Ce que vous allez apprendre dans cet article :

  • Ce que le conseiller lit­té­raire peut vous apporter
  • Le plai­sir d’a­voir un lec­teur pro pour vous épauler

Savez-vous vrai­ment ce que pro­pose un conseil édi­to­rial ? Voici 9 rai­sons d’en cher­cher un, et un bon !

Conseiller lit­té­raire, conseil édi­to­rial… Le mot est à peu près expli­cite, la fonc­tion… pas si évi­dente. Dans une ques­tion que l’on me posait encore hier, j’ai pu mesu­rer l’étendue de la mécon­nais­sance du sujet.

La ques­tion était simple : « J’ai fait revoir mon texte par un conseiller lit­té­raire, il m’a fait des remarques et donné des pistes et main­te­nant, je n’ose plus y tou­cher. Je n’ai plus l’impression que c’est le mien. »

Pourquoi deman­der l’avis d’un pro­fes­sion­nel ? Comment, ensuite, s’en ser­vir ? Des élé­ments de réponse ont déjà été don­nés à plu­sieurs endroits du blog. En voici d’autres, avec un petit point sur la question.

1. Tout texte est perfectible

Un texte lit­té­raire n’est pas une chose finie et par­faite. Sur cette ques­tion, les très jeunes auteurs sont les plus dif­fi­ciles à convaincre. Lorsqu’ils prennent un peu de bou­teille, ils se rendent compte en géné­ral de leurs points faibles, et de la valeur que repré­sente un œil exté­rieur, objec­tif et équi­valent à celui du lec­teur.

2. L’objectivité n’a pas de prix

Votre conseiller vous offre un peu d’objec­ti­vité, ce qui, en écri­ture, est un bien raris­sime. Il est, peut-être même, le seul sur lequel vous appuyer pour savoir ce que vaut vrai­ment votre texte à l’instant T.

3. Implication

Un conseiller lit­té­raire peut vous aider dans vos démarches (voir ici ou ici) mais seule­ment s’il connaît bien votre texte ; s’il a contri­bué à son amé­lio­ra­tion. Vous ne pou­vez pas lui deman­der de pré­pa­rer votre dos­sier de sou­mis­sion ou un lis­ting d’éditeurs, si vous déniez toute légi­ti­mité à ses avis.

Faire appel à conseil éditorial, une question épineuse ?
Faire appel à conseil édi­to­rial, une ques­tion épineuse ?

4. Le conseil éditorial : votre guide dans le monde de l’édition

Il vous éclaire sur ce monde que vous ne connais­sez pas, et dans lequel vous arri­vez sou­vent avec des idées reçues : l’édi­tion. Exemples : « la ligne édi­to­riale c’est du bidon » « l’auto-édition, c’est la liberté. »…

5. Travail sur soi

Un conseiller lit­té­raire ne veut pas vous décou­ra­ger ou vous déses­pé­rer. Ses avis seront peut-être durs, mais le métier d’écrivain s’apprend. Votre conseiller est là pour repé­rer vos dif­fi­cul­tés et vous conseiller sur les points à tra­vailler (exemple : ici et ici). C’est, au fond, comme un nutri­tion­niste : il exa­mine votre régime et vous indique ce que vous pour­riez chan­ger pour aller mieux, en accord avec votre mode de vie. A vous ensuite de faire le tra­vail pour chan­ger… ou pas.

6. Montrer

Êtes-vous prêt à être lu ? Vous n’imaginez même pas à quel point votre lec­teur, n’importe lequel, va trans­for­mer, en pen­sée, ce que vous lui racon­tez. C’est un fait contre lequel vous ne pou­vez rien. Votre conseiller lit­té­raire, qui se place en quelque sorte en « super-lec­teur », vous ren­verra ce genre de réac­tion. Il n’a pas vu les choses comme vous les racon­tiez ; et tant mieux ! Il vaut mieux que ce soit lui qui repère les pro­blèmes, qu’un édi­teur, avec le pou­voir de dire oui ou non, ou un jour­na­liste, qui aura le pou­voir de faire et défaire votre réputation.

