Ce que vous allez apprendre dans cet article :

  • Contraintes, ins­pi­ra­tion, génie… la réa­lité der­rière le cliché

On est ven­dredi, le week-end s’annonce, Noël arrive bien­tôt, tout va bien… Et si on se fai­sait une petite injec­tion d’énervium ?

Aujourd’hui, je vous pro­pose de réflé­chir à cinq pro­po­si­tions déran­geantes sur l’écriture, le métier d’é­crire. Ce sont des idées qui me sont venues un jour ou l’autre, et que je vou­drais confron­ter à votre vécu à tous. N’hésitez pas à ron­chon­ner contre cet article : il est là pour ça.

Pour écrire, il faut des contraintes

Quelles sont les meilleures condi­tions pour écrire ? Se trou­ver dans un beau bureau, face à la mer, par une jolie mati­née de juin, avec tout le temps du monde devant soi ? Ou dans une cham­brette qui sent le moisi, en volant du temps au som­meil, et avec la télé du voi­sin comme bruit de fond ?
La bonne réponse, autant que je puisse m’en rendre compte après 20 ans de pra­tique, est la deuxième. On n’écrit bien, on n’est pro­li­fique que sous la contrainte. Nous rêvons tous de condi­tions idéales, mais dès que nous en avons (vacances, bourse d’écriture…) nous ne fai­sons plus rien. Parce qu’écrire, c’est tou­jours un peu voler, déro­ber. Sans contrainte, pas de néces­sité intime. Et sans néces­sité, pas d’œuvre.

L’inspiration n’existe pas

Ou si elle existe, c’est une sale peste qu’il faut prendre par les che­veux et secouer très fort. Il faut la déclen­cher, la har­ce­ler pour qu’elle se mette à l’ouvrage. S’asseoir et lais­ser venir ne donne jamais rien.
Regardons les choses en face : nous connais­sons tous des moments de grâce, dans notre écri­ture. Mais il n’y a aucun mys­tère là-dedans, aucune fata­lité. En géné­ral, ces moments pro­viennent de bonnes contraintes d’écriture (c’est-à-dire de mau­vaises condi­tions, voir ci-des­sus), d’un cer­tain délai de jeûne lit­té­raire (on écrit mieux quand on n’a pas tou­ché le cla­vier depuis quelques temps) et/ou d’un sen­ti­ment fort (colère, amour, frus­tra­tion…) Aucun mys­tère là-dedans, aucune pseudo-mys­tique bien com­mode. Si on veut écrire beau­coup et bien, il faut se créer les bonnes condi­tions, et ne pas attendre le miracle.

Les bons textes suivent certaines règles

Parce que l’écriture est à la fois un média artis­tique et arti­sa­nal, écrire sans règle n’est pas écrire. Les règles n’ont rien de dic­ta­to­rial : si l’on creuse un peu, si l’on fait l’effort de les exa­mi­ner, on voit bien­tôt leur rai­son d’être. Bien sûr, il est plus facile d’écrire n’importe quoi, et de le reven­di­quer comme un choix. Mais la règle est, pour peu qu’elle soit com­prise et accep­tée, un moteur cent fois plus puis­sant que la liberté pure. Pourquoi ? Parce qu’écrire, c’est ruser, et qu’il faut à l’écrivain des « tu dois » à contour­ner, à détour­ner, pour se réa­li­ser com­plè­te­ment dans sa pra­tique. L’écriture est un art de l’esquive.

Question élégance naturelle, Jojo le Pachyderme avait encore des efforts à faire. Et ne parlons pas de sa manière d'écrire.
Question élé­gance natu­relle, Jojo le Pachyderme avait encore des efforts à faire. Et ne par­lons pas de sa manière d’écrire.

