Ce que vous allez apprendre dans cet article :
- Les 3 stades du styliste : chameau, lion, enfant
- Quelle importance donner aux questions de style dans votre écriture ?
- Votre style idéal ?
Trouver son style d’écriture est un besoin capital pour tous les écrivains. Voici les trois grands stades d’évolution de votre style.
Développer votre style d’écriture vous fera passer par 3 stades : le “bien écrit”, le “mieux écrit” puis, tout simplement, l’“écrit”.
Dans son Zarathoustra, Nietzsche repère 3 stades de la sagesse : le chameau, le lion et l’enfant. Le sage commence ainsi par être un chameau, se chargeant de connaissances et de principes. Ensuite, le sage entre dans l’attitude du lion, agressif, actif. Ainsi armé, il s’attaque au dragon du « tu dois ». Enfin, le sage choisit de redevenir enfant, et de commencer une vraie vie de sagesse, dépouillé de toute connaissance ou idée préconçue.
Jouons un instant les « petit scarabée » : car le style, j’en suis convaincu, est avant tout affaire de sagesse.
Le chameau ou le “bien écrit”
Souvent, lorsque l’on commence en écriture, on se préoccupe énormément de la forme. Conséquence, peut-être, des cours de français où l’on nous apprend à reconnaître, dans un livre, les figures de style les yeux bandés ? Oxymores, anacoluthes, zeugmes et hyperchleuasmes semblent alors les clés universelles du texte littéraire. Bien sûr, cela n’est pas faux. Mais il s’agit juste de la partie la plus évidente de la vérité.
Vous êtes un auteur en herbe ? Fraîchement équipé de cette panoplie scintillante, vous vous mettez à écrire. Vous farcissez vos histoires de tournures mal maîtrisées, de ficelles poétiques, de bouts de philosophie, de vagues lueurs, d’inversions, d’incantations… Vous chargez votre texte comme un dromadaire. Si on n’y regarde pas de trop près, on dira que vous “écrivez bien”. Si on vous lit pour de bon, on s’ennuie.
Car le style d’écriture, c’est tout cela, oui, et rien de cela.
Le lion ou le “mieux écrit”
Un jour, si vous êtes dans le cas décrit ci-dessus, vous en aurez assez. Vous connaîtrez une révélation en vous relisant : vous vous ennuierez vous-même à votre lecture. Vous serez mûr alors pour entrer dans le combat du “mieux écrit”.
Vous vous débarrasserez d’un seul coup de l’attirail qui vous pèse. Vous commencerez une quête, une recherche de votre voix propre : adjectifs, idiolectismes, perles… Vous voudrez, à tout prix, ne ressembler à personne.
Votre Graal sera le “mot juste”. Vous avouerez fièrement que vous passez des heures sur chaque phrase, des journées sur chaque mot. Car le “mot juste” existe en vous, et vous seul savez le faire surgir de vos espaces intérieurs.
Ce sera une époque de satisfactions subtiles, et de grandes faims intellectuelles. Vous serez heureux. Enfin, vous le serez… spirituellement.
L’enfant : “écrit”, tout simplement »
Et puis, vous vous relirez. Un jour “sans”, un jour où on se prend soi-même par surprise. Et vous aurez une amère déconvenue : ce fatras bariolé, ce livre en costume de clown, est-ce bien vous qui l’avez écrit ? Hélas, oui.
Car le “mot juste” vieillit mal. Ce qui vous a “parlé” un moment, vous fera sourire l’instant d’après. L’exploration passionnée de votre cœur d’écrivain n’aura trouvé que des mots éphémères.
Alors, vous dépouillerez le chercheur, l’explorateur, le briseur d’habitudes, bref, le lion.
Vous comprendrez que le style d’écriture, celui qui fait fonctionner le texte, celui qui traduit au mieux votre pensée, est invisible. Le vrai styliste apprend tout, essaye tout, puis il revient à son point de départ.
Vous essaierez d’écrire “comme tout le monde”, et vous vous rendrez compte de cette merveille : en écrivant comme tout le monde, on n’écrit comme personne. En cherchant la voix de l’évidence, on trouve d’instinct les formules comme les “mots justes”.
Vous comprendrez que le meilleur style, c’est celui qui se fait oublier. L’accomplissement surviendra lorsque votre lecteur relèvera le nez de votre texte après le mot “fin”, et qu’il se dira « Bon sang, mais en plus, c’est bien écrit ! J’avais même pas remarqué ! » Car le style, à ce moment-là, sera devenu ce qu’il doit être : la partie d’un tout, un simple moyen au service de l’histoire. Un serviteur.
