Ce que vous allez apprendre dans cet article :
- Pourquoi la concordance des temps est non négociable
- Les 3 « batteries » de temps verbaux
La concordance des temps est une exigence de tout texte de type récit. Comment fonctionne cette concordance ? Comment ne pas se tromper ?
Le choix du temps de son récit fait partie de ces questions que le jeune auteur évacue d’un revers de main. Il en résulte des manuscrits sans aucune tenue, que l’éditeur trouvera du dernier ridicule.
Description du problème, explications, et solutions.
Conjuguer ses talents ? Et puis quoi encore ?
Le passage du manuscrit au livre, chez le correcteur de la maison d’édition, est trop souvent l’occasion d’une bagarre acharnée : le récit fourni par l’écrivain passe allègrement d’un temps à l’autre, sans aucune cohérence. C’est une pitié de voir la concordance des temps, cotillons à l’air, subir les derniers outrages.
Sur ce point, les écrivains les plus lettrés ne sont d’ailleurs pas les plus fiables. Un des derniers livres sur lesquels j’ai travaillé, œuvre d’un prof’ de français, regorgeait entre autres balourdises de rapports verbaux totalement irréels.
Lorsque vous écrivez, rappelez-vous une règle simple : RIEN, je dis bien RIEN, ne justifie une entorse au temps général que vous avez choisi (passage du système “passé” au système “présent” et vice-versa). Ceux qui voient là des fleurs de style, des élégances, sont de la dernière mauvaise foi.
Pourquoi s’accrocher à la concordance ? A cause de l’illusion romanesque. Chaque ensemble de temps verbaux place le lecteur dans une situation de réception différente. Changer de système en cours de route, c’est lui rappeler de façon déplaisante qu’il était dans l’illusion. C’est perdre tout le bénéfice de l’illusion, et du récit.
Hélas, même si vous savez vous tenir à vos choix, vous rencontrerez vite une difficulté incontournable : la plupart des temps “intéressants” (narrativement parlant) sont des temps composés ou de conjugaison rare. Les temps composés rajoutent à votre prose des enfilades d’auxiliaires, et les conjugaisons rares donnent au discours une apparence de préciosité, parfois tout à fait parasite.
La concordance des temps et la loi du moindre effort
Mais le plus grand facteur de confusion dans le domaine des temps verbaux, c’est la flemme des écrivains eux-mêmes. Toutes les excuses sont bonnes pour aller au plus facile, c’est-à-dire à un indicatif présent sans relief, où l’on ne risque pas de se casser la figure en bout de ligne.
“Texte qui a du punch”, “ça donne du rythme au récit”, “chercher un ton plus moderne, plus actuel”, “j’ai choisi le présent historique”, “je veux raconter les choses telles qu’elles se passent immédiatement”… voici quelques excuses “idéologiques” que l’on entend, ou qu’on lit au détour des forums d’écrivains.
Toutes sentent à plein nez le refus de travailler son texte.
Le choix du temps verbal, comme tous les autres choix, doit être fait en connaissance de cause, et jamais pour se faciliter la tâche.
J’ai relevé, à l’usage, 3 batteries de temps verbaux, 3 ambiances verbales, avec chacune ses avantages et ses inconvénients. Pour chaque texte, la question technique doit primer : vu ce que je veux raconter, quel temps est préférable ? Si votre histoire “dix-neuvième” doit s’écrire au présent, elle sera au présent. Si votre nouvelle d’anticipation a besoin des plus-que-parfaits, pas d’hésitation !
Les 3 batteries de temps verbaux
1. Le “passé” classique
En gros, imparfait + passé simple. C’est l’emploi le plus traditionnel. Je suppose que cet usage narratif a découlé de la forme “conte” (on prétendait raconter des choses vraies mais ayant eu lieu dans un temps fort lointain). Le gros avantage de la panoplie “passé” est sa subtilité : en jonglant entre les différents temps possibles, l’auteur dispose de tout un jeu d’antériorité et de postériorité. Ces nuances sont parfois indispensables, dans le cas d’un récit complexe, farci d’enchâssements.