Le génie n’existe pas

Êtes-vous capable de défi­nir le génie ? Moi pas. Et croyez-moi, j’ai essayé. Durant cinq ans, à la faculté. Les défi­ni­tions qu’on m’a don­nées ne col­laient, pour moi, à aucun écri­vain mort ou vivant. Partout où on m’a mon­tré une sur­hu­ma­nité de l’écriture, j’ai vu le tra­vail, j’ai vu le talent. Je n’ai jamais vu le divin.
Les génies n’existent pas. Il y a sim­ple­ment des créa­teurs plus sub­tils, plus élé­gants que les autres, qui ont la noblesse de dis­si­mu­ler leur effort der­rière une appa­rente aisance. En tant que lec­teurs, nous pou­vons goû­ter cette aisance, et cher­cher ce qui se cache der­rière. En tant qu’auteurs, nous pou­vons la recher­cher dans nos écrits.
Mais ne nous décou­ra­geons pas, sous pré­texte qu’il existe des génies et des artistes « stan­dard ».
Il n’y a que les artistes « stan­dard ».

Écrire est un travail de groupe

Soutien moral, relec­teur, cor­rec­teur, conseiller, édi­teur, illus­tra­teur, met­teur en page, impri­meur, relieur, repré­sen­tant, chauf­feur-livreur, libraire, cri­tique lit­té­raire…
Vous êtes écri­vain ? Bien. Êtes-vous aussi tous ces métiers ? Sans excep­tion ? Non, n’est-ce pas ?
Pouvez-vous affir­mer, sans men­tir très fort, que vous êtes la seule per­sonne indis­pen­sable dans la chaîne qui fait votre livre ? Non, n’est-ce pas ?
Certes, vous êtes le ou la soli­taire de l’équipe, le libéro, ainsi que le point d’origine. Mais vous n’êtes pas seul(e), jamais. Un livre est une œuvre com­mune, quelle que soit la for­mule choi­sie ; oui, même dans l’auto-édi­tion, vous ne faites pas tout tout(e) seul(e).
Et fran­che­ment, quand on voit la masse de tra­vail que repré­sente un manus­crit, voilà plu­tôt une bonne nou­velle, non ?


Alors dis-moi, mélo­dieux inter­naute : peut-être es-tu frus­tré ? Peut-être vou­drais-tu que je déve­loppe l’un de ces points ? Ou bien as-tu toi aussi un point de vue ico­no­claste sur l’écriture ?

14 commentaire

  1. Kanata a dit :

    1/ Je n’ai encore jamais connu le « sans contraintes », mais des fois j’aimerais essayer tout de même, juste pour voir l’effet que ça fait 😉

    2/ Je suis d’accord, rien de mystique.

    3/ Carrément ! Il faut savoir jouer avec quelques règles c’est sûr, mais cer­tai­ne­ment pas les bafouer toutes. C’est le meilleur moyen d’être un éter­nel incom­pris, et de le rester…

    4/ Avant j’y croyais peut-être, main­te­nant je sais qu’un roman c’est 90% de tra­vail et 10% de talent, il n’y a pas place au génie. Le seul génie, c’est de pou­voir trou­ver le temps pour bos­ser plus et dans des condi­tions adéquates.

    5/ Je ne sais pas encore… Mais juste à en juger par le béné­fice des bêta-lec­tures, je suis tenté de dire oui.

  2. Oliv a dit :

    Bon, puisque tes cinq pro­po­si­tions sont là pour faire réagir, je me lance — car tu sais bien que, si nos points de vue sur l’écriture se rap­prochent sou­vent, ils ne sont jamais tout à fait raccord.

    Au sujet des contraintes et des règles, nous en avons déjà parlé hors caméra : la notion essen­tielle est pour moi celle du « cur­seur » que tu places très haut au niveau « contraintes et règles » et que je place quelques crans plus bas… Sans pour autant atteindre les bas-fonds du « pas de contraintes, pas de règles » qui ne peut effec­ti­ve­ment rien don­ner de bon.

    Je n’ai rien à redire sur « l’inspiration n’existe pas », ou du moins sur la pré­ci­sion qui suit : j’aime beau­coup l’image de la sale peste qu’il faut savoir domi­ner au lieu de se lais­ser domi­ner par ses caprices.