7. Accueillir le changement

Êtes-vous prêt à chan­ger ? Si non, un conseiller lit­té­raire ne vous ser­vira à rien, sauf à vous frus­trer, comme le remar­quait le com­men­ta­teur à l’origine de cet article.

8. Travailler encore

Êtes-vous prêt à tra­vailler (encore) ? Si non, inutile de cher­cher un conseiller lit­té­raire ; votre conseiller forme avec vous un duo, un binôme. Vous n’avancerez pas si vous refu­sez a priori votre part de tra­vail. Imaginez que vous allez dans un club de fit­ness pour perdre quelques kilos : est-ce que vous vous sen­ti­rez sur­pris lorsque le coach vous mon­trera le rameur et vous dira « main­te­nant, on rame » ?

9. Faire des compromis

Êtes-vous prêt à être contre­dit ? Depuis le pre­mier mot écrit jusqu’au der­nier exem­plaire vendu, un livre est affaire de com­pro­mis. Vous, auteur, vous devrez com­po­ser avec les limi­ta­tions du lec­teur, avec les envies et les com­pé­tences de l’équipe tech­nique (édi­teur, gra­phiste, ban­quier…), mais aussi avec notre pauvre voca­bu­laire et notre langue bien impar­faite… Autant d’occasions de fric­tions, de débats, et de consen­sus. Êtes-vous prêt pour cela ? Si non, le mieux reste peut-être d’oublier votre pro­jet au fond de votre mémoire, et de vous tour­ner vers une acti­vité vrai­ment indé­pen­dante, comme… comme laquelle, au fait ?

Pour conclure

Ce tour de ques­tions vous a‑t-il aidé ? Vous avez des objec­tions à faire ? Allez‑y, n’hésitez pas. Le conseil lit­té­raire est une belle ques­tion, qui mérite mûre réflexion.

En atten­dant, vous qui avez reçu un conseil pro et ne savez quoi en faire, je vous conseille le petit exer­cice sui­vant : pre­nez deux-trois pages de votre texte. Ne dites rien à per­sonne. Réécrivez-les, en sui­vant hon­nê­te­ment les conseils qu’on vous a don­nés. Trois pages, pas plus. Puis com­pa­rez, tou­jours en toute hon­nê­teté, les deux textes. Franchement, cette nou­velle ver­sion (qu’elle soit meilleure ou pire que la pre­mière), est-elle moins la vôtre que la pre­mière ? Ce nou­veau texte n’est-il pas pas riche­ment, fon­da­men­ta­le­ment, lui aussi, à vous ? Faites le test !
Et si vous n’êtes tou­jours pas convaincu, rap­pe­lez-vous une der­nière chose : sur les ques­tions lit­té­raires, la déci­sion finale vous revien­dra toujours.


A toi de par­ler, ren­ver­sant inter­naute : quelle est la place des conseils dans ton écri­ture ? As-tu atteint la limite des conseils « amateurs » ?

10 commentaire

  1. Eva a dit :

    Un avis exté­rieur, c’est effec­ti­ve­ment très pré­cieux, d’autant plus s’il est sin­cère et objec­tif. Mais à quel point un conseiller lit­té­raire est-il franc ? Se per­met-il vrai­ment une cri­tique sans merci ? Oserait-il avouer à un débu­tant que son roman est à des années de tra­vail d’être publiable ? Ou qu’il est plus rai­son­nable de se conten­ter d’auto-édition ?
    Si je déci­dais de consul­ter un conseiller lit­té­raire, ce serait aussi pour savoir à quel point ma route est longue, avant d’obtenir une œuvre potable. Or, si l’encouragement fait par­tie de son rôle, je l’imagine mal m’annoncer : « Contentez-vous d’écrire pour le plai­sir. Vous n’avez pas la car­rure d’un écri­vain pro­fes­sion­nel. » Et pour­tant, c’est bien le genre de chose qu’il serait utile de savoir pour ne pas se voi­ler la face.
    Et par pitié, ne me dites pas que tout le monde peut y arri­ver, à condi­tion de tra­vailler suf­fi­sam­ment ! En théo­rie, c’est peut-être vrai, mais en pra­tique, notre temps est limité…

