Ce que vous allez apprendre dans cet article :

  • L’état des recherches en écri­ture robotique
  • Aiguiser un brin votre esprit critique…

« Écrire un roman va bien­tôt prendre un autre visage ; il semble bien que la lit­té­ra­ture se trouve au seuil d’une nou­velle ère » explique James Dahl, res­pon­sable du pro­jet Logos à l’université du Massachusetts (MIT). Les liseuses, le livre numé­rique ? Le Pr Dahl les balaye d’un geste. Plusieurs per­cées récentes, en effet, dans le domaine des pro­ces­seurs (5 Ghz) ou de l’intelligence arti­fi­cielle, relancent le pro­jet Logos, qui vivo­tait depuis une dizaine d’années.

Programmer une machine moche pour ecrire un roman à sa place? Bientôt une réalité...
Logos : pour le style, il ne craint per­sonne, mais pour le dan­dysme, il repassera…

Logos sait écrire un roman érotique !

Techniquement, l’appareil n’a pas encore l’élégance d’un iPad ou d’une Smart Forfour. Et pour­tant, le pro­to­type Logos en a sous la pédale ! Jugez plutôt :

  • 20 styles d’écrivains prédéfinis
  • 6 grands genres pré­pro­gram­més (roman sen­ti­men­tal, space opera, fan­tasy, roman de gare, conte éro­tique et même, excu­sez du peu, « Nouveau Roman »)
  • géné­ra­teur de scé­na­rio à 3 sous-intrigues
  • dic­tion­naire de 100000 mots
  • 3 leviers d’action en temps réel : « figh­ting », « crying » et « love »

Les der­niers essais avec le pro­to­type Logos ont été diver­se­ment concluants, mais le Pr Dahl estime que « ce que la machine pro­duit devient tout à fait publiable. Nous avons d’ailleurs déjà lancé, sous une fausse iden­tité d’écrivain, quelques romans dans les librai­ries. Et je dois dire que ques­tion ventes, nos écri­vains vir­tuels se débrouillent pas trop mal… »

Le robot à écrire un roman : un marché en or
RWR 64 « Droïde », le robot à écrire un roman : un mar­ché en or

L’intérêt de rem­pla­cer de vrais écri­vains par des machines auto­ma­ti­sées ? « L’écrivain élec­tro­nique, confie Susanna Zerty, char­gée de la pro­gram­ma­tion dans l’équipe du MIT, est avant tout éco­no­mique. Là où écrire un roman pre­nait par­fois un an, deux, ans dix ans, avec le risque qu’il ne soit jamais ter­miné, Logos peut vous fice­ler un texte hono­rable en une semaine de cal­culs. Nous espé­rons d’ailleurs, dans la ver­sion com­mer­ciale, rame­ner ce délai à quelques heures. Imaginez le gain de temps pour un écri­vain ! Il pourra faire du sport, regar­der la télé, trou­ver des par­te­naires sexuels, par­tir en voyage… Une libé­ra­tion totale ! Une révolution ! »

Un droïde qui se tait et qui écrit

Le Logos n’est d’ailleurs pas le seul « écri­vain élec­tro­nique » en cours de déve­lop­pe­ment. L’Université de Pékin étu­die son propre « auto-conteur », dont on sait encore peu de choses, et le Japon explore, de son côté, la voie du robot avec « Droïde », un huma­noïde doré, en clin d’œil à la Guerre des Étoiles. Droïde sera capable, à terme, de rédi­ger des haï­kus, des romans trash, et de des­si­ner des man­gas. Il pourra en outre être per­son­na­lisé par son pro­prié­taire ; un module logi­ciel per­met­tra de l’emmener dans les salons du livre pour dédi­ca­cer ses propres ouvrages. On ima­gine encore mal l’allure des salons du livre de demain…

Une démarche qui inquiète quelques ron­chons, amé­ri­cains, bri­tan­niques ou même fran­çais. Ainsi, explique Théo Blase [1] : « Les tra­vaux du MIT sont de la pure conne­rie. Ils vont cas­ser le mar­ché ! Imaginez ce que ça don­nera, si Logos est com­mer­cia­lisé un jour : n’importe qui pourra pas­ser à la télé en pré­ten­dant avoir écrit un livre ! » Le col­lec­tif Rotten Fish étu­die d’ores et déjà un mora­toire euro­péen sur les « machines à écrire » du XXIe siècle, avec toutes les fra­gi­li­tés géo­gra­phiques que cela com­porte.
La bataille pour le roman auto­ma­tisé ne fait que commencer…


Et toi, orga­nique inter­naute, com­ment accueilles-tu l’arrivée des pre­miers écri­vains auto­ma­tiques ? Comment as-tu réagi en appre­nant leur existence ?

[1] prix du Vrai Roman 2011 et pré­sident fran­çais de l’association mon­diale Rotten Fish, dédiée à la « lutte contre toute forme d’écriture assis­tée par la machine »

12 commentaire

  1. Kanata a dit :

    Personnellement, j’ai déjà tout à fait l’impression d’être un robot quand j’écris, ma famille aussi d’ailleurs…

  2. Oliv a dit :

    C’est sacré­ment fourbe de ta part, un pois­son d’avril le jour de Pâques, une semaine après le pre­mier avril ! C’est quoi la pro­chaine étape ? Des lapins en papier col­lés dans le dos de tes petits cama­rades à Noël ?