La nuance rhétorique : style d’écriture atticiste et asianiste
Une autre approche intéressante de ces questions de forme nous vient de l’Antiquité. Au Ier siècle avant J.-C., les orateurs grecs se rangent entre les tenants du style clair, sobre, et ceux d’un style plus orné, sentimental : les atticistes et les asianistes. Voici une définition moderne de l’atticisme (à propos du compositeur Gabriel Fauré) :
… l’atticisme, qui se définit si bien par ses contraires : l’emphase, l’outrance, la vulgarité, la lourdeur, l’affectation, l’effort – l’atticisme qui n’appuie pas, qui n’insiste pas, qui ne crie jamais, qui n’emploie jamais plus de mots ou de notes qu’il n’en faut, qui a le sens inné du choix et de la mesure, qui est la forme suprême du goût, dans un parfait naturel.
Vous et votre “staïle” : mise en pratique
La démonstration ne serait rien sans un peu de pratique. À quoi devez-vous faire attention, si vous voulez progresser plus vite sur la voie du style ? Quels principes pouvez-vous vous donner ?
- Persuadez-vous que le style d’écriture “littéraire” est une convention qui ne correspond à rien de réel. Ne faites rien qui affaiblirait involontairement l’“illusion romanesque”.
- Le style ne doit pas être votre préoccupation principale. La forme est subordonnée au fond. Autrement, on tombe dans l’épouvantable :
Elle, défunte nue en le miroir, encor Que, dans l’oubli fermé par le cadre, se fixe De scintillations sitôt le septuor.
Au contraire, n’hésitez pas à plier la forme à ce que vous voulez dire. Tant pis si la perfection formelle y laisse des plumes.
- Méfiez-vous des dangers les plus simples : les clichés, les lourdeurs, et l’écriture “à la manière de”. Si votre trouvaille sent le déjà-vu, supprimez-la. Un léger doute suffira pour la condamner. Si votre élégance entraîne une lourdeur, supprimez-la. Et surtout, ne cherchez pas à écrire comme Untel. Vous avez une voix à faire entendre : la vôtre ; laissez votre écrivain favori se soucier de la sienne.
- Un texte de fiction n’est pas fait pour impressionner. Ne cherchez JAMAIS à être brillant. Dès que vous serez brillant, vous détournerez l’attention du lecteur de ce que vous voulez raconter. en voulant l’impressionner, vous vous ferez votre propre ennemi.
- Le “mot juste” n’existe pas. Il vous paraîtra peut-être juste ici et maintenant, mais pas le lendemain, et jamais pour autrui. Or, c’est à autrui que vous vous adressez. Un mot ne sera jamais juste s’il semble incongru, déplacé. La justesse, en littérature, est affaire de contexte, de fluidité.
Et un dernier pour la route…
Apprêtez-vous à revenir sur vos pas, pour recommencer la route sur un chemin meilleur.
Oubliez toute question de style, tant que vous n’aurez pas trouvé le vôtre. Le style d’écriture se forge dans la pratique. Votre écriture propre, assurée, naîtra de vos épreuves d’auteur.
Un jour, quand vous aurez cessé de vous soucier de la forme, vous relirez votre dernier texte. Vous vous rendrez compte que vous tenez le ton juste. Et vous verrez que tout cela est bon.
Et toi, mon bel internaute sauvage ? Chameau, lion ou enfant ?
C’est très intéressant ! Et cela me fait penser à ceci :
Les jeunes auteurs font souvent une erreur importante : ils intellectualisent tout. J’ai découvert au fur et à mesure de mes romans, et en passant par différents stades, qu’il arrive un moment ou vous n’intellectualisez plus, mais vous devenez observateur de l’histoire qui se déroule devant vos yeux.
Désormais, je découvre les conversations, les personnages, les lieux, tout arrive avec simplicité pour une simple et bonne raison : j’ai arrêté d’intellectualiser et j’ai essayé pendant longtemps de n’écrire que par l’inspiration.
Inspiration difficile à trouver lorsque vous êtes fatigué, malade, rempli de mauvaise nouvelle, mais le constat le plus amusant est de voir que, lorsque je commence à écrire, j’ai réussi à formater mon esprit pour ne pas m’occuper de ce qu’il se passe à côté et m’inspirer de l’histoire en cours.
Ce texte m’a fait penser à ce constat et je voulais le partager !
Un grand merci à Nico !
Sébastien VERGNAUD
Bien vu, le phénomène est en effet de l’ordre de l’intellectualisation. Le terme d’« inspiration » ne me plaît pas beaucoup (je reviendrai là-dessus un jour), mais dans le principe je suis sur la même longueur d’ondes que toi : concernant le style, l’auteur doit apprendre à ne plus réfléchir.
Tu prêches un converti Nicolas 😉
Je me tue à dire (dans le contexte du roman de fiction, on s’entend) que le boulot de l’auteur c’est d’écrire une histoire.
La forme, pour moi, doit être comme tu l’as joliment écrit, la partie d’un tout. Elle ne doit pas être trop médiocre de manière à ne pas briser la fluidité du lecteur et le laisser s’envoler. Elle ne doit pas non plus être trop « bonne » car elle accapare alors l’esprit du lecteur au lieu de le laisser s’évader.
