Ce que vous allez apprendre dans cet article :
- Faire la part des idées reçues sur le conseiller littéraire
- Savoir qu’attendre de votre conseiller
Un point sur ce métier méconnu de conseiller littéraire : de quoi s’agit-il, et en quoi ces professionnels peuvent-ils vous aider ?
Voici un moment maintenant que je conseille de jeunes auteurs (jeunes en écriture, hein !) pour améliorer leurs textes, et augmenter leurs chances de se faire éditer.
Le métier de conseiller en écriture n’est pas toujours bien compris, ce qui est source de déception pour tout le monde. Car, croyez-le ou pas, notre seul objectif est de vous aider… mais pas n’importe comment.
Pour vous donner une idée de la puissance de feu des conseillers en écriture, et autres conseillers littéraires, j’ai collecté les principaux clichés qui circulent à notre sujet. Les voici, avec pour chacun un petit recadrage. N’hésitez pas à intervenir à la suite de ce billet : vos remarques, ici comme ailleurs dans le blog, sont pour moi inestimables.
Suivre vos conseils…
… c’est dénaturer son texte.
Vous êtes peut-être un peu trop sûr de la valeur absolue de votre texte. La majeure partie des manuscrits qui arrivent dans une maison d’édition sont rejetés car ils s’avèrent mal fichus, illisibles ou soporifiques. Ce sont là des critères absolus, universels, qui n’ont rien à voir avec l’originalité de l’idée ou de la forme.
Nous vous aidons, avant tout, à déceler ce qui affaiblit votre texte ou votre démarche. Nous n’avons rien à dire sur ce que vous avez envie de dire, de défendre. Nous vous aidons à « presser le citron » jusqu’à la dernière goutte.
Embaucher Naulleau comme conseiller littéraire, …
… Non merci !
Lorsque ce brave Eric Naulleau a été remercié, la plupart des téléspectateurs se sont frottés les mains. Je trouve, moi, que c’est dommage : voilà quelqu’un qui, mine de rien, nous apprenait à ne pas nous faire rouler comme des crottes en librairie…
Vous croyez que la critique négative est « méchante » ? Vous trouvez qu’il est préférable d’enrober ses reproches pour qu’ils passent mieux ?
Ayant fréquenté plus d’une centaine d’écrivains, je peux vous le dire franchement : non. Les écrivains n’entendent pas ce qu’on leur dit, sauf si on le dit très simplement et très franchement.
Et puis, apprenez à distinguer entre « méchanceté » et « dureté ». La méchanceté ne vous dit rien sur votre texte : elle s’attaque à vous, à votre rêve. La dureté est neutre. Elle vous parle de votre travail, de celui que vous avez fourni, de celui qui manque. Si je vous dis « votre personnage XY est inconsistant », je me fiche de votre image de vous en tant qu’écrivain. Je vous parle de votre technique, de vos gestes. De ce qui est modifiable.
Mon travail est fini…
… j’ai juste besoin de quelqu’un pour trouver un éditeur.
Dans ce cas, je n’ai rien à vous apporter. Je ne suis pas une simple « communiquant », je ne suis pas un carnet d’adresses sur pattes. Je ne peux pas rédiger un dossier pour vous, vous envoyer à des éditeurs, bref, vous défendre, si je ne suis pas sûr, avec vous, de votre texte.
Et je ne peux pas être sûr de votre texte si nous n’avons pas, ensemble, un peu, beaucoup, travaillé dessus.
Mon texte me plaît…
… à moi, c’est l’essentiel. Pas besoin de le retravailler.
Alors, vous n’êtes pas fait pour publier. Quand on écrit un texte, quel qu’il soit, roman, nouvelle, essai, on s’adresse à un lecteur. C’est l’essence même de la communication, du langage.
« Plaire » ne veut pas dire « flatter ». Personne ne vous demande de faire du cabotinage, ni envers l’éditeur, ni envers votre lecteur potentiel. Mais vous devez penser à la réception de votre texte, par les uns et les autres. Vous devez y penser pour que votre propos soit efficace. Pour que votre idée ne soit pas gâchée par vous-même, par votre repli sur vous.
Publier, c’est aller vers l’autre. L’éditeur veut vous y aider. Le conseiller en écriture aussi.
Ça coûte trop cher.