    1. nicolas a dit :

      Je ne sais pas com­ment font les confrères, j’imagine que nous par­ta­geons une même déon­to­lo­gie. Pour ma part, j’ai récem­ment fait savoir à un auteur que son texte ne trou­ve­rait jamais d’éditeur, et qu’il pou­vait à la limite pio­cher dedans pour com­po­ser quelque chose qui ren­trait plus dans les limites du roman.

      Quant à la ques­tion du temps et de l’effort, je vous ferai une réponse de ber­ger, chère ber­gère : si vous avez le temps, vous sau­rez déployer vos efforts. Donc oui, tout le monde peut y arri­ver, à condi­tion d’avoir le temps. Le rôle d’un conseiller lit­té­raire est de vous faire gagner un maxi­mum de ce temps. Un conseil sur votre pra­tique, sur vos défauts d’écriture, peuvent vous faire gagner des années de tâton­ne­ments, d’impasses et vous évi­ter une bonne par­tie des refus « secs »…

  2. Plume a dit :

    Merci pour cet article
    Je crois que le plus dur est de réa­li­ser que le tra­vail n’est pas fini quand on finit son pre­mier jet mais ne fait en fait que commencer.
    Le mieux est de lais­ser décan­ter , je pense , lais­ser murir avant de prendre sa plume.
    Je ne sais com­bien de temps il faut consa­crer à la ré-écri­ture d’un texte, mais pour avoir entamé le tra­vail sur mon pre­mier roman, je sens que le plai­sir vient au fur et à mesure et que je ne suis cer­tai­ne­ment pas au bout de mes cor­rec­tions. Je me découvre per­fec­tion­niste et il y aura cer­tai­ne­ment un autre jet et pro­ba­ble­ment un autre encore.
    Le mot de la fin sera dicté par mon por­te­feuille, car mon binôme, le conseiller lit­té­raire , coute pas­sa­ble­ment cher. Mais qu’à cela ne tienne, je me rabat­trais sur des bêta lec­teurs qui n’auront pas connu la pre­mière ver­sion, donc pas influencés.
    Au fait, on en trouve ou ?

    1. nicolas a dit :

      Où en trouve-t-on ? Difficile à dire… Faites confiance au hasard, au rela­tion­nel, et fré­quen­tez les salons, les évé­ne­ments lit­té­raires. N’y allez pas avec des inten­tions trop arrê­tées. Laissez les choses venir, pre­nez plai­sir à échan­ger, à dis­cu­ter sur l’écriture…

  3. Eva a dit :

    C’est très inté­res­sant, merci pour ces pré­ci­sions. Apparemment, mes doutes ne sont pas fon­dés et c’est tou­jours bon à savoir.

    Réponse de ber­ger judi­cieuse, j’avoue ne pas avoir pensé à l’aspect gain de temps. Pour un peu, je serais presque convaincue. 😉

  4. françoise a dit :

    Bonjour,
    Faire appel à un conseiller lit­té­raire, et au plus d’aides pos­sibles, sur­tout lorsqu’on débute (me semble-t-il), oui et encore oui. Des per­sonnes com­pé­tentes qui pour­ront nous aider dans le dédale de l’écriture et de l’édition, mais à quel prix ?
    Car le pro­blème est l’argent. Comment inves­tir alors qu’on n’est pas sûr du résul­tat (ça serait trop beau 🙂 ?
    J’aimerais que quelqu’un de com­pé­tent me lise (et si pos­sible ne me dise pas que c’est bon à jeter) mais récu­pé­re­rai-je ma « mise » ?
    Et puis, c’est vrai com­ment choi­sir ?…fré­quen­ter les salons, lais­ser le hasard faire les choses quand on n’est pas du tout dans ce milieu parce qu’on ne peut écrire qu’au petit matin avant le bou­lot et que les enfants se réveillent… ça semble impossible..
    Bref, un méli mélo de ques­tions, qui sont très réelles, mais qui en cachent peut-être une seule : suis je prête à me mettre en danger