Combien de romans aux longues phrases développées comme les rubans sans fin de pellicules argentiques aux images colorées et émouvantes, chauds et chargés de tournures toutes plus justes les unes que les autres, de structures herculéennes soutenant des propos pourtant tout en finesse… s’avèrent au final dénués d’histoire ?
Après tout, une âme ne transcende-t-elle pas le corps dans lequel elle réside ?
Pour répondre à ta question : je ne suis pas encore redevenu un enfant, mais désormais je m’amuse en écrivant… c’est plutôt bon signe non ?
Décidément, on va fonder un club !!
Peut-être 😉
Il est vrai que l’on croise des jeunes auteurs obnubilés par le style. J’avoue ne pas en avoir été, probablement parce que mon background été à cent lieues du littéraire, et même si je l’avais voulu, je n’aurais pas pu jouer à ce jeu… j’ai toujours voulu raconter des histoires avant tout. La forme ? J’ai ramé pour la dompter ensuite dans la fameuse « phase lion » que tu mentionnes, en ingurgitant tout ce qui me passait à portée de main.
Sors de ce corps Mr Jourdain !
Sans rire, j’adhère tout à fait à cette philosophie. Je me suis aperçu que mes textes sortaient de plus en plus d’un état de réceptivité de la situation que je veux décrire et des personnages qui m’animent. Le mot juste, la phrase juste pour moi désormais c’est plutôt lorsque je peux me dire « c’est ce qu’il aurait dit, fait, pensé »
J’ai abandonné sans remord les affres des phrases ciselées aux petits oignons avec un peu de thym et la ciboulette.
Le constat que vous faites toi et Sébastien signale déjà des auteurs qui ont un peu de bouteille. Les tout jeunes écrivains, en général, quand ils commencent à écrire, se cherchent d’urgence une posture. Ils se construisent un style tout à fait artificiel pour “coller” à cette posture.
Le travail sur le style, c’est aussi un travail sur soi, sur ses propres raisons d’écrire.
« Ne plus réfléchir » Voilà une phrase clé et qui me va !
Le style n’est peut être pas une fin en soi, la denrée est trop rare…
N’oubliez pas pour autant cette ombre indéfinissable qui, livre fermé, toutes lumières éteintes colle encore aux pieds des lecteurs…
Attention, je ne dis pas qu’il faut négliger le style, hein, je dis qu’il se constitue beaucoup malgré soi.
L’image de l’ombre est belle. Le style comme une ombre projetée par le texte. C’est un effet naturel, involontaire, et inévitable ; le terme convient bien en effet.
Ton article m’a fait repenser à ce personnage de la Peste de Camus, Grand, qui écrit, reprend et transforme une phrase, « sa phrase » encore et encore tout au long du roman, sans jamais réussir à l’écrire, à trouver le ton juste, les bons mots… Le paroxysme de l’intellectualisation !
Oui, il s’agit dans son propos d’une jolie cavalière dans les allées du bois de Boulogne, je crois… Sacré bonhomme, à la fois terrible et attendrissant.
Misère ! Je comprends enfin pourquoi ma « coach » d’écriture m’a reproché ma technique d’écrivaine en herbe… C’est-à-dire, écrire deux phrases, les relire, les retravailler, écrire deux autres phrases, relire les quatre phrases, les retravailler, et ainsi de suite ; je suis une lionne féroce et je l’ignorais !
Merci à toi pour cet article enrichissant. Je tâcherai désormais de trouver l’enfant qui dort en moi !
D’ailleurs, je pense savoir par où commencer… Je ne sais pas si on peut y voir un lien, mais dès que j’écris à « l’ancienne » avec un bout de papier et un crayon, j’arrive à me laisser aller. Serait-ce un signe de l’enfant qui sommeille en moi ?
(Juste pour dire, j’ai pris au moins 20 minutes pour écrire ces quelques phrases… Lionne enragée, sors de moi ! 🙂 )
Ce que tu racontes voudrait dire que lorsque les repentirs sont malcommodes (système papier-crayon), on oublie un peu les finasseries de style… ?
Bon à savoir ; merci Mellumière.
Quand on parle de « jeunes auteurs » pour la phase du chameau, ça me gêne un peu. Personnellement, j’ai l’impression que c’est aussi beaucoup lié à la pratique de la lecture et à ce qu’on a appris des autres. Disons que j’ai fait le chameau quand j’ai essayé d’écrire de la poésie au collège. Depuis j’ai lu pas mal, mais quasiment pas écrit ; je m’y mets seulement aujourd’hui et j’ai l’impression d’écrire dans l’optique « comme un enfant » en essayant de me débarrasser des défauts de lion qui sont là, dans mon écriture. Pourtant, je suis une « auteure » on ne peut plus débutante.
Mais bon, peut-être que même sans avoir rien produit, j’avais une posture d’auteur chaque fois que j’ai fait attention à ce que je lisais et à pourquoi ça fonctionnait (ou pas !) ?
