans doute lu des témoignages amers, sur le Net, à propos des lettres de refus. La “lettre-type”, contre laquelle personne n’a de mots assez durs. Alors laissez-moi vous raconter en quelques lignes ma propre expérience.
Quand j’ai débarqué dans la maison où je travaillais, on m’a évidemment mis au service “manuscrits”. Boulot passionnant, il faut le dire sans aucune ironie. Comme je voulais faire de mon mieux, je rédigeais des refus très argumentés, avec compliments, critiques, conseils etc.
Régulièrement, ma patronne me passait le téléphone en ricanant : « Nicolas, quelqu’un pour vous. » C’était un auteur qui venait de recevoir son refus ; qui voulait en savoir plus ; apprendre le pourquoi du comment ; m’expliquer que peut-être, une nouvelle lecture… ; que les défauts pointés n’étaient sans doute pas si graves…
J’ai vite compris. J’ai arrêté les refus détaillés.
Parfois, mon démon me reprenait. J’avais envie d’aider, de donner un coup de pouce. Alors, vous savez ce que je faisais ? Je relisais le courrier d’accompagnement du manuscrit. S’il paraissait interminable ou prétentieux, je me disais « Attention, c’est un chieur ! »
Et j’envoyais une lettre de cinq lignes. Tant pis pour mes élans de bonne volonté.
Tout ce qui n’est pas « oui » n’est pas « non »
- Refus sans argument : ce type de courrier reste très rare, et heureusement : vous ne pouvez absolument rien en tirer ;
- « Votre ouvrage ne correspond pas à notre ligne éditoriale » : aussi incroyable que cela puisse paraître, il s’agit d’un refus argumenté. Cessez de voir là une excuse facile, balancée dans un courrier-type. Si votre manuscrit n’entre pas dans la ligne, eh bien vous vous êtes trompé : soit vous avez mal ciblé l’éditeur, soit votre texte est mauvais, et il ne correspondra à aucune “ligne” d’aucun éditeur ;
- « Notre planning est trop chargé pour éditer votre livre » : prévoyez de refaire la même démarche dans un an ou deux. Parfois même, l’éditeur, de lui-même, conservera votre manuscrit, pour remettre la décision sur la table une fois qu’il aura retrouvé un rythme de croisière. Notez quand même de le relancer. Ces gens-là ont une mémoire de… lion ?
- « Pour vos démarches futures, nous vous conseillons de… » : ça, c’est si vous n’avez pas lu de près les articles de ce blog (par exemple sur la manière de présenter son manuscrit, ou sur le courrier d’accompagnement) ; vous avez démarché l’éditeur n’importe comment ! Par exemple, vous avez joint à l’envoi une photo de votre petite sœur en lingerie. Tenez compte des conseils exprimés dans le courrier de refus : l’éditeur pourrait aussi garder le silence, et vous laisser répéter la même gaffe auprès de tous ses concurrents ;
- « Nous vous suggérons de vous adresser plutôt à… » : Voilà des informations fort précieuses ! Ce professionnel, qui connaît a priori mieux son petit monde que vous, vous aiguille dans votre recherche ; complétez d’urgence votre listing de soumission ;
- « Nous ne saurons pas défendre efficacement votre ouvrage en librairie » : soit c’est un éditeur très petit et très franc, soit votre projet présente vraiment un problème. Si vous collectionnez les refus de ce genre, la solution du compte d’auteur devient assez légitime ;
- « Nous pensons que votre texte nécessiterait plus de travail, notamment… » : ne vous vexez pas ! Vous pouvez suivre ou non la recommandation, mais remerciez le saint patron du Livre d’avoir rencontré cette maison consciencieuse, qui vous estime au point de vouloir vous aider ;
- « Si vous retravaillez votre texte dans le sens indiqué, nous pouvons éventuellement revenir sur notre décision » : ça peut valoir le coup. Parlez-en avec vos bêta-lecteurs (= vos lecteurs sérieux, pas votre entourage). Soupesez, et prenez votre décision. Si vous décidez de suivre la demande de la maison d’édition, allez‑y à fond, sans regrets. Pas question de faire semblant : ce courrier n’engage en aucun cas la maison à vous publier ;
- « Nous ne pouvons éditer votre projet, mais nous serions heureux de lire d’autres textes de vous » ou « Nous réfléchissons à une collection dans laquelle vous pourriez peut-être figurer » : la mauvaise nouvelle, c’est qu’il s’agit toujours d’un refus. Reprenez votre manuscrit et portez-le ailleurs. La bonne nouvelle, c’est que vous voilà remarqué, et apprécié, par une maison d’édition. Vous avez du (bon) pain sur la planche, et peut-être un chance de publier un livre chez elle un jour ;
- « Nous vous conseillons de vous adresser de notre part à… » : le Graal des courriers de refus ! Le « de notre part » fait toute la différence. Si un éditeur vous recommande à un confrère, c’est qu’il vous veut vraiment du bien ! Démarchez ce nouveau contact en priorité, dès que vous récupérerez un exemplaire de votre texte.