2. Le “présent”
Ici, la littérature reçoit sans doute une forte influence de l’écriture cinématographique (à cause du temps standard de rédaction des scénarios de film). L’indicatif présent paraît plus “moderne”, plus sexy. Mais il donne très vite, si l’on n’est pas un très bon styliste, une impression de platitude. À noter que l’on parle parfois de présent “historique” (« Napoléon, en cette fin de 1812, ressent déjà ce froid qui va l’emporter quelques années plus tard »). Ce n’est pas parce qu’il est “historique” que vous pouvez l’employer à tort et à travers. Il n’y a pas de raison : si vous le choisissez, soyez-lui fidèle dans tout votre livre.
3. Le “passé composé”
Inauguré d’après moi par Camus dans L’Étranger. Comme pour la contrebasse, il faut un certain talent pour arriver à en tirer quelque chose. Le passé composé devient vite très morne. Pourtant, il offre un bon compromis entre la richesse des temps du passé (il permet le jeu passé composé/imparfait/plus-que-parfait) et la valeur d’“impact” du présent.
Pas d’à-peu près (ou alors pas trop ; enfin vous voyez l’idée générale, quoi)
Au passé, il existe un petit piège grammatical qui a d’énormes conséquences sur le SENS de votre texte : la proximité entre l’imparfait et le passé simple, à la première personne du singulier.
Si vous écrivez « Priscilla voulait que je lui fisse la lecture. Je lui octroyai donc ce plaisir tous les soirs », vous avez fait une erreur, à mi-chemin entre la faute de style et la faute de grammaire (oui, il y a double peine, dans ce cas-là).
Si vous écrivez « Priscilla voulait voir Rambo III. Après m’être fait prier, je lui passais son étrange dondaine », vous faites une nouvelle double faute. Cela va commencer à faire beaucoup de prison. Et je ne parle pas des goûts discutables de vos fréquentations en matière de films…
Dans le premier cas, il s’agit d’une action régulière : imparfait. Dans le deuxième cas, d’une action ponctuelle : passé simple. Cette différence d’un “s”, entre les deux formes verbales, place votre lecteur dans le bon ou le mauvais angle de vue. Ne laissez pas ce doute de conjugaison en suspens ; transposez-la phrase au pluriel (Nous lui octroyions… ») et éliminez le flou artistique.
Nous avons donc passé en revue, sur cette question des temps verbaux et de leur concordance, quelques éléments objectifs. Car ici comme pour beaucoup de points de style, la grande théorie, le sentimentalisme vous mèneront au n’importe quoi.
Le style est une nécessité. Vous le ressentez peut-être comme une contrainte. Petit à petit, apprenez à en faire une force.
Et ne cessez pas de conjuguer : il n’est rien de plus beau.
Et toi, roucoulant internaute, quelle est ton arme préférée ? Passé classique, présent, passé composé ?
Dans mes premiers écrits, j’étais totalement perdu, entre présent, passé composé, passé simple et imparfait, ça partait dans tous les sens. Ensuite c’est rentré dans l’ordre avec Passé simple / Imparfait. Et puis j’ai expérimenté avec le présent… et là je me suis encore perdu ! Un de mes manuscrits alterne même passé et présent en fonction du point de vue du protagoniste. Finalement, je reviens au passé, ça me semble plus naturel (par contre, oui, j’use du présent historique dans le cas d’énonciations globales type encyclopédique)
Voilà le genre de parcours que je veux montrer : on commence par essayer n’importe quoi, plus c’est compliqué et plus ça a l’air chouette. Et puis on élimine les problèmes un par un, et on arrive à un fonctionnement simple et clair. La simplicité est un combat de titan.
Priscilla voulait que je lui fasse la lecture. Je lui octroyai donc ce plaisir tous les soirs. »
C’est exactement ce genre de phrase qui quelquefois me pose problème.
Priscilla voulait que je lui fasse la lecture. Il lui octroya donc ce plaisir tous les soirs. »
Ce n’est pas toujours évident…
Pierre
Et avec la transposition à la troisième personne, la différence n’apparaît pas plus clairement ?