En tout cas, je trouve l’article très intéressant ! Merci beaucoup ! 🙂
Je ne me suis pas aventuré à indiquer des durées pour chaque stade. Bien sûr, vous avez pu abandonner les deux premiers avant de pratiquer sérieusement. Tout comme on peut, à certains moments de sa pratique, être encore chameau mais déjà lion, surtout enfant mais toujours un peu lion, etc.
Il doit même s’en trouver qui commencent par être lion, et ensuite seulement chameau ! 😉
je dois être un drôle de cas parce que je ne me retrouve pas du tout dans tout ça XD
J’écris avant tout à l’instinct, en me mettant à la place des personnages, en faisant attention à l’histoire et à la présence des 6 sens (les 5 sens + le ressenti, l’émotion).
Quand j’écris la suite je me relis, en reprenant les passages que je trouve maladroit. Là c’est un peu compliqué, je n’aime pas reprendre, je préfère presque tjs mon premier jet. En ce moment je fais attention aux répétitions et je cherche des synonymes.
Et c’est à peu près tout XD
Il faut savoir aussi que je me suis « formée » totalement en autodidacte, les rares ateliers d’écriture que j’ai pu tester ne me convenant pas (et j’ai beau sortir d’un bac L je suis une quiche en ortho/grammaire etc). J’ai l’impression quand même d’avoir un manque de technique, alors bon je glane de conseils sur le net. Mais finalement il n’y a pas l’air d’avoir tant que ça de « méthodes » proprement dite, donc je crois que tout ça se joue avant tout à l’instinct XD
Eh bien ma chère Lael, d’après ce que tu racontes, il semble que tu te situes là : « Oubliez toute question de style, tant que vous n’aurez pas trouvé le vôtre. Le style se forge dans la pratique. »
Tant mieux, n’est-ce pas ? C’est là où je voulais en venir !
J’aime bien cet article ! Même si je n’arrive pas à me situer parmi le chameau, le lion et l’enfant. J’ai l’impression d’être un peu des trois à la fois !
Sinon, je suis en parfait accord avec le fait qu’un bon style, c’est celui que le lecteur oublie pour ne plus se concentrer que sur l’histoire. D’où mon obsession pour tous les mots, toutes les tournures, toutes les mauvaises transitions d’idées qui me font buter à la relecture sur une phrase ou un passage.
Quand je lis un passage au lieu de le relire, au moins, je sais que c’est parce que, à ce moment là, il n’y avait aucun défaut majeur.
Enfin… pour moi ! (un lecteur satisfait, ce n’est déjà pas si mal)
Oui, sans doute que l’on reste toujours un peu lion et un peu chameau… L’essentiel est de le savoir et de faire un peu attention.
Le test de l’auto-relecture peut être valable… A condition de laisser décanter son texte. Si tu te relis dans la foulée, tu trouveras tout très fluide et très explicite 😉
Merci pour votre site…
il m’a permis de me rassurer.
J’écris depuis que je suis toute petite, et j’ai 36 ans aujourd’hui. c’est vrai qu’au début, je cherchais les bons mots, les tournures compliquées, les adjectifs explicites… je restais des heures sur un mot (LOL) les épaules crispées car je ne trouvais pas les mots pour coucher sur le papier ces images qui me hantaient.
J’essaye à présent de faire au plus simple… tout en cherchant parfois à étoffer mon vocabulaire ??? alors je crois que je reste un chameau avec un corps de lion et un coeur d’enfant… Drôle de chimère, n’est-ce pas ?
C’est vrai, plusieurs de vos commentaires laissent un peu entendre la même chose : on ne quitte jamais vraiment totalement le stade précédent. Sur certains points, on reste chameau, ou lion…
Disons que c’est surtout le but qui est important. Je pense qu’il faut viser le stade « enfant » et se défaire des réflexes « lion » et « chameau », quand on les discerne.
Waouh j’ai l’impression de m’être assommée, de m’être fait réveillée et de recommencer. Ça fait un moment que je traîne sur ce blog, très enrichissant ! Franchement, bravo et merci pour tout !
Je partais à l’exploration d’un nouvel article : celui-ci. Je savais ce qu’était le style mais je n’ai jamais spécialement eu expressément « l’envie » de me créer un style tout à moi. Je me doute que tout ce que j’écris viens forcément de quelque part, je ne suis pas un génie et n’inventerais jamais quoique ce soit, je retranscrirais simplement ce que je vois, ressens : tout viens de quelque part ou presque tout car plusieurs choses ou au moins une ont forcément démarrés de « rien »… enfin bref je m’éloigne du sujet. Avide de pouvoir améliorer mon écriture, j’ai commencé à lire cet article. Quand je suis arrivée à l’étape chameau, je me suis rendue compte que je ne savais pas ce qu’était tout les trucs bizarres : zeugme, oxymore… etc. Alors, vite je me renseigne. En une petite soirée j’ai appris toutes ou du moins celles répertoriées étude-littéraire-ou-un-truc-comme-ça.com, très contente de moi je retourne sur l’article ayant des projets en tête de textes stylés (enfin plutôt « figuredestylé » 😀 ). L’épisode lion m’assomme : aurais-je appris toutes les figures de style pour rien ? Je finis ensuite l’article. J’avais et j’ai encore l’impression d’avoir évité d’écrire un texte totalement chameau ou totalement lion. Est-ce possible de pouvoir éviter ses étapes du « bien écrit » et du « mieux écrit » quand à peine sortie de l’enfance on apprend qu’il faut y retourner ? Est-ce plus facile d’y retourner quand on vient d’en sortir ? Oui, j’ai 14 ans, enfin presque (ce mois-ci) et j’ai jamais eu l’impression d’être le chameau ou le lion décrit ci-dessus. J’ai toujours écrit instinctivement. A part la fois où j’ai fait mon premier poème, je voulais à tout prix faire un sonnet d’alexandrins alors il était un peu tiré par les cheveux. Alors ça voudrait dire que rien qu’avec ce poème j’aurais passé les deux étapes chameau et lion ? Ou est-ce que c’est trop tôt pour le savoir, que je les passerais plus tard ces étapes ? Peut-être suis-je prétentieuse… Tout ça me parait confus au final.