Manuscrit refusé : que faire ?
Que faire du courrier de refus ? Percez‑y deux trous et rangez-le dans un classeur. Ne tenez pas la jambe à l’éditeur. Ne lui renvoyez pas un courrier incendiaire. Ne payez pas un marabout pour l’envoûter. Il ne veut pas publier votre livre ? Prenez acte, et passez à la suite.
Dans tous les cas, un courrier de refus ne signifie pas la fin des haricots. Vous le savez sans doute, il ne faut pas placer tous vos espoirs dans une seule maison. La campagne de soumission fonctionne par envois, retours, nouveaux envois etc.
Voyez ça comme le loto : plus l’on joue, plus on augmente ses chances, un jour, d’éditer un livre…
… À condition de ne pas faire n’importe quoi !
Et toi, brave internaute ? As-tu déjà été refusé ? Comment cela s’est passé ?
J’aime cet inventaire des réponses de maisons d’édition.
Il est vrai que les témoignages qui trainent sur le Net sont toujours du point de vue de l’auteur (refusé le plus souvent). Du coup c’est intéressant de voir l’envers du décor. Merci d’avoir partagé ton expérience.
De mon côté, je n’ai pas encore été confronté à tout ceci. J’attaquerai la soumission sévère à la fin de mon projet actuel. cela me fera deux manuscrits que je considère dignes d’être présentés, le reste… j’ai toujours été très réaliste quant à leur qualité (ou « manque de… ») Donc, les premiers refus de maisons d’édition, pour moi, ce sera dans quelques mois 😉
Tu as fait un planning des refus, c’est le comble du professionnalisme !
Plus généralement, pour ta démarche, une qualité à avoir est justement l’organisation. C’est comme aux échecs, il ne faut pas jouer un coup pour rien. Si tu imprimes 5 exemplaires de ton texte, tu l’envoies à 5 éditeurs qui ont un fort intérêt potentiel. Dès qu’un courrier revient, tu réagis : je classe, je réponds ? Dès qu’un manuscrit revient, tu renvoies…
Si tu veux un ou deux mots sur ta soumission, tu pourras toujours m’envoyer une page ou deux de ton texte et ton synopsis…
Ah, les lettres de refus ! Ca me rappelle des souvenirs assez lointains, car il y a un bail que je n’ai plus soumis de manuscrits, à la fois lassé desdits refus et en panne sèche (on peut dans mon cas parler de graphophobie).
Au fond, elles constituent un passage nécessaire afin de détruire l’amour-propre et les certitudes qu’affichent la plupart d’entre nous à leurs débuts. C’est une école d’humilité.
Une école brutale, genre collège anglais…
Entre mes TOCs et Excel, je me sens paré 😉
Mais oui, bonne idée, je te ferais parvenir mon dossier de soumission avant pour avoir un avis, merci.
Ce sera avec plaisir…
Les refus que j’ai eu ont toujours été du type 2. J’aurais bien aimé avoir des types 5 pour me réorienter : pas facile de savoir ce que cherchent les éditeurs !
Petite question : on m’a dit un jour qu’il ne fallait envoyer un manuscrit qu’à un seul éditeur pour pouvoir dire « texte inédit », attendre sa réponse puis envoyer à un autre en cas de refus. Est-ce réellement la ligne à suivre ou peut-on envoyer un même texte à plusieurs éditeurs en même temps ?
C’est une question très intéressante.
« Inédit » signifie « non édité ». Tu peux donc mentionner qu’il est inédit tout en l’envoyant à 500 éditeurs à la fois, du moment que ton texte n’a jamais été publié d’une façon ou d’une autre.
Et heureusement ! Tu imagines s’il fallait attendre à chaque fois une unique réponse pour poursuivre sa prospection ?