Priscilla voulait que je lui fisse la lecture ?
Exact ; j’ai rectifié.
Article intéressant.
Donc, si j’ai bien compris, l’alternance des temps est impossible, ou du moins incorrecte, c’est bien ça ?
Parce qu’en ce qui me concerne, je le fais beaucoup malheureusement et je me pose d’ailleurs beaucoup de questions là-dessus.
Est-ce tout aussi incorrect d’écrire un récit au passé et y introduire quelques phrases au présent pour exprimer un point de vue général ou habituel ?
Doit-on vraiment garder le même système de temps du début à la fin du roman ?
Merci d’avance pour la réponse
L’alternance est possible mais en respectant des « jeux », des « groupes » de temps qui fonctionnent ensemble. Même pour exprimer un point de vue général, la question mérite réflexion.
Je prends un exemple : « Intimidé, il remontait la rue de l’Arbalète. Les maisons, les mêmes depuis le XIIIe siècle, (donner) une ambiance toute spéciale à ce vieux coin de ville. » Une action, et une explication.
« donnaient » ou « donnent » ? Bien sûr, il s’agit d’une explication qui est valable pour « il », mais aussi pour le narrateur, et pour nous, lecteur, quel que soit l’année où on lit le texte.
Pourtant, ce qui est intéressant, dans ce passage, est d’expliquer ce que le personnage ressent. Il est donc plus important de placer l’explication dans le cadre temporel subjectif du personnage. Donc il vaut mieux, je pense, faire concorder les temps : « donnaient ».
J’espère avoir répondu à votre question ?
Je viens de découvrir votre site et je suis vraiment impressionnée par son contenu.Des conseils judicieux qui me seront très utiles.Merci de partager votre savoir.
À 58, j’en suis à mon premier essai dans l’écriture d’un roman.J’ai beaucoup de difficulté avec la concordance des temps.Imparfait ou passé simple ? Je me pose sans cesse la question.
Pour résumer,j’utilise l’imparfait,le passé simple et le passé composé dans la narration.Pour ce qui est du discours, j’utile le présent de l’indicatif le plus souvent et le passé composé.
Quand je relis mon texte,je m’aperçois que je glisse occasionnellement un verbe au présent dans ma narration.
Je me demande si cela est justifié dans certains cas.
Exemple : Une journée à se prélasser dans la chaleur du foyer.Pourtant, nous nous trouvions dans le cimetière de cette petite ville où je suis née, où j’ai grandi, à l’endroit même où reposent depuis plusieurs années, mes parents, Hélène Deschênes et Antoine Normandin.
Merci de votre aide.
Attention, comme je l’explique, le passé composé est a priori incompatible avec tout le reste…
« Pourtant, nous nous trouvions dans le cimetière de cette petite ville où je suis née, où j’ai grandi, à l’endroit même où reposent depuis plusieurs années, mes parents, Hélène Deschênes et Antoine Normandin. »
L’usage du présent place cette indication dans le temps du narrateur, et la sépare du récit. Les parents reposent à cet endroit au moment où l’histoire est racontée, et pas forcément au moment où elle se déroule. Cela paraît assez incongru à la lecture. Si vous l’insérez, au contraire, dans la continuité du récit (« où reposaient »), l’intérêt de la précision est plus évident : c’est au moment où la scène se passe que vos personnages se rappellent qui est enterré là, non ?
Vous ne pourrez pas, avec un même verbe, évoquer à la fois le passé et le présent. Le choix le plus logique, d’après moi, serait le passé.
Si vous tenez vraiment à raccorder cette indication au narrateur, au moment où il écrit, vous pouvez utiliser, mais c’est plutôt lourd, une astuce comme celle-ci :
« à l’endroit même où reposaient depuis plusieurs années, mes parents, HD et AN (et où, d’ailleurs, ils reposent toujours) ».
Etrangement, quand je me suis mise à écrire, j’avais décidé (entre autres règles idiotes) d’utiliser exclusivement le présent pour ma narration, un peu pour les raisons citées dans cet article (flemme.… et le passé simple, je trouvais que ça faisait guindé, old fashion, bref, dans mon cerveau, ça sonnait « beurk »).