Croyez-vous que votre article puisse permettre à un écrivain en herbe à ignorer les deux étapes que vous avez retranscrites ? Sont-elles essentielles ?
Vous dites qu’un enfant doit tout oublié pour retrouver son innocence mais… peut-être pas quand même son expérience, sinon ce serait un cercle vicieux totalement inutile.
Mais alors cette expérience est-elle essentielle afin de devenir un écrivain « accompli » ou du moins « qui a son style » ?
Merci et désolée de vous déranger avec mes pâtés de questions… 🙂
Hum, sans vouloir faire d’ironie, toutes ces questions montrent que vous n’êtes pas encore dans le stade « enfant », de façon générale… Il est bon de se poser des questions, mais quand elles sont trop nombreuses ou trop détaillées, méfiance…
Pour répondre de façon un peu détachée, je dirais que les 3 stades que j’identifie ne sont pas imperméables. On peut vivre un peu des trois expériences ds que l’on écrit ses premières pages. Simplement, plus le temps passe, et plus on va du chameau au lion et du lion à l’enfant.
Et l’expérience ne disparaît pas avec le stade « enfant ». Au contraire, pour Nietzsche qui nous sert de guide ici, le naturel, le « gai savoir », est la forme ultime que prend l’expérience et la connaissance accumulés.
Je suis moi aussi dans les trois stades. On m’a pourtant dit que j’avais un style propre, malgré un certain combat pour ne pas en avoir. J’essaye souvent d’imiter d’autres personnes et je pense malgré tout ce que vous dites que c’est enrichissant. Certes, c’est avant tout un jeu, mais le fait d’étudier les écrits des autres me permet d’y piocher quelques mots qui finissent par s’intégrer à mon « identité » d’auteur. Changer de vocabulaire et de présentation en changeant d’histoire, c’est aussi une manière de découvrir là où l’on est le plus à l’aise.
Les figures de style, ça reste bien si c’est naturel, choisi une manière pas forcément consciente afin d’installer l’ambiance. Je prône aussi la sobriété et suis ravie de ne pas être seule.
Quant à ma méthode pour retrouver mon style… je marche pendant quelques heures, je bosse encore un peu et je retourne devant mon clavier !
« On m’a pourtant dit que j’avais un style propre, malgré un certain combat pour ne pas en avoir. »
Et un jour, cette question du style, de ses techniques ne vous préoccupera plus. Vous serez alors pleinement dans le stade « enfant »…
Bonjour,
En vous lisant je ne peux que vous demander : « Que pensez vous des stylistes comme Céline ? »
Il était obnubilé par le style, et revendiquait fièrement que seuls les auteurs qui « mettaient leur peau sur la table », qui avaient du style, valaient la peine.
Dans ses livres c’est moins le fond que la forme qui nous fait ressentir la misère et le désespoir du narrateur au cours de ses « voyages ». Pourtant son oeuvre est celle d’un écrivain génial (dans son sens primaire, inspiré par le génie), qui n’aurait pas entrevu un seul instant le stade de l’enfant ?
Car il est évident que chaque phrase est fournie de « mots justes », que son style est omniprésent, impossible à oublier, dur. Pourtant Céline reste considéré comme un des plus grands auteurs de son siècle, grâce à cela.
Est-il alors possible de n’être jamais un enfant tout en étant un bon écrivain ? Ma réflexion est-elle le fruit d’une incompréhension ?
Merci.
Voilà une question très passionnante et très complexe. Elle mériterait un article savant de la part d’un « céliniste », ce que je ne suis pas, même si je suis lecteur du bonhomme.
Il y a plusieurs éléments dans votre question :
Sur l’écrivain inspiré par le génie, je me réserve d’en reparler un jour. Je trouve que c’est une façon un peu commode de penser l’écriture, et la création en général. Néanmoins, si le concept de « génie » devait être rapprochée d’un des 3 stades que j’évoque, ce serait sans doute plutôt du stade de l’enfant.