Vous avez vu « The dark knight » ? Le Joker dit au début du film : « If you’re good at something, never do it for free. » « Si vous avez un talent, ne l’exercez pas pour rien. »
Mettons le cynisme de côté (et le fait que ce site vous donne, malgré tout, une sacré paquet de conseils gratuits), n’empêche, le fond de l’idée est juste : mon travail a de la valeur, tout comme celui du type qui vous répare votre voiture ou qui vous pose un plombage. Et quand il s’agit de récupérer une voiture qui roule, ou de ne plus avoir mal aux dents, le service vaut son prix, n’est-ce pas ?
Peut-être que le raisonnement est chez vous un peu différent : vous avez décidé de ne rien dépenser pour être édité. Mais qu’est-ce qui vous intéresse le plus ? Être édité, ou être reconnu et savoir ce que vous valez en tant qu’écrivain ? Apprendre le métier, vous améliorer ? Prendre votre talent en mains ? Dans ce cas, le recours à un conseil payant sera, sans doute, fort bienvenu.
Voilà pour aujourd’hui. J’espère avoir un peu éclairé vos petites lanternes ! ;)
A toi, bouillant internaute. Tu as peut-être eu affaire déjà à ces drôles de bêtes ? Raconte !
Pour ma part, je ne savais déjà même pas que ce métier existait avant de tomber sur ce blog ! Je n’avais pas poussé mes recherches aussi loin pour découvrir ce qui entoure le métier d’écrivain… J’avais déjà cerné depuis quelques années l’intérêt des plus communs « beta-lecteurs », dont en fait, si j’ai bien compris, le métier de conseiller en écriture est une forme plus poussée et professionnelle. Donc ce billet m’incite à penser que c’est un passage obligé si on a un tant soit peu d’ambition dans ce domaine…
Question : pour le dernier point, quels sont les tarifs (en moyenne bien sûr, je ne demande pas de somme précise à la virgule près) ? Et où les trouve-t-on (à part ici 😉 ), comment s’assurer de ses compétences ? Comment se passe la collaboration (les étapes, je veux dire) ?
(Quitte à se renseigner, autant aller jusqu’au bout !)
Tu as assez bien cerné la chose, Andrea : les conseillers en écriture sont des « bêta-lecteurs professionnels ». Ce que nous apportons de plus par rapport à un bêta-lecteur bénévole (et il y en a de très bons) est, d’après moi, le « bon sens » et l’« arrière-plan éditorial ». Un BL, même doué, ne représente que son propre avis ; nous essayons de parler pour tout un lectorat ; un BL ne donnera que l’avis du lecteur ; nous avons aussi la sensibilité de l’éditeur, qui prendra sa décision en amont. C’est en tout cas ainsi que je me différencie des BL bénévoles…
Pour mes tarifs, je botte en touche : cela dépend du volume du texte et du degré d’intervention. Celui-ci peut en effet aller de la note de lecture (détaillée et « opérationnelle ») à une lecture fine, phrase par phrase, du texte. Lorsque nous sommes, l’auteur et moi, d’accord sur le texte, nous pouvons aller plus loin. Je peux constituer pour lui un dossier de soumission et un petit listing d’adresses d’éditeurs pertinentes. Si tu veux une idée plus précise, je te propose de m’envoyer ton texte.
Nous travaillons en général par échange de mails et allers-retours de fichiers. L’usage des
corrections suivies et des commentaires
permet d’avancer clairement et proprement. Pour le dossier de soumission, nous avons au moins un contact oral : je procède à une interview de l’auteur. En y allant calmement, sagement, le travail peut s’étaler sur 1 à 2 mois.
Pour trouver des noms, je te suggère Internet, mais l’appellation du métier est assez variable. J’ai essayé d’employer toutes celles que je connaissais, dans l’article.
Concernant les compétences, je dirais que le critère principal est le taux de réussite : combien d’auteurs accompagnés ont été publiés ? En ce qui me concerne, je ne pratique « que » depuis un an et demi, je n’ai donc pas de chiffres très significatifs ; mais tous les travaux qui ont été menés à leur fin ont pour le moment trouvé un éditeur. Je compte bien les mentionner ici, au fur et à mesure des parutions officielles.
Un autre critère (toujours selon moi) est l’arrière-plan de la personne, ce qu’elle montre de sa compétence et de son passé. Je terminerai ainsi sur un extrait de message que j’ai reçu récemment, et qui m’a fait très plaisir (et après, je vais me racheter des pantoufles, parce que les miennes viennent d’exploser au niveau des chevilles…) :
« Faire appel à vous en particulier me fut facile. Après avoir éliminé d’office quelques prétendants, je me suis attardé sur les sites de deux autres conseillers (XXX et YYY) qui, en fin de compte, ne m’ont guère incité à les contacter. Votre blog, votre profil m’ont convaincu d’emblée. (…) je ne suis pas du tout un adepte des blogs, cependant mes recherches de conseils (Google est – aussi – mon ami !) m’ont à plusieurs reprises orienté sur votre blog que j’ai fini par lire en quasi totalité. »
« Mon travail est fini » et « Mon texte me plaît »… Les pièges classiques du nouveau venu dans l’écriture !!