Attention cependant : si tu signes un contrat chez un éditeur, cela rend automatiquement invalide tout ce que tu pourrais signer ensuite pour le même texte avec d’autres éditeurs. Dès que tu diras oui, tu scelleras le sort de ton texte. Il est parfois dur de se décider, surtout si on a été accepté par celui qui nous plaît le moins, et qu’on attend désespérément les réponses de ceux qui nous intéressent plus…
J’ai récemment découvert ton site, et enfin je me décide à le mettre dans mes favoris. Autant dire que tu liras sans doute de temps en temps un commentaire de ma part…
Pour commencer, je me permets de revenir sur le point suivant : « Votre ouvrage ne correspond pas à notre ligne éditoriale » n’est pas, à mon sens, autre chose qu’une phrase toute faite pour dire « Nous ne publierons pas votre manuscrit et nous n’avons pas à nous justifier, merci d’en prendre note. » Évidemment, si l’on envoie le premier tome d’une saga d’heroic-fantasy avec des elfes et des dragons à un éditeur qui ne publie que des biographies historiques, l’argument est valable. Sauf que l’immuable et indémodable « Votre ouvrage ne correspond pas à notre ligne éditoriale » s’applique également dans les cas où l’on envoie le premier tome d’une saga d’heroic-fantasy avec des elfes et des dragons à un éditeur qui ne publie que des sagas d’heroic-fantasy avec des elfes et des dragons. Avoue que lorsque l’on reçoit ce genre de réponse alors que l’on sait avoir parfaitement tenu compte de la ligne éditoriale de l’éditeur, il y a de quoi se taper la tête contre les murs. A moins que l’expression « ligne éditoriale » s’entende au sens de « bouquins que l’on a envie de publier »… Mais pour moi, une ligne éditoriale est un type de livres clairement défini, permettant à l’auteur et à l’éditeur de s’assurer qu’ils sont sur la même longueur d’ondes. Tiens, voilà peut-être une idée d’article à venir : qu’est-ce qu’une ligne éditoriale ?
Pour ce qui est des refus très détaillés, je crois que nous serons d’accord : à première vue, auteurs comme éditeurs penseront que c’est une bonne chose pour tout le monde, avant de se rendre compte de la triste réalité. Je pense à ton exemple de l’éditeur harcelé par des imbéciles, mais également à l’auteur qui, lorsqu’il a un peu de recul sur ses propres textes, se rend compte que les explications qui lui sont données sont carrément à côté de la plaque… Dans le même genre, les « Ne vous découragez pas » et autres « Continuez à écrire et vous progresserez », lorsqu’ils me sont destinés, ont tendance à me faire grincer des dents tant je trouve cela infantilisant. Il y a vraiment des gens qui pensent qu’après quinze ans à ne faire quasiment que cela de ma vie, je vais soudain arrêter d’écrire ou me croire mauvais parce que j’ai reçu un refus ?
L’affreux Oliv ! Bienvenu mon cher, c’est avec plaisir que je lirai tes interventions !
Ta contribution rééquilibre un peu certaines choses. Je vais te répondre de mon vécu. Pour ma part, je n’ai jamais invoqué la ligne éditoriale comme raison de refus, si la raison était autre. Hélas, comme tu le dis, cette « ligne » mythique se définit le plus souvent comme les « bouquins que l’on a envie de publier ». Dans la petite et moyenne édition en tout cas, la ligne n’est jamais formulée nulle part ; les petits éditeurs ont une peur maladive de faire fuir un bon texte, qu’ils auraient fait rentrer dans leur catalogue avec un ou deux coups de marteau. Les éditeurs n’ont pas ce problème : tout le monde leur envoie tout.
Voilà pourquoi je répète dans tous mes articles qu’il faut potasser le catalogue d’un éditeur, lire quelques-uns de ses titres, avant de lui envoyer son texte : le catalogue en dit souvent très long sur cette « ligne » bien planquée.
Je note en bonne place ta suggestion d’article, elle me paraît très judicieuse.
Pour les refus détaillés, ta position est celle de l’auteur durci par les refus ; à bon ou à mauvais escient, l’éditeur formule des raisons qui, a priori, sont celles de son lectorat. Si les raisons te paraissent mauvaises, c’est que le mariage n’aurait pas pu se faire de toute façon.