Céline et les 3 stades : je ne connais pas assez son histoire d’écrivain pour dire s’il a connu les stades en question. Un chercheur aurait peut-être des choses passionnantes à dire là-dessus.
Ce que vous percevez comme lecteur (mots justes) ne correspond pas forcément à ce que l’auteur perçoit de son écriture, et c’est bien ce point de vue-là dont je parle dans l’article. Le rapport de Céline au style est plus complexe que vous le présentez, je pense. Vous connaissez peut-être son allégorie du bâton : « Si vous prenez un bâton et si vous voulez le faire paraître droit dans l’eau, vous allez le courber d’abord, parce que la réfraction fait que si je mets ma canne dans l’eau, elle a l’air d’être cassée. Il faut la casser avant de la plonger dans l’eau. C’est un vrai travail. C’est le travail du styliste. » Il y a donc un effort à fournir durant le travail, et un but, qui est l’apparence de naturel. Le but est donc bien celui du stade enfant : trouver le style qui se fera oublier. C’est ainsi, selon moi, que les « mots justes » viennent à Céline. Maintenant, l’énorme effort dont parle Céline pose problème dans mon raisonnement, je suis d’accord. Cela le ramènerait plutôt vers le stade lion. Peut-être pourrait-on dire que Céline avait choisi de s’arrêter entre les deux ? Une sorte de « lionfant » ?
Et pour finir à propos de l’effet de la prose célinienne sur le lecteur : oui, celle-ci est dure, impossible à oublier… Mais peut-être est-ce parce que nous sommes tellement habitués à un style littéraire « sage », « fabriqué », que nous ne savons plus reconnaître le naturel, quand nous le voyons, dans un roman ?
Merci pour cet article enrichissant.
Je me retrouve (trop) souvent dans ce cas de figure où un jour j’ai l’impression d’avoir écrit LA phrase unique et forte de sens avec l’idée révolutionnaire. Puis le lendemain, à la relecture, tout me paraît si fade que j’en hésite à la conserver.
Comment y remédier ?
J’espère donner quelques pistes dans cet article. La clé, à mon avis, est de ne pas se préoccuper de LA phrase. Objectivement, ce n’est pas ce qui fait la réussite ou l’échec d’un récit…
Je suis étonné que Nietzsche évoque trois différente forme à atteindre par des métaphores d’animaux. Je me sens beaucoup moins original maintenant. Merci.
C’est un petit exercice d’écriture que je vous livre.
Quand j’étais gamin, j’écrivais en sachant que mes proches et ma famille le lirait, et me sentais drôlement embêté. Comment vais-je faire pour la scène érotique ?
Je plaisante, mais je crois qu’une bonne manière de travailler son style est de s’entraîner à n’écrire pour personne. Un peu à la façon d’un journal intime, mais dans lequel vous racontez une histoire sans forcément parler de vous.
Pour ce type d’écriture je vous conseille d’oser le plus possible. Dépasser vos propres limites en termes d’écritures, abordez des sujets plus extrême et d’une façon que vous ne maîtrisez pas. N’essayez pas d’êtres « vous même », au contraire, prenez des chemins que vous n’oseriez prendre d’habitude. N’hésitez pas, personne ne le saura 🙂
Oui, c’est bien vu, même si on ne peut s’empêcher, je pense, d’avoir un certain lecteur en tête quand on écrit. Celui-ci peut changer d’une scène à l’autre. Tout l’art est de ne pas penser à sa gentille mémé quand on s’attaque à la scène de porno SM…
Bonjour, Votre page se révèle être carrément très festive.
Merci ! Il reste toujours un peu de cotillons quelque part !
Tout d’abord, merci pour cet article, qui me donne matière à réfléchir.
J’étais en train de chercher des conseils pour mieux écrire, parce que comme vous le disiez dans votre article, j’étais en pleine période « sans », je trouvais mes phrases vides, mes récits ennuyeux, qui ne reflétaient pas ce que je voulais vraiment exprimer. Et lorsque j’ai lu votre article, j’ai enfin compris que je regardais pas du tout dans la bonne direction. A vouloir trop bien faire, j’étais tombée dans un piège. Ma première réaction fut de me sentir découragée. Avais-je donc tenté d’apprendre pour au final me rendre compte que tout ce chemin parcouru m’avait ramenée au point de départ ?
En lisant la partie « enfant », je me suis rendue compte qu’il y avait longtemps que je n’avais écrit comme ça. Juste raconter une histoire, sans réfléchir, sans m’encombrer de tournures artificielles. Tout ça m’a rappelé un vague souvenir qui date de ma sixième. J’avais écrit un poème en prose qu’il me fallait rendre pour le lendemain. Je ne me souviens même pas de mes réflexions à propos du style et de l’écriture. Je me suis juste rappelée que je n’avais pensé qu’à traduire ce que je voyais dans ma tête, à raconter ce que je voyais.