Et je l’ai fait.
Toute façon, je m’en fichais : je ne voulais pas écrire pour faire lire, et puis franchement, ma narration se résumait à deux-trois détails scénaristiques sans intérêt ni importance. J’ai déjà rencontré là une difficulté de taille : la narration au présent est très compliquée à mettre en scène ! Mais j’ai tenu bon (imaginez la petite barque faite à la main avec les moyens du bord, perdue dans une tempête en pleine mer… c’est l’impression j’ai eue en me relisant, avec le recul !!)
Et puis un jour, je l’ai fait lire à une amie. Entre temps il s’était écoulé, quoi ? un ou deux ans, trois peut-être. Pour éviter des gribouillis incompréhensibles, je me suis quand même lancée dans le retapage du tout sur pc, et j’étais littéralement horrifiée du résultat xD Ce qu’il faut savoir, c’est que j’ai dû repasser une troisième fois dessus (oui, je suis insistante) avant de tout modifier, et je décerne la médaille du courage à ma pauvre lectrice qui a dû tout se lire dans l’état (ou presque).
Finalement, j’ai tout remis au passé (imparfait/passé composé), qui finalement, me venait beaucoup plus naturellement… et dont j’avais parsemé mon récit sporadiquement en oubliant ma « bonne » résolution du début.
Bref, moi, mon seul remède a été le temps, et surtout la relecture ! (et un peu de maturité dans le domaine de l’écriture, ce qui n’était pas mon fort au départ). L’avantage, c’est que je ne pense pas être une buse en conjugaison ni en orthographe en général, donc je sais où employer un passé simple à la place d’un imparfait et vice versa.
Ce qui n’empêche malheureusement pas les fautes. Personne n’est parfait. Mais en général, je finis par les retrouver 😉
La concordance des temps par contre, c’est plus délicat, et quand il s’agit de plus-que-parfait voire de subjonctif, j’avoue que je m’y perds parfois…
En tout cas, merci de ces billets très constructifs et pas dénués d’humour ! Soit on apprend des choses, soit on se les remémore, et ça ne fait de mal à personne (enfin… je crois… non ?).
Le phénomène que vous décrivez est valable pour tout un tas de difficultés d’écriture : dans l’immédiat, on est satisfait de ce qu’on a écrit, et on refuse de voir les faiblesses du texte, même les plus manifestes. Et puis le temps passe, on se sent de plus en plus étranger à celui qui a écrit ces mêmes lignes il y a si longtemps…
Lorsque les écrivains expliquent qu’il faut du temps pour écrire, il ne s’agit pas (seulement) de temps d’écriture effective. Ils pensent aussi au temps du regard critique, je dirais presque du « reniement »…
On peut penser que l’utilisation du présent donne au texte un côté plus « dynamique » et effectivement plus moderne, mais j’ai l’impression qu’on le trouve souvent dans des romans soit bâclés, soit qui se veulent originaux, (ou bien particuliers car je crois me souvenir que Stephen King l’a parfois utilisé dans Carrie, pour décrire le tumulte de l’esprit de l’héroïne, mais tout le monde n’est pas Stephen King) et l’intérêt de l’histoire est souvent laissé de côté au profit d’un exercice de style pas toujours très chouette.
C’est sûr que quand on pense au présent, on imagine un texte du style « le journal de Bridget Jones » résolument dynamique et tous n’ont pas envie d’écrire de cette façon moderne, et tous les textes ne le justifient pas. Toutefois, il serait dommage d’être rebuté par le présent, qui peut donner un résultat assez poétique parfois (Alice Hoffman dans « la lune tortue ») pour peu que l’on se contente pas de décrire bêtement le déroulement d’une scène, mais qu’on fasse l’effort de tourner des jolies phrases, du moins c’est mon avis.