Tant que le texte ne plaît pas à d’autres (un lectorat EXTERNE), le travail est loin d’être fini 😉
En cela, l’avis d’un conseiller littéraire (un vrai, un bon), en vos dix, car il apporte une expérience éclairée sur un univers bien plus obscur qu’il n’y paraît et peut se révéler un formidable raccourcit et gain de temps pour des corrections sérieuses vers un projet abouti.
Puissent tes paroles s’inscrire en lettres de feu dans les cieux de toutes les nations 😉
Merci de ce complément d’information. De là à envoyer mon texte… cette fois, c’est moi qui botte en touche ! Je suis loin d’être assez satisfaite de mon travail pour atteindre cette étape. Plus tard, peut-être…
Et pour les pantoufles, ça tombe bien, c’est les soldes 🙂
Quelle élégante passe d’armes !
Je vais faire provision de charentaises ; ou alors les crocs en caoutchouc, c’est peut-être plus extensible ?
Voilà un moment que j’ai envie de réagir à ce billet, de témoigner de ma propre expérience en la matière. En effet, depuis quelques semaines, j’ai franchi le pas de demander conseil. Et de le faire en amont de la rédaction du roman (un synopsis et moins d’un quart du roman rédigé), car mon souci n’est pas l’histoire que je souhaite raconter mais la qualité de ma prose.
Du synopsis, nous en sommes à peaufiner les ultimes détails – essentiels – d’un scénario approfondi, autrement plus complet et fouillé que le synopsis initial. Quant à mon souci primordial, le « bougre » est avare de qualificatif, j’en déduis que mon style doit être en partie compatible avec la notion de littérature, sinon à quoi servirait-il que nous travaillions sur le scénario ?
Si tel n’était pas le cas, en bon conseiller, il m’aurait suggéré d’oublier le domaine littéraire et de me pencher sur un problème autrement plus crucial et fondamental pour l’humanité, comme par exemple l’étude des déviances sexuelles des termites du Mozambique.
Mon témoignage reprend les chapitres de ce billet :
Suivre un conseil. Pour ce qui est de « presser le citron », il s’agit d’un doux euphémisme, mon conseiller est juste infernal. Mais le résultat s’annonce plus que satisfaisant. J’ai d’ores et déjà une trame beaucoup plus consistante, la rédaction du roman n’en sera que plus aisée.
Embaucher Eric Naulleau ou la dure loi de la critique. C’est une affaire de sensibilité personnelle, mais je ne trouve pas que mon conseiller est dur. Pointilleux, exigeant, méthodique me semblent plus appropriés que « dur ».
Mon travail est fini. J’en suis encore loin, je ne peux donc pas m’exprimer sur ce paragraphe.
Mon texte me plaît. Je me contrefiche que mon texte me plaise, je veux qu’il plaise aux lecteurs. Mon plaisir d’écrire n’en sera que plus intense.
Ça coûte trop cher. Oui et non. Oui si le but est d’obtenir un avis que l’on range au fond d’un tiroir. Certainement pas si cher si le texte devient publiable. De toute façon, l’échelle des valeurs financières est très variable d’un individu à l’autre. Je considère que j’investis avec un espoir raisonnable d’un retour sur investissement. Et si mon manuscrit ne trouve pas un éditeur, je pars au Mozambique !…
En guise de conclusion, que dire ? Que toute activité nécessite d’emmagasiner des connaissances. L’écriture, aussi. C’est apprendre à écrire pour être lu par des inconnus. On peut choisir d’être autodidacte, on peut aussi choisir la voie d’être épaulé par un professeur, un moniteur, un guide, en un mot : un conseiller. Si je choisis cette voie, c’est pour m’éviter des écueils, des échecs courus d’avance, des déceptions quasi certaines… et parce que les termites, ça ne me passionne pas vraiment !
Il y a des termites au Mozambique ???
Pour ce qui est du style, je pense que le conseiller s’en occupera en temps voulu. Il est plus facile de « rattraper » une histoire qui manque un peu de souffle, de style, qu’une histoire avec des incohérences. Un roman, comme une maison, se construit… Avant de peindre les murs, il faut les construire… 😉