Et là, surprise. Mon professeur était scié, mon père l’a trouvé magnifique. Je ne comprenais même pas cet engouement. Aujourd’hui, je crois avoir compris. Était-ce ça, être enfant ? Est-ce le but à atteindre ? Étais-ce le seul moment où j’ai été enfant qui m’a permis d’écrire un texte d’un niveau que je n’ai jamais plus réussi à atteindre, étant retombée au niveau chameau et lion en pensant que mon écriture s’améliorerait ?
Je pense que vous avez saisi l’idée.
Mais ne soyez pas désespérée : on peut retrouver cet état. Comment ? Je cherche encore les éléments de réponse.
Les autres, dans le fond : une idée ?
Article très intéressant, qui renouvelle un peu la manière d’envisager le style, ou plutôt le travail sur le style. J’y émet les mêmes réserves qu’un précédent internaute (Gautier) auquel vous avez répondu. Ce sont surtout ces mots qui m’ont dérangé : « En cherchant la voix de l’évidence, on trouve d’instinct les formules comme les “mots justes” » car il me semble, précisément, que l’instinct des mots justes relève de quelque rares talents ; les autres littérateurs devront en passer par des heures fastidieuses, et compter sur l’expérience pour compenser ce défaut en espérant, peut-être un jour, atteindre ce fameux « troisième stade ». Je ne crois pas que l’on puisse se dispenser du labeur stylistique, quand on prétend à la littérature.
Un gros bémol, cependant : j’ai tiqué sur le « Autrement, on tombe dans.. » à propos de vers tirés de l’un des plus beaux poèmes de Mallarmé. Ca me semble être une méprise, ou une erreur : évidemment, on ne concevrait pas un tel style à l’échelle d’un roman ; évidemment, Mallarmé n’a jamais prétendu raconter une histoire ; évidemment encore, le style était l’une de ses préoccupations fondamentales. Néanmoins, elle n’a jamais été l’unique, et Mallarmé n’en a pas fait un but ; il a d’abord produit du sens, et ce sens conjugué à ce style a produit de la poésie, ou pour employer un autre terme, de l’impression. Ses poèmes (en vers, mais surtout en prose) sont, certes, un défi à l’intelligence, et sont particulièrement âpres à comprendre, mais une fois le sens trouvé (il y en a toujours un !), l’impression produite est d’une rare puissance et splendeur. Si son œuvre a survécu au 20e siècle, c’est précisément parce qu’il n’était pas qu’un styliste. Il me semble donc que le réduire à cela relève de l’incompréhension totale. Cela étant, je ne jette pas la moindre pierre à qui d’entre nous dit ne pas l’aimer, ou ne pas vouloir s’efforcer à le comprendre. Toutes les sensibilités se respectent.
Je pense que la recherche du mot juste est une impasse. Que l’écriture ne peut vivre si elle se résume à un vaste ballet autour de « quelques rares talents ».
Et tant pis pour moi 🙂 l vers de Mallarmé n’était pas une erreur. Précisément parce que l’intelligence, selon moi, ne fait pas de la bonne poésie. L’intelligence ne parle qu’à l’intelligence, qui a déjà tellement à écouter. Il y a une sorte de narcissisme intellectuel chez Mallarmé qui me semble tout à fait inexemplaire et contre-productif.
Après des milliers de lignes écrites, ennuyeuses à saleur relecture, j’essaye depuis deux mois la validation par mon ventre. Quand c’est bien, je laisse, si ça tire, je corrige. Mais je ne me suis pas encore remue dans la durée. Bref, c’est la purée de poix, comme au premier jour. Arrêter ?
Peut-être un peu de mal à détacher la main qui écrit du cerveau qui juge ?
[…] beaucoup l’image évoquée par Nicolas Kempf dans le blog Ecriture (tiret) Livres : Le chameau, le lion et l’enfant, et je me sens vraiment en train d’arriver dans ce stade de l’« enfant » : celui […]
Je suis toujours ravi quand j’apprends qu’un de mes articles a dépanné un auteur ! Merci !
Je suis en grande partie d’accord avec ce que vous dites sur le style. Cependant n’est-ce pas une affaire de parti pris ? Le cas de Flaubert pose problème : que dire de ce grand romancier qui pouvait passer des jours entiers sur une phrase, un mot, qui faisait subir à sa prose l’épreuve du « gueuloir » (on en passerait aujourd’hui pour un demeuré) ? Et pourtant on ne peut lui reprocher un narcissisme intellectuel comme vous le faites un peu légèrement pour Mallarmé qui voulait retrouver la vitalité des mots (« je dis une fleur…) derrière les « étants » désincarnés à la manière d’Heidegger. Au contraire la prose de Flaubert a cette apparence de naturel et à aucun moment on ne voit l’écrivain à sa table en train de chercher la phrase qui va impressionner le lecteur comme on le voit constamment dans les « m’as-tu lu » de la trempe de Moix, Nabe ou Beigbeder…
Nous pourrions aller sur le terrain du goût, en effet, mais ce serait plus agréable dans un bistrot, avec une bière et la nuit devant nous !