    N’empêche, un ins­tant j’y ai cru, à tes bêtises…

  3. florent a dit :

    Franchement là j’émets un gros doute, voire je n’y crois pas du tout. Je ne sais pas si c’est le per­plexe qui le dis­pute à la frus­tra­tion, mais fran­che­ment je n’ose pas y croire. Je ne pense pas qu’une machine, avec autant de styles pré­dé­fi­nis soit-elle, puisse rendre l’âme humaine. N’étant pas quelqu’un qui refuse le pro­grès par prin­cipe je ne vais pas com­men­cer à le faire parce que le sec­teur me touche. Qui vivra verra, mais bon…

    Florent de
    http://www.florentmarotta.com

  4. Tom a dit :

    Pour ma part, même si je suis dans le domaine infor­ma­tique, je trouve que c’est une vaste blague. J’ai du mal à croire qu’un jour une machine soit réel­le­ment capable de créer une intrigue cohé­rente et tout le reste qui est néces­saire pour écrire une oeuvre de A à Z…
    De plus, si j’ai bien com­pris ce n’est que du reco­piage, vu que la machine a comme option le style d’écriture, elle ne peut refaire que ce qu’elle connait, il n’y a aucune création.
    Mais si ce n’est pas un canu­lar, j’aimerais vrai­ment pou­voir ana­ly­ser le logi­ciel qu’ils développent.

    1. nicolas a dit :

      Eh bien oui, vous l’avez peut-être deviné, c’était sur­tout une grosse intox. Il y avait d’ailleurs plu­sieurs indices… Sans rancune ?

  5. Tom a dit :

    Je me suis posé la ques­tion, mais après j’ai regardé la date et j’ai vu que c’était pas un post du pre­mier avril alors bon j’ai répondu sérieusement…
    Bien joué. Comme quoi quand c’est pas le pre­mier avril on se fait plus avoir, enfin pour ma part en tout cas, 😉

  6. lael a dit :

    ah ben je me suis bien fait avoir, tout l’article j’avais la mâchoire pen­dante ! Moi ça me parait cré­dible, jveux dire, le résul­tat don­nera un tor­chon for­maté mais quand même, en ima­gi­nant com­ment l’IA peut se développer…

    N’empêche y’a une super idée pour un texte d’anticipation là !! Imaginez le tollé, l’invasion des textes « robots », le fait qu’ils prennent le mar­ché des œuvres com­mer­ciales, et au final, les écri­vains recon­nus pour être les seuls vrais auteurs qui savent faire de la vrai lit­té­ra­ture même s’ils doivent pas­ser par le mar­ché noir ou avoir des prix prohibitifs !

    O là là si t’es d’accord (la blague de départ est ton inven­tion après tout ?) jvais noter ça quelque part, j’en ferai ptet une nou­velle un jour.

    1. nicolas a dit :

      Pour tout dire, mon texte est parti d’une nou­velle de R. Dahl (un des per­son­nages porte son nom d’ailleurs, mais per­sonne ne l’a remarqué 😉 ).

      J’ai cher­ché comme un fou la source de cette nou­velle, pour le glis­ser dans l’article, mais je ne l’ai pas retrouvée.

      Cela dit, l’idée que tu pro­poses est net­te­ment dif­fé­rente de la nou­velle de Dahl. Tu as donc ma béné­dic­tion pour en tirer un texte de ton cru. Et n’oublie pas de nous tenir au cou­rant de son avenir..

    2. nicolas a dit :

      ça y est, j’ai trouvé ! il s’agit de la nou­velle de Roald Dahl « La grande gram­ma­ti­sa­trice auto­ma­tique », publiée dans le recueil Bizarre ! Bizarre !

  7. Zed a dit :

    Cousu de fil blanc. Dès le début on voit bien qu’avec une telle machine (à coudre, donc) sor­tie de l’ère mini­tel­lienne, l’annonce est un authen­tique fake.

    Quoique…

    J’ai envie d’ajouter qu’en fait, la réa­lité dépasse la fic­tion, cer­tains d’entre vous connaissent sûre­ment déjà le « pipo­tron », machine à géné­rer des phrases creuses :
    http://www.pipotron.free.fr/

    Et pour ceux qui trempent dans le monde scien­ti­fique, un autre auto­mate plus éla­boré qui a déjà donné le change à des confé­rences dont le pro­ces­sus de relec­ture s’en voit plus qu’égratigné :
    http://pdos.csail.mit.edu/scigen/

    Osons un essai (et même plu­sieurs, car vous n’obtiendrez pas 2 fois le même résultat) :
    http://apps.pdos.lcs.mit.edu/cgi-bin/scigen.cgi?author=Rocco+Siffredi&author=Pamela+Anderson&author=Patrick+Juvet&author=Homere+Simpson&author=Le+facteur+Cheval
    La machine à rédi­ger des mau­vais romans existe peut-être déjà.

    Sinon, j’aime bien ce site, ses articles (celui-ci aussi éga­le­ment), en espé­rant que cela puisse encou­ra­ger notre conseiller littéraire 😉

    Zed.

    1. nicolas a dit :

      Pour le pipo­tron, je l’avais signalé moi aussi dans les pages les plus obs­cures du blog :
      Pipotron : un géné­ra­teur de texte rigolo

      Et merci pour l’exemple de géné­ra­teur d’article. J’aime beau­coup les rédac­teurs que tu as ras­sem­blés là. On ima­gine la réunion d’équipe scien­ti­fique du lundi matin…

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