Pour ma part j’ai terminé une histoire de fantasy écrite entièrement au présent en essayant de respecter cette règle. Pas pour faire genre, simplement parce que les phrases et les idées me venaient plus facilement comme ça. Alors même si je ne suis pas encore passée au stade où j’ose la faire lire à quelqu’un et que j’ignore ce que ça peut donner pour un autre regard que le mien (qui est forcément partial), pour l’instant je ne suis pas rebutée par le résultat, c’est déjà ça.
Question sur laquelle je n’ai pas encore de réponse : les idées qui prennent forme au présent seront-elles les mêmes que celles qui nous viendraient au passé ? Le temps n’est-il qu’un simple outil, ou un moteur d’inspiration ? Vu que pour moi j’ai l’impression que c’est cette dernière réponse, (voir plus haut, mais ce n’est peut-être pas le cas pour tout le monde), autrement dit, une histoire « traduite » du présent au passé sera-t-elle la même ?
« Les idées qui prennent forme au présent seront-elles les mêmes que celles qui nous viendraient au passé ? »
Curieuse et intéressante question, que je me suis déjà posée. A froid, j’aurais tendance à dire non. Et puis, en repensant à quelques moments d’écriture (j’ai pratiqué l’écriture au présent et celle au passé successivement sur la même histoire), je dirais qu’il y a peut-être bien quelque chose. La narration au présent incite à des notations plus rapides, plus courtes, et plus vagues. Quand l’on écrit au présent, on doit faire plus attention à bien donner tous les détails de la scène. Quand on écrit au passé, on doit sans cesse rechercher des « trucs » nouveaux pour que le rythme reste nerveux et musclé. Il y a donc peut-être une sorte d’influence du temps de narration sur ce qui est raconté…
Je me permets d’ajouter mon grain de sel.
Pour ma part je préfère écrire au passé (simple/imparfait), mes amis me prennent souvent pour une folle à cause de ça. Beaucoup de personnes ne savent pas ou plus conjuguer au passé, ça donne des expressions du genre « elle prenna » (si, si, véridique !), et du coup préfèrent écrire au présent. ça peut aussi expliquer certaines choses ^^
Oui, il y a sans doute une certaine facilité à utiliser le présent. Sauf que la difficulté existe tout de même : il s’agit d’éviter l’écueil de l’ennui…
bonjour, je commence une autobiographie en partie fictive, et je me trouve face à un problème de temps. j’ai commencé par un énoncé entre guillemets et au présent, ce sont les paroles d’un ami qui s’adresse à moi et qui se terminent par « allez, viens avec moi l’an prochain ! » , mais l’action se déroule il y a plus de 20 ans. Puis, j’enchaine en disant…et voilà le récit de mon pote Olivier qui revenait pour la première fois de…j’argumente pendant quelques lignes en continuant avec l’imparfait, puis l’histoire expliquant que j’avais acheté un billet d’avion et que je me retrouvait au jour du départ, je continu l’histoire en commençant par une sorte de titre : La veille du départ
et là j’écris : Je suis chez mon pote Vincent, il n’a pas plus envie de dormir que moi…
Voilà, du présent, je passe à l’imparfait, puis je reviens au présent, sachant que par la suite, j’écrirais encore par exemple (j’arrive d’un temps présent et je dis ensuite) : à l’époque, j’avais eu l’occasion de visiter… puis ma phrase finie je dis : lors de cette première nuit, je me sens vraiment loin de toute civilisation… et je continu au présent . Ma question est : est-il possible d’alterner les temps de cette façon ? cela ne peut-il pas constituer un style cohérent et acceptable ? J’ai relu mon texte plusieurs fois, et je n’ai pas l’impression que quelque chose « accroche » à mon oreille…Mais je ne suis pas maitre Capello ! Merci d’avance à ceux qui pourront éclairer ma lanterne.
Je laisserai les autres répondre, mais pour moi cela semble quand même confus.
Bien sûr, cela n’accroche pas à l’oreille si chaque chapitre respecte sa propre concordance. Mais si, d’un chapitre à l’autre, la même époque de l’histoire est racontée avec un temps différent, le lecteur que je suis va se gratter la tête…
Bonjour,
J’aimerais savoir comment gérer le plus-que-parfait dans un texte au passé.
