Ce que vous allez apprendre dans cet article :

  • Jeux de pastiches
  • Les cli­chés scé­na­ris­tiques d’une ving­taine d’é­cri­vains connus

Les pas­tiches c’est fas­toche ! Cette semaine, je vous tra­duis un article fort inté­res­sant et quelque peu barré, que j’ai trouvé écrit par une cer­taine Lizzie Stark. Comme on dit là-bas : Enjoy !

Et si les grands auteurs nous écrivaient leurs pastiches de Twilight ?
Et si les grands auteurs nous écri­vaient leurs pas­tiches de Twilight ?

« Comme je le men­tion­nais dans un pré­cé­dent billet, le pro­blème prin­ci­pal avec Twilight ne vient pas de ses vam­pires étin­ce­lants, dépour­vus de tous les points faibles tra­di­tion­nels, ni de son orien­ta­tion anti-fémi­niste. Quand vous vous plon­gez dedans, le pro­blème est que son écri­ture est hor­rible, rem­plie de cli­chés ( »il la cou­vait des yeux« ), de répé­ti­tions (294 »yeux » sur 498 pages) et la carac­té­ri­sa­tion de ses per­son­nages prin­ci­paux, trop som­maire (Bella est mal­adroite, et je crois bien qu’elle aime les livres. Ou un truc du genre).

Lors d’un récent voyage en voi­ture avec mon mari et l’écrivain Chip Cheek, on rumina la ques­tion : et si de grands auteurs de la lit­té­ra­ture des 200 der­nières années avaient rédigé Twilight ?

Les pastiches littéraires de Lizzie

Herman Melville

« Appelle-moi Bella. » Un ouvrage, de la lon­gueur de toute la série ori­gi­nale, qui traite de la quête mono­ma­niaque de Bella, à la recherche du vam­pire qui lui a volé sa vir­gi­nité. Il y a notam­ment un cha­pitre entier réservé à la des­crip­tion de la pâleur dévas­ta­trice d’Edward, et plu­sieurs autres sur la phy­siog­no­mo­nie des vam­pires, à com­men­cer par l’apparence exté­rieure de leur struc­ture osseuse.

Virginia Woolf

Le roman se déroule sur 24 heures, durant les­quels Bella peint un por­trait d’Edward, et réflé­chit au fait que sa fémi­nité res­treint son rôle dans la société du XXe siècle.

Cormac McCarthy

Dans la scène d’ouverture, Edward éclate la tête de Bella contre un rocher et viole son cadavre. Puis, Jacob et lui se lancent dans une étrange équi­pée san­glante à tra­vers l’ouest américain.

Jane Austen

Fondamentalement, la même his­toire que dans l’original, excepté que Bella n’est pas une inadap­tée sociale, et qu’elle se montre incroya­ble­ment spi­ri­tuelle. Sa méfiance envers Edward a com­mencé suite à une tra­gique méprise à pro­pos de la per­son­na­lité de celui-ci. Mais après une aven­ture avec Jacob, durant laquelle il l’agresse sexuel­le­ment (ce qui n’amuse per­sonne dans cette ver­sion), elle et Edward vivent heu­reux pour toujours.

George Saunders

La même chose que l’original, mais dans un parc d’attractions. D’une façon ou d’une autre, un gang de robots est impli­qué, ce qui détourne le lec­teur de la saveur pro­fonde de l’histoire d’amour d’Edward et Bella.

Raymond Carver

Bella joue le rôle de la ser­veuse alcoo­lique qui a des pro­blèmes avec son père. Edward, le pro­fi­teur clas­sique, l’exploite. Lorsque Jacob, le vieil ami de Bella, lui rend visite, il est cho­qué en voyant ses contu­sions. Elle envi­sage de s’enfuir, mais à la place, se tourne vers la bou­teille de gin. Dur dur.

Annie Proulx

Là-haut, dans les mon­tagnes, Edward et Jacob foulent aux pieds ce que la société atten­dait d’eux.

Lewis Carroll

Bella prend de l’acide et invente des syllogismes.

James Joyce

L’amour avare d’Edward pour Bella reflète la façon dont la mon­dia­li­sa­tion a ravagé l’Irlande. Le livre est entiè­re­ment en espé­ranto, avec des sec­tions en grec (non tra­duit), excepté le cha­pitre 40, qui est, inex­pli­ca­ble­ment, pré­senté comme une page du script de la comé­die musi­cale Le livre des Mormons.

Dorothy Parker

Bella écrit une brillante cri­tique de la der­nière pièce de théâtre de l’école, sort avec une ribam­belle de gar­çons, et tente régu­liè­re­ment de se suicider.

Kate Chopin

Étouffée par son mariage avec Edward, Bella a une aven­ture avec Jacob puis se sui­cide par noyade.

Ernest Hemingway

Edward et Bella échangent des dis­cus­sions laco­niques, fai­sant allu­sion au pro­blème ana­to­mique d’Edward. Finalement, Bella le quitte pour Jacob, un torero local qui a un grand… sens de la justice.

Flannery O’Connor

Lorsque l’Indien loup-garou Jacob menace de la tuer, Bella recon­si­dère son racisme vis­cé­ral et, le temps d’une mil­li­se­conde, les lec­teurs la trouvent sympathique.