« Continuez à écrire » : je n’ai jamais pu me résoudre à écrire cette balourdise sur un courrier de refus. C’est du même ordre que lorsque une superbe fille t’envoie bouler comme une merde, et qu’elle conclut, innocente, princière, par un « mais on reste bons amis, hein ? »
J’ai un peu réfléchi à cette histoire de ligne éditoriale, et ma conclusion est la suivante : en réalité, quel que soit l’éditeur, il n’y en a pas une, mais deux. Nous avons d’un côté la ligne éditoriale officielle, transparente, gravée dans le marbre, celle qui apparait de manière claire sur les sites des éditeurs, dans la catégorie « Auteurs, envoyez-nous votre manuscrit » ; de l’autre, une ligne éditoriale non-officielle, mouvante, qui peut varier en fonction des envies et des besoins de l’éditeur à un instant défini. C’est bien entendu à cette dernière que fait référence l’éditeur qui, en toute bonne foi, refuse un manuscrit de souvenirs de guerre alors qu’il publie exclusivement des souvenirs de guerre. Le problème est que l’auteur ne peut qu’ignorer cette ligne « fantôme » car jamais réellement exprimée, à moins de coucher avec l’éditeur afin de connaître ses envies du moment — qui a dit que c’était d’ailleurs la seule manière d’être publié ?
J’ai un exemple précis pour illustrer mon propos. Je fréquentais jadis une petite maison d’édition dont la ligne éditoriale, à défaut de se démarquer des autres, avait au moins le mérite de la clarté : roman francophone de fantasy ou de fantastique, sans limitation de sous-genre. Un roman de fantasy parodique entrait parfaitement dans la ligne éditoriale… Mais en fait, non. La patronne faisant partie de ces personnes à qui Dame Nature n’a pas octroyé la moindre parcelle de sens de l’humour, impossible pour elle de valider la publication d’un roman de fantasy ou de fantastique gangréné par le second degré. Coup de théâtre : un auteur renommé envoie finalement un roman de fantasy parodique. Et là, miracle : la patronne souhaite le publier, pour des raisons allant bien entendu au-delà du coup de cœur littéraire. Au bout du compte, il y avait bel et bien deux lignes éditoriales, l’une officielle — roman de fantasy ou fantastique — et l’autre connue uniquement par les gens du sérail — roman de fantasy ou fantastique, non-humoristique, excepté si vous êtes un auteur connu. Cette dernière formulation pouvait difficilement apparaître sur le site…
Je ne sais pas si cette expérience vaut pour tous les éditeurs, mais cela pourrait aider à comprendre la différence de perception de la ligne éditoriale selon que l’on est d’un côté ou de l’autre de la barrière.
On peut le voir comme ça, en effet : il existe éventuellement une ligne éditoriale (éventuellement, j’insiste : pour ma part j’ai longtemps galéré à la cerner là où je travaillais). Et puis il y a les exceptions, les entorses. Elles peuvent être motivées par :
l’apport d’une plume célèbre au catalogue (ce qui me semble toujours un mauvais calcul ; je pourrai en parler plus longuement plus tard) ;
un coup médiatique à faire (on parle de suicides dans une administration, et voilà qu’on reçoit la lettre-testament d’un fonctionnaire qui vient de se tirer une balle) ;
la rareté des propositions de qualité qui rentrent dans la ligne (eh oui, ça arrive aussi) ;
le vrai, le beau coup de coeur (par exemple le livre qui fait bidonner tout le comité de lecture).
Concernant ton exemple, je crois reconnaître une partie de l’histoire… J’en ai vécu de semblables, hélas. Approcher le monde de l’édition est générateur de déceptions sans cesse renouvelées.
en fait a part le point 8 c’est pas la peine de renvoyer ce texte retravaillé au même éditeur donc ?
Cela peut aussi valoir le coup, dans une moindre mesure, en cas de réponse type 3 ou 4.
Cet auteur a réussi à être publié (à compte d’éditeur, s’entend) après 180 refus !
(lien mort)
Oui, je connais ce site. Pour ma part, il ne me convainc qu’à moitié. je pense que cet auteur a perdu là un temps et une énergie monstrueux. Dommage !
Très bon article…tellement vrai
Merci. Avez-vous une expérience à partager à ce sujet ?
Bonjour,
C’est fait ! J’ai officiellement mon premier refus. Oh joie, oh bonheur !
“Nous l’avons lu avec attention, et il nous a semblé qu’il ne correspondait pas à nos choix éditoriaux. En conséquence, nous ne pouvons pas envisager la publication…”
Il parle même de regrets dans la deuxième partie…C’est joliment dit tout de même.