Je trouve que ce temps est indispensable pour raconter des faits antérieurs au temps de la narration mais je trouve que ça alourdit le texte.
J’essaie de respecter la concordance mais à la relecture, ça ne passe pas toujours.
Merci pour votre aide, si vous passez encore par là ! 🙂
Le plus-que-parfait, dans le système « passé composé », sert à parler d’un fait antérieur au moment raconté : « J’ai fait quelques pas sur le trottoir. Le jour se levait. Le ciel n’avait pas été aussi bleu depuis six mois. »
C’est mon plus gros problème j’ai tendance a ne pas respecté l’emploi des temps aux récits. Mais je m’efforce de prendre les bonnes habitudes inculquées par l’une de mes anciennes prof de français.
l’imparfait pour les descriptions, les actions inachevées ou non délimitées dans le temps.
Le passé simple pour le contraire.
Après c’est selon l’ambiance que l’ont veut donné. le passé simple donne le sentiment d’une histoire passé il y a longtemps alors que le passé composé donnera une impression d’actions qui ce sont passé il y a très peu de temps.
Ce sont je pense des règles de base. en tout cas ce sont les règles que j’ai apprises et auxquelles j’essaie de me conformé
Et une bise à votre ancienne prof !
Je n’ai même pas eu la patience de terminer cet article que je trouve pour le moins puéril. Eviter le présent ? Eviter de changer les temps ? Serait-ce un auteur frustré de ne pas parvenir à écrire de la qualité en diversifiant les temps de ses écrits. En tous cas, s’il fait ce qu’il dit, ses écrits doivent être très originaux… Pour les gens qui ont lu cet article, je leur dirai de ne pas en tenir compte et de faire preuve d’originalité avec des changements de temps s’ils en ressentent le besoin et l’envie. Pour moi, cet article n’est qu’un ramassis de préjugés et de conneries qui ne pourra faire que du tort à de futurs auteurs. Ne pas passer du passé au présent, etc… pourtant des auteurs de talent le font sans problème et cela fait qu’ils sont des auteurs de talent. Prenons l’exemple de Chateaubriand .
« On le rencontre à des endroits stratégiques, lorsqu’il s’agit d’exacerber le caractère dramatique des actions et des événements représentés. Ainsi Chateaubriand, dans René, ménage soigneusement l’accès à la scène clé de son récit (la prise de voile d’Amélie, la sœur du héros), en faisant d’abord alterner présent et temps du passé :
Au lever de l’aube, j’entendis le premier son des cloches… Vers dix heures, dans une sorte d’agonie, je me traînai au monastère. […] Un peuple immense remplissait l’église. On me conduit au banc du sanctuaire ; je me précipite à genoux sans presque savoir où j’étais, ni à quoi j’étais résolu. Déjà le prêtre attendait à l’autel ; tout à coup la grille mystérieuse s’ouvre, et Amélie s’avance, parée de toutes les pompes du monde.
Mais lorsque passage atteint son sommet dramatique, après qu’Amélie a avoué à René sa passion incestueuse, le présent historique s’impose seul :
À ces mots échappés du cercueil, l’affreuse vérité m’éclaire ; ma raison s’égare, je me laisse tomber sur le linceul de la mort, je presse ma sœur dans mes bras, je m’écrie : « Chaste épouse de Jésus-Christ, reçois mes derniers embrassements à travers les glaces du trépas et les profondeurs de l’éternité, qui te séparent déjà de ton frère ! »
Ce mouvement, ce cri, ces larmes, troublent la cérémonie : le prêtre s’interrompt, les religieuses ferment la grille, la foule s’agite et se presse vers l’autel ; on m’emporte sans connaissance. »
http://www.unige.ch/lettres/framo/enseignements/methodes/tnarrative/tnintegr.html
ma foi, chercher à contredire les principes que j’essaie d’identifier à travers mes articles, est un jeu qui en vaut bien un autre…
Seulement, ce n’est pas parce qu’il y a eu Chateaubriand, qu’il faut encore aujourd’hui écrire comme lui. Ce n’est pas parce qu’un grand auteur a eu des licences d’écriture, qu’il faut s’empresser de les adopter.