    En ce qui concerne le génie, je ne suis pas d’accord avec toi, mais cela tient peut-être à une diver­gence sur notre défi­ni­tion du génie. Le génie « roman­tique » lié au divin, je ne peux évi­dem­ment y sous­crire, ne croyant pas au divin. En revanche, je crois aux hommes d’exception, dans tous les domaines, et pas seule­ment artis­tiques. En ce sens, le génie n’a pour moi rien de sur­na­tu­rel, il n’est qu’un talent puis­sance X… Mais encore faut-il ne pas avoir peur du talent, qui me semble être qua­si­ment tabou, notam­ment dans notre sphère lit­té­raire où il n’est ques­tion que de tra­vail, de tra­vail, et par­fois de tra­vail, sau­pou­dré d’un soup­çon de chance car il faut bien qu’un tri s’effectue d’une manière ou d’une autre parmi ces légions de tra­vailleurs modèles et méri­tants. Nous sommes d’accord, aucun de nous n’est frappé par la grâce divine ; pour­tant cer­tains sont doués de faci­li­tés natu­relles, de capa­ci­tés supé­rieures, en tel ou tel domaine… Si bien que j’ai du mal à voir où tu veux en venir avec tes gens « stan­dard ». Mozart pour ce qui est de la musique, Napoléon pour ce qui est de la guerre, Maradona pour ce qui est du foot­ball, seraient pour toi des « gens standard » ?

    Enfin, je conclus avec un chi­po­tage sur le der­nier point : ce n’est pas écrire qui est un tra­vail de groupe, mais publier. Je sais que la chose est en train de pas­ser de mode, mais on peut encore écrire seul, et écrire de bonnes choses, sans avoir une armée de bêta-(voire alpha- !) lec­teurs au-des­sus de notre épaule ; et sur­tout, on peut encore dis­so­cier l’acte d’écrire de celui de publier… Étonnant, non ?

    1. nicolas a dit :

      Mon bon Oliv, je savais que tu ne rate­rais pas un tel sujet !! 🙂

      Pour les règles, j’insiste bien, n’étant pas plus que ça amou­reux des « tu dois » en tout genre : pour que la règle soit bonne, il faut qu’elle ait été com­prise (sa rai­son d’être) et admise (sa légi­ti­mité). Ensuite, d’accord, c’est une ques­tion de curseur.

      Pour le génie : hors du modèle roman­tique, que je conspue, le concept me semble tota­le­ment vide. Je fais bien atten­tion de ne pas par­ler d’« homme lambda », de « mon­sieur tout le monde », mais de « gens stan­dard », c’est à dire qui ont la même chance de départ. C’est un point de pure idéo­lo­gie : je suis per­suadé que nous par­tons tous avec les mêmes chances, en ce qui concerne l’écriture, le foot ou la cueillette de pommes. Certains ont un petit avan­tage, un talent, mais rien de déter­mi­nant, de rava­geur comme le concept de génie. Et tout le reste s’obtient avec le tra­vail. Ce qui peut faire l’illusion de génie est l’aisance d’exécution.

      On peut écrire seul, certes ; si l’on n’est pas pressé de bou­cler son texte (et on peut ne pas être pressé), et si l’on est sûr de soi jusqu’à la der­nière vir­gule. Pour ma part, et c’est je pense le cas de la majeure par­tie des écri­vains, écrire est une lutte constante entre « trop de cer­ti­tudes » et « trop de doutes ». Voilà où un regard exté­rieur, pour peu qu’il soit avisé, per­met de se sor­tir soi-même de cette spi­rale infer­nale. Un regard, un esprit de syn­thèse, une autre culture, un autre vécu qui se penche sur ton texte, voilà ce qui peut lui don­ner, sou­vent, toute la force qui lui manque. Pas besoin de quinze bêta-lec­teurs, pas besoin d’écumer les forums pour ça. L’essentiel est d’en trou­ver un bon, et de savoir ensuite faire le tri dans ses remarques. C’est plus com­plexe qu’écrire tout seul dans son coin, mais qui a dit que l’écriture était simple… ?