Et oui, je ne corresponds pas à la « ligne éditoriale » et curieusement quand je me renseigne sur leur « fameuse » ligne éditoriale (ou leurs choix éditoriaux) : stupeur et tremblement, ils n’en ont pas. Officiellement bien évidemment.
Je me doutais bien que le chemin serait semé d’embûche et périlleux surtout que j’en suis à peine au début…comme je suis un peu teigne sur les bords, voir morpion je m’accroche et je verrai bien avec les autres maisons d’édition qui ont reçu mon manuscrit et je n’ai rien a perdre qu’une belle et douce illusion 😉
Tu veux dire que quand tu leur demandes quelle est la ligne, à eux, ils te répondent qu’ils n’en ont pas ? Pas très glop, effectivement.
Ce que je veux dire, c’est que j’ai fait des recherches sur internet juste après pour rechercher des articles qui parlaient de leurs lignes éditoriales, et disons que la réponse quand le ou la journaliste leur pose la question est récurrente : « Nous n’avons pas de ligne éditoriale ».
Donc voilà.
… ce qui est bien commode pour eux en effet 🙁
Premier refus !
La raison ? L’éditeur publie peu et choisit donc les œuvres pour lesquels il éprouve, « un profond enthousiasme ». Il qualifie ces écrits de, « très rares textes ».
Bon…comment interpréter cela ? A mes yeux c’est un non qui pourrait être ma manière polie de dire : Pas de coup de foudre ou pas d’amour au rendez-vous.
La bonne nouvelle ? La réponse est tombée avant le fameux délai des 3 mois.
Merci pour vos conseil !
Oui, effectivement, c’est un non définitif et courtois… Et bravo pour cet éditeur qui effectivement ne laisse pas les projets « pourrir » dans un coin.
En fait, pour avoir vécu la double expérience d’un livre refusé et d’un contrat signé, tout dépend vraiment aussi… du genre du livre en question.
Le livre refusé était un roman, sans doute une aiguille dans une botte de foin, comme le mentionnent la plupart des contributeurs sur ce site. Et c’est vrai que, dans ce cas, la ligne éditoriale est difficile à appréhender, à comprendre, pour le malheureux auteur en recherche d’explications objectives. Et les lettres de refus si courtoises soient-elles sont totalement opaques.
Le contrat signé concernait un livre technique ; la maison d’édition cherchait depuis longtemps un livre sur ce thème sans avoir trouvé l’auteur.
Et pour avoir longuement discuté, avant et après signature du contrat, avec la directrice de collection, la ligne éditoriale de cette maison était très claire, la manière d’appréhender le thème aussi, le lectorat bien segmenté et bien connu. Sauf que plusieurs échanges étaient réellement nécessaires et que cette ligne éditoriale ne pouvait être communiquée telle quelle, sur un site par exemple, pour des raisons bien compréhensibles de concurrence avec une maison d’édition de la même famille.
D’ailleurs, sans ces rencontres et explications a posteriori, la ligne éditoriale de cette maison d’édition technique, affichée par ailleurs, n’était pas si limpide pour un néophyte. Je ne pensais d’ailleurs pas que l’ouvrage pouvait entrer dans leur collection…
Je suppose donc que ce qui est vrai pour le technique doit être similaire pour « l’imaginaire » ; avec encore plus de difficultés à expliquer à un auteur extérieur au système ce que sont les règles maison sur des sujets strictement littéraires.
Et subjectivité et gouts entrent plus en compte dans ce cas que le sujet traité correspondant à un besoin exprimé par des lecteurs, ce qui renforce la difficulté à rendre lisible un filtre reposant sur des critères bien souvent non objectifs mais réels.
« cette ligne éditoriale ne pouvait être communiquée telle quelle, sur un site par exemple, pour des raisons bien compréhensibles de concurrence avec une maison d’édition de la même famille »
Oui, c’est un point qu’il faut prendre en compte, en effet.
De même, vous avez raison, chaque ouvrage, puisqu’il est unique, peut être un casse-tête pour l’éditeur : « c’est pour nous, ça, ou pas ? »
Je suis d’accord, la ligne éditoriale relève en partie de l’informulable, mais elle doit néanmoins être transmissible, et lisible dans ses grandes lignes. Après tout, le « coup de cœur » est un critère tout à fait recevable. Mais l’éditeur ne l’assume pas forcément…
Bonjour,
Je viens de temps en temps sur votre blog pour (re)lire vos articles, les commentaires, glâner de précieuses informations sur le monde de l’édition… Et pour une fois, j’ai une question à vous poser.