Avant d’être Chateaubriand, il s’agit d’être écrivain. Le romantisme était un beau rêve qui a fait bien des malheureux…
Bonjour,
Je vous remercie pour votre article : je vais essayer dès lors d’être plus stricte dans ma manière d’écrire. Je remercie aussi les intervenants qui nous donnent différentes manièrse d’appréhender les écrits de choses et autres.
Bien à vous tous, cordialement,
Adeline
Je vous souhaite de belles sessions d’écriture !
Bonjour,
Ceci est un article très intéressant pour ma part, mais je reste toujours dans mon petit problème : j’écris mes romans à la première personne du singulier et j’utilise le passe simple/imparfait mais j’introduis souvent des idées ou des choses que je ressent, je suis donc obligé dans ce cas la d’utiliser le présent. Je me demandais si c’était une faute de concordance des temps ? J’ai donc essayé de réécrire mon roman au présent mais le passé simple/imparfait reprend toujours le dessus, donc je voulais savoir si c’est vraiment important de le mettre complétement au présent au lieu de la formule passé simple/imparfait avec ce que je pense au présent.
Merci
Hé hé… Vous êtes typiquement dans ce que je décris avec cet article : l’impossibilité de faire un choix.
Et pourtant, l’écriture est une suite infinie de choix toutes sortes…
Bonjour,
Le narrateur de mon récit rapporte les événements durant l’année écoulée. Le texte est volontairement « réflexif ». Le passé s’impose. Mais comme le récit se déroule dans un passé très proche (entre il y a un an et hier), je suis mal à l’aise avec les descriptions des lieux et de la société, car elles font référence à une situation présente et les mettre au passé est une ineptie par rapport au sens… Si je raconte mon dîner d’hier soir, dans un restaurant, je vais parler des événements, de l’ambiance et de mon ressenti au passé, mais si je situe le restaurant où j’ai passé la soirée, je dois utiliser le présent sinon le lecteur pensera que le restaurant ne s’y situe pas… Les formes passés du français sont connotées comme révolues (contrairement au past perfect de l’anglais qui exprime en principe un passé encore en cours…). Le duo passé simple – imparfait ne me convient donc pas, car les description à l’imparfait n’ont pas de sens. Mais écrire tout au présent ne convient pas du tout au récit… Le décor au présent et les événement au passé : ce serait valable ? Tout éclaircissement est bienvenu !
Merci
Ma foi, quand vous décrivez le restaurant dans ce qu’il a de permanent, vous vous situez bien entendu en dehors de la concordance des temps. Vous constaterez toutefois que les écrivains préfèrent maintenir la concordance des temps, au détriment de ce petit défaut de logique. Au lieu de « Ce soir-là, elle dîna dans son restaurant favori. Il est peint en bleu, avec des filets de pêche accrochés aux murs. » on trouvera « Ce soir-là, elle dîna dans son restaurant favori. Il était peint en bleu, avec des filets de pêche accrochés aux murs. » Et en l’occurrence, l’élégance du récit consiste à « ramener » le permanent dans le contexte impermanent : « Ce soir-là, elle dîna dans son restaurant favori. Elle aimait ses murs peints en bleu, et tendus de filets de pêche. »
J’ai beaucoup aimé l’article. Il est clair et bien fourni en termes d’explications. Cependant j’aurais une petite interrogation sur les « termes » utilisés selon les temps. Dans un récit au passé simple nous ne pouvons pas utilisé les mots comme « hier » mais préférer « la veille » c’est exact ? Mais est-ce la même chose pour « aujourd’hui » ? Je ne vois pas comment tourner mes phrases, ni quel mot utilisé à la place et je doute que ce soit correct de le mettre (notamment en raison des incohérences de temps entre le verbe et le mot).
Merci de votre réponse
Pour évoquer le moment présent : « A cet instant, ce jour-là, au moment où il, le lendemain (par rapport à « la veille »… »