  3. Oliv a dit :

    Mon bon Nicolas, sur cette his­toire de talent et de génie nous ne sommes donc pas d’accord et ne le serons sans doute jamais, s’il s’agit d’une pure ques­tion d’idéologie. Il me semble obser­ver tous les jours des faits allant dans le sens de ce que je crois, mais j’imagine que c’est la même chose de ton côté, et plus glo­ba­le­ment pour tous ceux qui croient en quelque chose, qu’il s’agisse de la Sainte Trinité, des extra­ter­restres ou du phlogistique.

    Je suis davan­tage gêné par un ton affir­ma­tif comme celui de Kanata : « Je sais qu’un roman c’est 90% de tra­vail et 10% de talent »… On dirait une recette de gâteau imman­quable même par les plus mau­vais cuis­tots. Quant à moi, je crois savoir qu’un roman est par­fois consti­tué de 50% de talent et de 50% de tra­vail, par­fois de 90% de talent et de 10% de tra­vail, et par­fois, en effet, de 90% de tra­vail et de 10% de talent, ainsi que de mille autres com­bi­nai­sons dans les­quelles appa­raissent sans doute d’autres ingré­dients que tra­vail et talent. En outre, je crois avoir lu des auteurs dont les pre­miers jets étaient cent fois meilleurs que les textes sans cesse retra­vaillés par d’autres auteurs — moins talen­tueux selon mes cri­tères, mais peut-être moins tra­vailleurs si j’en crois l’équation de Kanata…

    Bref, je suis moi-même un auteur qui passe énor­mé­ment de temps à retra­vailler mes écrits, et c’est quelque chose que je ne remet­trai jamais en cause… Mais ce dogme actuel selon lequel le tra­vail est de très loin la valeur la plus impor­tante dans l’écriture — et son coro­laire éga­li­ta­riste : n’importe quel pékin peut deve­nir un bon auteur s’il s’en donne la peine — me fait froid dans le dos.

    Enfin, pour ce qui est de l’écriture « acti­vité de groupe », là encore je ne nie pas l’importance que peuvent avoir un ou plu­sieurs bons relec­teurs. J’en ai moi-même connu quelques-uns au cours de mes péré­gri­na­tions et je les remer­cie de m’avoir ponc­tuel­le­ment aidé sur tel ou tel détail de mes écrits. En revanche je n’ai jamais ren­con­tré LE relec­teur indis­pen­sable tel que tu l’avais décrit, si mes sou­ve­nirs sont exacts, dans une pré­cé­dente note de ce blog. Cela m’aurait peut-être été pro­fi­table. Ou pas, je n’en sais fich­tre­ment rien. Mais comme pour les affir­ma­tions au sujet du talent et du tra­vail, les affir­ma­tions selon les­quelles un auteur qui ne passe pas auto­ma­ti­que­ment par une phase de bêta-lec­ture n’est pas un auteur sérieux, ont ten­dance à me faire grin­cer des dents, pour ne pas dire davantage.

    Ce qui fait que ta der­nière « pro­po­si­tion aga­çante », pour être cor­recte, devrait être : « Publier est un tra­vail de groupe / Écrire peut être un tra­vail de groupe »… Mais elle est tout de suite moins aga­çante ainsi, ce qui n’est pas for­cé­ment le but, n’est-ce pas ?

    1. nicolas a dit :

      Mon bon Oliv, le corol­laire éga­li­ta­riste, à tout prendre, me semble moins gênant que le cli­ché élitiste…

      Pour l’aspect facul­ta­tif des lec­teurs (qu’ils soient bêta ou plus futés), je ne peux que t’opposer dix ans de pra­tique et d’observation sous tous les angles de cette bête étrange qu’est l’écrivain. Et je le pré­cise et le répète : les écri­vains qui ne se font pas aider (à condi­tion que l’aide soit bonne) vont moins loin et/ou moins vite que les autres.