J’ai commencé ma campagne de soumission il y a +- un mois (premier roman, science-fiction, dystopie, plusieurs tomes en attente ; je ne fais pas les choses à moitié) et, déjà, ma collection de lettres de refus s’étoffe de jour en jour. Je n’avais reçu jusqu’à présent que des lettres types (dont un éditeur, Seuil, m’a gentiment renvoyé à ses frais mon manuscrit ; c’est toujours ça de gagné). Or ce matin, j’ai reçu une lettre de refus argumentée. De Hachette Jeunesse pour être précise. Les arguments sont courts (univers et personnages intéressants mais style inégal et scénario parfois confus). Peut-être trop courts. Je ne comprends pas ce qu’ils entendent par « scénario confus » (j’ai justement accordé beaucoup d’attention à l’histoire, traquant sans relâche la moindre incohérence ou action illogique ; personne n’est infaillible).
Pensez-vous que ce soit une bonne idée de les contacter pour en savoir plus ? Ou bien mieux vaut-il ne pas s’acharner au risque de passer pour la ch… du jour ?
D’avance un grand merci pour votre réponse !
Je dirais que vous avez le droit à un appel pour comprendre, effectivement. Mais n’espérez pas trop arriver jusqu’à la personne qui vous a lue… Il s’agit d’une grosse maison, là…
Bon courage !
Bonjour,
votre blog est une pépite ! Merci beaucoup.
« Écrivain » en herbe/jachère, enfin d’un statut qui reste à définir, sans prétention mais avec beaucoup d’enthousiasme, je me souviens, il y a une bonne décade, je n’avais pas 30 ans, d’avoir envoyé un manuscrit à… de mémoire, 3 éditeurs.
Me doutant que personne ne m’attendait, j’ai vu modeste et je n’ai pas envoyé à Galligrasseuil. J’ai eu un retour manuscrit motivé sur trois. Je vois que j’avais raison de me réjouir de ce retour, fut-il négatif, quand je lis ce qui s’envoie ou ne se reçoit pas. Je dois dire que j’ai pleinement adhéré à la motivation de refus, qui était à peut près « œuvre de jeunesse, trop imprégnée de vécu ».
Aujourd’hui, j’ai décidé de commencer un nouveau manuscrit et je veux faire cela du mieux possible, notamment j’attache une grande importance à bien formater mon texte, mes dialogues, la concordance des temps. Je crois que je soumettrai ce livre à un éditeur.
Je ne crois pas avoir été très vigilant la première fois à tous ces détails, pourtant quelqu’un semble avoir pris la peine de me lire de bout en bout et a fait l’effort de me le faire savoir en retour.
La morale de cette histoire est, selon moi, la satisfaction du devoir accompli. J’ai créé de toutes pièces une histoire avec un début, des personnages et une fin. C’était assez… grisant ? Je fais aussi de la peinture mais je ne cherche même pas à vendre mes toiles alors pourquoi devrais-je vendre mes manuscrits ? Il faut être fier de son travail, la publication est un bonus, prendre ombrage du refus peut confiner à la vanité.
Finalement, qu’est-ce qui nous pousse à vouloir être lu ? Un besoin de reconnaissance, d’argent, un vide à combler ? Aujourd’hui, dans mon cas, c’est parce que j’aimerai trouver en rayon ce que je tente de produire et que je ne le trouve pas (peut être ai-je juste mal cherché ?). C’est pour cette raison que je pense, que si j’aboutis, ça peut se tenter.
On en reparle… un jour, (peu-être) ?
Merci pour votre témoignage.
Aujourd’hui, avez-vous avancé dans vos projets ?