Plaisanterie mise à part, je n’arrive pas à me sentir impressionné par Mallarmé. L’intention ne fait pas l’oeuvre, et sa réception est tout de même contradictoire. Vous me dites qu’il recherchait la vitalité des mots, d’autres me disent qu’il faut un bon effort d’intelligence pour recevoir sa poésie ; je suis prêt à tous les efforts pour comprendre une théorie littéraire (ou un texte en français du XIIIe) ; pour recevoir la littérature en action, c’est plus difficile pour moi, lecteur. L’écriture complexe est, me semble-t-il, plus facile à produire, immanquablement. Faire reposer le travail d’intellection sur le lecteur est une facilité d’auteur, que l’on trouve plus souvent chez les auteurs débutants, ceux qui n’ont pas encore bien intégré l’importance du destinataire dans l’équation. C’est quelque chose qui m’a toujours déplu chez Mallarmé, et qui me le rend éternellement suspect. S’il ne s’était pas fait chahuter par ses élèves, peut-être aurait-il abordé l’écriture sans ce pénible complexe de supériorité…
Concernant Flaubert, difficile de livrer ce que je pense de sa démarche en quelques lignes. Pour moi, ce qui importe le plus chez Flaubert n’était pas une sorte d’acharnement sur le style, mais de l’acharnement tout court. C’est quelqu’un qui se documente jusqu’au délire, qui recherche, on le voit in vivo dans sa correspondance, une introuvable esthétique ; qui s’engage avec un caractère très entier contre la sottise du siècle. Le style n’est qu’un aspect de ce caractère léonin…
Difficile d’ailleurs de trouver, parmi les classiques que je connais, beaucoup d’auteurs arrivés à ce stade de l’enfant : Verlaine, peut-être, pour commencer ? La question me demanderait des mois de recherche, et je n’ai pas pour m’y aider la logistique d’un chercheur en littérature…
Cet article que je découvre à l’instant est une pure perle. C’est propre, c’est beau et surtout ça me parle. Grande lectrice depuis mes plus jeunes années, j’ai toujours été fascinée par la manière qu’a un auteur de nous transporter dans son univers, et ce avec une telle légèreté de plume qu’on en finit par dévorer le bouquin naturellement, simplement, sans s’en apercevoir.
J’ai été l’enfant, il y a trente ans. Petite, très petite même, j’écrivais des contes fantastiques et féériques avec mon coeur, mes mots, ma simplicité.
Et oui j’ai oublié. J’ai oublié qui j’étais. Je suis devenue le chameau. Directement, sans détours, formatée par les styles linguistiques enseignés, apeurée par les formules de style des meilleurs comme des plus mauvais auteurs. J’étais persuadée que c’était ce qu’il fallait pour entrer dans la cour des grands.
J’ai ensuite été perdue. Découragée, j’ai plongé mes manuscrits au fond du tiroir pour les ressortir de temps en temps en les relisant avec une pincée d’amertume. C’est à cette période que j’ai commencé à écrire mes pensées, souvent les plus sombres. Des textes bruts, des textes simples. Pas de recherche de la formule magique. Juste l’effet de mes doigts sur le clavier, guidés par mon coeur. Et c’était bon, ça l’est toujours d’ailleurs. A mon sens tout du moins. Mais j’étais perdue, peut-être que je le suis toujours d’ailleurs, mais seulement dans mes pensées.
Depuis 10 jours, ce sont les vacances. Mes élèves me manquent, ma rentrée est prête, je m’ennuie, je me mets donc à lire. C’est mauvais. Très mauvais même, mais je ne peux m’empêcher de dévorer les cinq tomes d’une saga niaise à souhaits. Frustrée de ne plus rien avoir sous la dent qui me porterait autant que ces fichus livres (entendons nous, j’ai des bibliothèques pleines de trésors ou de découvertes, mais rien ne m’inspirait sur le moment), je m’assieds devant mon pc et j’écris. Et là je suis l’enfant. Pour la première fois, j’ai confiance. Je reprends une idée vaguement développée l’année passée et son prologue me transcende toujours autant. Alors j’écris. Je me fiche des styles littéraires, je me sens libérée de tout cela. J’écris à ma manière, j’écris naturellement, j’écris sans réfléchir. Je suis l’enfant, et 78 pages sont nées sans que je ne m’en aperçoive. Et c’est loin d’être fini, car la suite des aventures attend mon héroïne. Alors j’écris, juste pour le plaisir. J’écris pour laisser mon personnage prendre vie. J’écris pour ne pas oublier d’écouter l’enfant qui attend de se révéler en moi depuis de nombreuses années maintenant. Et tant pis si cela s’avère mauvais. Moi, j’aurai aimé 🙂
Sophie, 36 ans, pleine de rêves et d’imagination
Merci Sophie pour ce superbe témoignage !
Je crois comprendre qu’en plus, vous êtes du côté de ceux qui savent et qui enseignent… Arriver à dire « j’écris sans réfléchir » en est d’autant plus méritoire. Chapeau !