      Maintenant, je sais aussi ce que tu es capable d’écrire. Et je dois admettre, sans aucune flat­te­rie, que tes propres textes se passent de conseils. Ils ont des défauts, certes, mais bien loin des fai­blesses habi­tuelles. Tu as atteint (en te fai­sant secrè­te­ment aider ? En égor­geant des poules noires ?) un niveau d’écriture, dans ton coin, tout à fait impres­sion­nant. Donc, je suis confus.

  4. lael a dit :

    « les bons textes suivent cer­taines règles » : quelles règles ? Parce qu’on peut pas dire qu’il existe une « école d’écriture » qui nous dise « faites ceci et pas cela ». Je crois qu’on se forme à peu tous sur le tas. Donc on crée nos propres règles (même si on s’inspire de nos lec­tures, consciem­ment ou non).
    Par contre si par règles tu entends : ortho­graphe cor­recte, maî­tri­ser le sus­pens, pré­sen­ter les per­son­nages et le contexte, pré­ci­ser qui parle dans un dia­logue etc, là d’accord ^^

    1. nicolas a dit :

      Quelles règles ? Celles que je rappelle
      ici
      , par exemple, ou
      ici

      Pour moi cer­taines règles ont une valeur de bon sens, et je me moque de leur aspect coer­ci­tif ou de leur lourde héré­dité. Du moment qu’elles sont tou­jours per­ti­nentes avec notre lan­gage moderne, et qu’elles ont une uti­lité évi­dente, je prends.

      Quand j’ai appris la reliure, j’ai trouvé rébar­ba­tives toutes les pré­cau­tions, toutes les opé­ra­tions inter­mé­diaires. Je vou­lais aller vite, arri­ver tout de suite à l’emboîtage, à la découpe du cuir… Et puis j’ai fait des livres qui tom­baient en loque, ou qui étaient tel­le­ment mal fichus qu’on n’arrivait pas à les ouvrir. Alors, j’ai com­pris pour­quoi il fal­lait bien mesu­rer les pièces, soi­gner son faux-dos, mar­te­ler en dou­ceur, pré­pa­rer de la colle à la bonne consis­tance etc.

      Pour l’écriture, c’est pareil. Même si le terme « règle » devient vague­ment tabou, je le reven­dique 😉 Mais je pense qu’on se com­prend, Lael, puisque l’énumération que tu donnes à la fin cor­res­pond tout à fait à ce que je pense…

  5. Oliv a dit :

    Je ne reviens pas sur notre oppo­si­tion « éli­tisme » contre « éga­li­ta­risme », qui ne nous a pas attendu pour divi­ser les gens de bien puisqu’elle date au moins de la Rome Antique et des Optimates contre les Populares…

    En revanche je sou­ligne un point qui me semble inté­res­sant : tu dis que se faire aider dans son écri­ture peut per­mettre d’aller plus vite… Et c’est effec­ti­ve­ment quelque chose que j’ai sou­vent eu l’occasion de remar­quer. J’avais d’ailleurs évo­qué la ques­tion dans une de nos conver­sa­tions, si tu t’en sou­viens, en assi­mi­lant une com­mu­nauté de bêta-lec­teurs bien connue à un contai­ner et les auteurs à un régime de bananes. Je suis donc d’accord, être bien entouré en tant qu’auteur peut per­mettre de pro­gres­ser plus vite dans son écri­ture… Mais pour quoi faire ? Je crois que je ne fais défi­ni­ti­ve­ment pas par­tie de cette époque et de cette civi­li­sa­tion où tout le monde veut tout, tout de suite.