Déjà que j’arrive pas à publier un commentaire sur ce site, alors un livre, pfuuu…
Vous voyez bien que vous y arrivez pour le commentaire ! Alors le livre… 🙂
Bonjour ! Puis-je vous faire part de ma très grande perplexité ? J’envoyai il y a un mois un manuscrit à P.S. (écrivain reconnu) via les éditions Gallimard, mais sous forme de fragments, car mon oeuvre est encore en gestation, je voulais seulement un avis et en aucun cas je ne voulais publier cela dans cet état. Eh bien Gallimard me répond que P.S. m’a lu avec beaucoup d’intérêt (comprendre ?) mais qu’il ne peut pas publier mon texte dans sa revue : autrement dit, j’ai reçu une lettre de refus sans rien avoir demandé et je suis un peu découragé depuis ce matin, car je me demande si la raison du refus est l’état fragmentaire de mon texte ou ses faiblesses déjà visibles… Pouvez-vous m’éclairez
D’après ce que vous racontez, il y a eu une erreur d’aiguillage…
En fait, ces grosses maisons ne sont pas habituées à recevoir des extraits « pour avis ». Ils n’ont sans doute pas su quoi en faire, et de banette en banette, votre texte est arrivé sur ce bureau.
Bonjour,
Je viens souvent sur votre blog dont je salue la clarté et la précision.
Et même si j’ai lu scrupuleusement tous vos articles, je n’ai envoyé mon manuscrit qu’à un seul éditeur – pour des raisons complètement indépendantes de ma volonté, notons-le ! – Je viens de recevoir leur réponse.
Si je m’attendais à un refus, je n’imaginais pas recevoir une lettre non seulement hargneuse, mais aussi malveillante. Cette personne disserte sur trois pages sur l’ineptie de tous mes choix (roman polyphonique et assyndétique), mais aussi sur mon choix de période (c’est un roman historique sur une période que je connais particulièrement bien pour avoir fait une thèse dessus) et le thème (la maltraitance des enfants).
Bien entendu, je ne pense pas avoir écrit quoi que ce soit de révolutionnaire ni de remarquable, mais avoir exaspéré quelqu’un à ce point me sidère. D’autant plus qu’aucun des « professionnels » (deux libraires et une attaché de presse pour une maison d’édition) n’a réagi comme ça. Ils ne l’ont pas pris autant à cœur et l’avaient trouvé apte à être envoyé et peut-être même édité…
Puis-je prendre cette réaction disproportionnée par rapport à son objet comme un bon signe malgré tout ? Que ce que j’ai écrit est capable de toucher à ce point les gens ? Et dois-je le renvoyer à d’autres éditeurs ?
Merci d’avance de votre réponse !
Sans connaître les détails, je dirais effectivement qu’il ne faut pas vous arrêter à ce seul avis. Peut-être avez-vous touché quelque chose de très sensible à ce moment précis chez celui qui vous a lu.
Une réponse hargneuse n’est pas une réponse pro. Cet éditeur ne me paraît pas très sérieux.
Beaucoup de grands éditeurs vous répondront la même chose, c’est une lettre standard car ils en reçoivent beaucoup, c’est un monde très difficile, attention cependant aux éditeurs à compte participatif, ce sont des arnaqueurs, vous ne devez rien verser, prenez un contrat à compte d’éditeur. Il faut savoir aussi qu’un pour cent des livres sont édités en France, assurez-vous que les droits d’auteurs reviendront à votre descendance cela doit être stipulé sur le contrat, si elles n’y sont pas, exigez de votre éditeur qu’elles y soient ajoutées, ces données ne doivent pas vous décourager, il faut avoir le nerfs solides, et savoir promouvoir son livre, bonne chance à tous ceux qui se lancent dans cette aventure et mes amitiés.
S.DUHAZE
… à deux nuances près : les éditeurs à compte d’auteur ne sont pas forcément des escrocs. Ce sont ceux qui se prétendent à compte d’éditeur, qui sont contestables. Voir mon article
https://ecriture-livres.fr/ou-publier/contrat-a-compte-d-auteur-bien-ou-mal/
Et puis je ne vois pas trop ce que vous entendez par « assurez-vous que les droits d’auteurs reviendront à votre descendance cela doit être stipulé sur le contrat ». Les droits sur votre œuvre restent à vos descendants jusque 70 ans après votre mort, comme il est inscrit au Code de la Propriété Intellectuelle. Aucun contrat ne peut prétendre le contraire.
Bonjour,
Le genre de refus que j’ai se résument par :« Le comité de lecture loue la qualité d’écriture de votre ouvrage, et surtout son originalité ». Ou bien encore, « Les premières pages de votre ouvrage promettent un départ tonitruant ». Mais dans tous les cas, « Cela ne correspond pas à notre ligne éditoriale ».
J’attends sagement encore en démarchant la trentième maison d’édition, ou j’investi enfin dans de l’envoi papier ?