    1. nicolas a dit :

      Effectivement, la ques­tion fon­da­men­tale qu’il y a der­rière est sans doute « Êtes-vous prête ? »
      Le propre d’un inves­tis­se­ment est de prendre un risque… Comparez le métier d’auteur à un métier proche (en termes de pra­tique et de débou­chés) : l’illustrateur. Lui est bien obligé d’investir dans du maté­riel (petits tubes de cou­leur, pin­ceaux, tablette gra­phique, gros Macintosh qui prend tout le bureau…)
      L’investissement est per­ti­nent lorsqu’il ne per­met pas seule­ment d’améliorer un seul texte, mais toute sa pra­tique d’écriture.
      Pour ma part, j’entends sou­vent cette remarque sur le prix. Je suis en train d’étudier une pres­ta­tion de base, qui per­met­tra pour un prix modeste à chaque auteur d’avoir toutes les cartes en main pour amé­lio­rer sa pratique…

  5. lael a dit :

    je me pose la même ques­tion que Plume en fait, je me demande bien où trou­ver cette bête curieuse. Est ce un métier à part entière d’ailleurs ? Ont il fait une for­ma­tion ou je ne sais quoi ? A par­tir de quel moment peuvent ils dire « je suis un conseiller lit­té­raire » ? (j’ai trou­vés quelques infos sym­pas sur la toile, juste en tapant « conseiller lit­té­raire » dans la barre de recherche. Mais j’aimerai quand même votre avis ^^)

    Ah et impor­tant, c’est quoi un agent littéraire ?

    J’ai du mal avec l’idée d’avis « objec­tif » sur un texte ! Ce serait tout un débat à faire. Par contre d’accord, on peut par­ler d’objectivité sur ce qui est publiable parce que ces conseillers and co s’y connaissent (et encore, je suis sûre qu’il y a des sur­prises. Quand je vois cer­tains livres, ciel ! )

    Dernier point : déni­cher un conseiller quand on est prêt à reprendre notre texte, donc, et accep­ter le chan­ge­ment et la cri­tique. Mais quand commencer ?
    jveux dire, j’imagine que si j’estime mon texte publiable, que je l’ai réécrit encore et encore avant de contac­ter un conseiller, je serais au bout du rou­leau et je n’accepterais pas de tra­vailler encore des­sus, sur­tout si tout est à reprendre ! A l’inverse si j’estime qu’il ya bcp de tra­vail à faire des­sus et que je n’ai effec­tué que des cor­rec­tions de sur­face, je ne vais pas oser le pré­sen­ter, et je pense que j’aurai du mal à accep­ter la cri­tique que je sais au com­bien juste (para­doxal je sais XD).

    1. nicolas a dit :

      J’ai peut-être mal com­pris la der­nière remarque de Plume, je pen­sais qu’elle par­lait des bêta-lecteurs…

      Si vous cher­chez un conseiller lit­té­raire, eh bien vous l’avez en face de vous (enfin, par écrans inter­po­sés) ! Nous sommes en effet assez rares en France. L’agent lit­té­raire est simi­laire au conseiller édi­to­rial ou lit­té­raire, avec un fonc­tion­ne­ment un peu dif­fé­rent, puisque l’agent fonc­tionne au pour­cen­tage sur les ventes, comme vous-même, auteur, ou comme votre illustrateur.
      En ce qui me concerne, même si je pro­pose aussi, bien sûr, des ser­vices pour amé­lio­rer l’efficacité de votre cam­pagne de sou­mis­sion, je suis d’abord là pour vous aider à mettre, ou remettre, votre texte sur pied, à déce­ler ce qui pour­rait gêner un édi­teur. J’essaie de ne pas pro­po­ser des tarifs pha­rao­niques. Si vous avez un besoin pré­cis, n’hésitez pas à me contac­ter en privé 😉

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