    Pour ce qui est de mon « niveau d’écriture » qui te rend confus, pas de poules noires à l’horizon, navré. En fait je crois sim­ple­ment avoir un cer­tain talent — ouh le vilain mot ! — que j’entretiens régu­liè­re­ment par un tra­vail régu­lier, car au même titre que le tra­vail sans un mini­mum de talent ne mène à rien, le talent sans un mini­mum de tra­vail ne mène à rien non plus. Depuis près de quinze ans que j’écris plus ou moins sérieu­se­ment, j’ai pro­gressé à mon rythme, sans cher­cher à brû­ler les étapes. Je ne pré­tend pas être un modèle, mais c’est une façon de faire qui ne me semble pas trop mau­vaise, non ?

    1. nicolas a dit :

      Oui, aller len­te­ment a ses ver­tus, je suis bien d’accord. D’autant plus qu’en matière d’écriture et de publi­ca­tion, les cir­cons­tances se chargent de nous don­ner des rai­sons de patienter.

      Pour la ques­tion de l’élitisme/égalitarisme, et sans vou­loir ren­trer dans l’ergotage phi­lo­so­phique, je ne me situe pas comme éga­li­ta­riste. Je suis éli­tiste, pour peu que n’importe qui ait une simple chance d’y arri­ver, et que cela ne dépende pas de l’inné ou d’une déci­sion divine.
      En clair : je crois que les écri­vains n’atteignent pas tous un niveau for­mi­dable, mais ceux qui me demandent de l’aide, et qui sont prêts à jouer le jeu, je sais que je peux les faire net­te­ment progresser.

  6. Herssé a dit :

    Bonjour,

    En pré­am­bule je ne trouve pas « aga­çantes » vos pro­po­si­tions sur l’écriture, je les défi­ni­rais plu­tôt comme pro­po­si­tions « stimulantes ».
    Stimulantes dans le sens « sti­muli » car elles nous font réagir par une appro­ba­tion ou un désa­veu. Stimulantes, dans le sens « moti­va­tion » car elles nous donnent l’envie de faire mieux, d’aller plus loin dans notre démarche d’écriture.
    Sur le pre­mier point, mon sti­muli approuve : je ne peux écrire que dans la contrainte.
    Sur le deuxième point : l’inspiration, je pense qu’il n’y a pas de moment de grâce ou de contrainte favo­ri­sant son émer­gence. L’inspiration se nour­rit de nos expé­riences de la vie, de nos lec­tures, de notre capa­cité d’étonnement.
    Quant aux règles, elles sont incon­tour­nables. Imaginez une musique sans solfège…
    Bien sûr, le génie n’existe pas, comme la per­fec­tion. Parler « d’apparente aisance » me convient mieux.
    Pour ce qui est de l’écriture de groupe, j’en suis convaincu. Je l’ai pra­ti­qué par un exer­cice d’écriture à quatre mains. Exercice très sti­mu­lant, j’ai eu la grande chance de trou­ver un co-auteur dis­po­nible au style très com­plé­men­taire au mien. Et ensuite, quel bon­heur de trou­ver une bonne âme pour relire mes textes, appor­ter un autre regard sur mes nouvelles.
    Concernant l’édition jusqu’ici ne pas oser fran­chir le cap, peut-être par doute ou mécon­nais­sance totale de ce circuit.
    J’ai tou­te­fois tenté l’expérience d’une autoé­di­tion sur le site de lulu.com, ne serait-ce que pour maté­ria­li­ser les textes écrits sur feuilles volantes.

  7. ezio a dit :

    Pour moi le talent de l’écrit, c’est le jour où les gens nous lisent sans las­si­tude, et ca peu importe le lan­gage que l’on utilise.….Qui peut nous inter­dire de mettre un « merde ou un fait chier » ? L’écriture est un don, une phi­lo­so­phie, et cha­cun dompte les mots comme il le souhaite !

    1. nicolas a dit :

      « Qui peut nous inter­dire de mettre un « merde ou un fait chier » »

      Personne, en effet. La seule loi pour moi doit être celle de l’illu­sion romanesque
      illu­sion romanesque
      . Si on trou­vait un « merde » ou un « fait chier » dans un texte de Chateaubriand, ça ferait cris­ser des maxillaires.

Laisser un commentaire