Cdlt.
Cela n’a rien à voir avec l’envoi papier ; dans l’article, j’explique qu’il faut envoyer le manuscrit sous la forme réclamée par l’éditeur.
Un avis qui dit « Les premières pages de votre ouvrage promettent un départ tonitruant » n’est pas une réponse-type. Il y a là une critique à prendre en compte, je trouve.
Je voudrais élargir la discussion au fait que nos manuscrits sont souvent igorés. J’ai eu la chance ou la malchance c’est selon, de parler à un éditeur. Il m’a dit avec un petit sourire condescendant qu’il ne lisait pas ce qu’il recevait. Je lui ai donc soumis voire imposer l« idée qu’une petite phrase sur son site internet disant que les soumissions (j’adore ce treme qui en dit long…) étaient fermées. Sa réponse : « ah oui, je le ferai c’est vrai que bon c’est pas sympa pour les auteurs… Youpi.
En première lecture, aucun éditeur ne lit vraiment un manuscrit à fond, ce qui ne veut pas dire qu’il ne le lit « pas ».
Ensuite, indiquer que les soumissions sont fermées c’est pour moi la posture la moins professionnelle qui soit. Mieux vaut cadrer au maximum le fonctionnement des soumissions ; mais les fermer, c’est se couper du marché des bons manuscrits. Ce n’est pas de la bonne gestion. C’est comme, imaginons, un industriel du roulement à billes, qui déciderait : « Cette année, j’ai trop de boulot, je ne ferai aucun salon professionnel, je ne lirai pas la presse métier. Je m’y remettrai dans un an. »
Merci pour ce témoigne de « lecteur » de manuscrit. Moi pour remonter le moral à certain, je partagerai l’expérience de Yasmina Khadra, raconté par lui-même. En fait il a brûlé 10 manuscrits avant d’être publié en France. Certes, il s’était fait publier en Algérie avec son vrai nom (Mohamed Mouleshoul) mais son rêve c’était d’être édité en France chez un grand éditeur. Il dit donc qu’il n’envoyait qu’un seul manuscrit à la fois dont il attendait le retour pour le renvoyer à un autre, (en général, je crois qu’il visait surtout Gallimard, le Seuil, Albin Michel), et après chaque trois refus il brûlait le manuscrit et en envoyait un autre, jusqu’à 1997 où son dixième, « Morutori », un roman policier, intéressa un éditeur qui a quand même hésité à le publier pour des raisons politiques, il atterrit donc chez Julliard, et depuis Yasmina Khadra est devenu l’auteur traduit en plus 40 langues qu’on connaît aujourd’hui. C’est une expérience qui doit nous pousser à persévérer
Merci pour ce récit. Il est extrême mais plein d’enseignements.
Bonjour,
Je découvre votre site très instructif. Merci pour tous ces renseignements.
J’ai écrit un recueil de nouvelles que j’ai envoyé, voici environ 9 mois, à une trentaine de petites maisons d’édition publiant des nouvelles. Je n’ai reçu à ce jour que 2 réponses me disant que cet ouvrage ne correspondait pas à leur ligne éditoriale, sans autre commentaire et aucune réponse des autres.
A votre avis, dois-je désespérer, jeter mon manuscrit… ou me jeter par la fenêtre… (non je plaisante !).
Bien cordialement.
Gisèle Kaczmarek
2 réponses négatives et 28 silences, c’est tout de même pénible. Je vois que vous avez fait votre envoi en décembre, qui n’est pas la meilleure période. Cela vaudrait peut-être le coup de relancer toute cette liste…
Bonjou, et merci pour vos éclairages. Comment interpréter ce commentaire :
« Votre idée n’est pas sans originalité. Toutefois, en dépit des qualités indéniables de votre projet, notre comité éditorial ne l’a pas retenu car il ne rentre pas dans notre ligne éditoriale.
Nous vous souhaitons de trouver un éditeur plus à même de mener votre projet à son terme et de lui donner la place qu’il mérite. « ?
Merci
Je pense que nous sommes typiquement dans le refus de type « mauvaise ligne éditoriale ».
Bonjour, je viens d’écrire un livre sur les manuscrits refusés, intitulé « Cher Monsieur l’éditeur », publié par les éditions du Cherche Midi (2023). Il vous intéressera sans doute.
Bien solidairement et amicalement,
Laurent Tournesac
https://www.facebook.com/laurentournesac