Ayn Rand

Edward dit à Bella qu’il ne lui sau­vera plus la vie, à moins qu’elle com­mence à le payer en lin­gots d’or. Une baise immonde s’ensuit, et Jacob crache sur la phi­lo­so­phie objec­ti­viste durant 100 pages. »

Un peu moins d’eau dans mon pastiche, merci

Je ne résiste pas à la ten­ta­tion (eh oui) d’y ajou­ter quelques « hexagonaux » :

Émile Zola

Edward, un nanti, rêve de fra­ter­nité avec ses frères humains délais­sés par le Progrès. Son amour pour Bella, une égé­rie du mou­ve­ment ouvrier, n’y est pas étran­ger. Hélas, les grandes grèves éclatent. Les gen­darmes, com­man­dés par le capi­taine Jacob, tirent sur la foule. Bella se fait tuer sur les bar­ri­cades, et Edward finit le cer­veau grillé par son addic­tion au sang. La der­nière scène apporte une note d’espoir : Alphonse, l’enfant secret de Jacob et Bella, se lance sur les che­mins par un matin radieux…

Antoine de Saint-Exupéry

Bella rêve de vam­pires, et elle par­court le monde pour en ren­con­trer un. Elle fait le tour de la Terre, vit des aven­tures de toute sorte, inso­lites, pleines d’enseignements et de poé­sie. Et lorsqu’elle trouve enfin Edward, elle meurt. Mais Edward pense tou­jours à elle en regar­dant les étoiles.

Montaigne

Dans un essai inti­tulé « Des fort piteux vam­pires et autres lamies », l’auteur nous parle de la triste condi­tion des suceurs de sang, qui se voient grands sei­gneurs mais qui sont esclaves de leur dépen­dance. Il raconte un épi­sode de son voyage en Italie où on lui mon­tra Edward et Bella, un couple de petits vieux com­plè­te­ment fondus.

Gustave Flaubert

Bella s’aperçoit, à la fin du roman, qu’Edward n’est qu’un pâle cré­tin arri­viste, qu’il n’est pas plus vam­pire que vous et moi, et qu’elle a lu trop de bit-lit, ce qui lui a embrumé le juge­ment. C’est décidé, main­te­nant, elle aimera Jacob : lui, au moins, c’est un vrai loup-garou.


Voilà, j’ai épuisé tous les jeux de mots vaseux que je pou­vais ima­gi­ner avec « pastiche »…

A ton tour, corus­cant inter­naute ! Complète la liste : que don­ne­rait Twilight dans les mains de tes écri­vains fétiches ?

16 commentaire

  1. Eva a dit :

    Je n’ai jamais lu Twilight, mais je crois que je vois le prin­cipe. Quitte à rire un peu, je pro­pose la ver­sion de :

    Terry Pratchett
    Edward décide un jour que crou­pir dans un châ­teau plein de cou­rants d’air à attendre de se faire empa­ler par les pay­sans du coin ne vaut vrai­ment pas le coup d’être un vam­pire. Les sym­boles reli­gieux et le soleil peuvent aller se rha­biller, désor­mais il n’y sera plus sen­sible. Avec l’aide de Jacob, loup-garou fidèle, il s’en va conqué­rir le royaume voi­sin. Premier pro­blème, Jacob doit entrer en négo­cia­tion avec les puces qui habitent son pelage : elles viennent de fon­der une société démo­cra­tique et exige un inté­res­se­ment dans la conquête des deux com­pères. Enfin, son ambi­tion subit un coup fatal lorsqu’il tombe sur mémé Bella, une sor­cière rou­blarde qui lui démontre sans ména­ge­ment que le vam­pi­risme, c’est dans la tête.

    1. Dalies Savine a dit :

      J’adore ! Vraiment connais­seur de Terry Pratchett, ça donne envie d’un deuxième Carpe Jugulum.
      Mise à part ça, c’est un exer­cice sympa de faire ça ! et Merci pour toutes ces belles idées 😛

  2. Simon a dit :

    Selon J.R.R Tolkien :

    Bella, une jeune humaine inno­cente, se retrouve embar­quée dans une aven­ture la menant d’un bout a l’autre du monde pour retrou­ver le bel Edward. Mais c’est sans comp­ter les nom­breux dan­gers tout au long du che­min, et le traitre Jacob, obnu­bilé par le pou­voir de séduc­tion de Bella. L’ouvrage se ter­mine par une bataille épique entre les vam­pires et les loups-garous, réunis dans une vaste plaine pour un ultime affrontement.

  3. Greg Hocfell a dit :

    « lol » : ah oui tout à fait, avec Gustave !, en autre, les « hypo­thèses » de ces écri­vains sont très pertinentes. 😉
    Logo de Greg Hocfell

    1. nicolas a dit :

      Igor : Oui, j’ai regardé le résumé, on est tout à fait dans l’exercice. Merci pour l’info !

      Simon et Eva : sym­pa­thiques ajouts ! (Eva et Igor : les grands esprits…)

      Greg : je ne connais pas tous ces écri­vains, mais en effet pour ceux que j’ai lus les hypo­thèses sonnent très juste. Comme quoi, essayez tou­jours de voya­ger avec un écri­vain dans la voi­ture, vous ne ver­rez pas le temps passer.

      Ah, Eva : pour tous ceux qui veulent se mettre à jour de façon ludique, je conseille
      ce lien
      et tout ce qui concerne Twiligt sur ce blog déli­cieux (notam­ment
      la page Facebook de Bella
      )

  4. Eva a dit :

    Donner des liens pareils, c’est vrai­ment hon­teux ! Je suis cen­sée écrire, moi, mon­sieur, pas pas­ser mon temps à rire comme une baleine en lisant ce blog aux articles déli­cieu­se­ment saty­riques. Bref, merci. ^^

    1. nicolas a dit :

      Merci tout le monde, même si, je le sais, j’exagère.

      Promis, à par­tir de main­te­nant, ça va chan­ger : je ne pos­te­rai que des liens pénibles, que per­sonne n’a envie de visiter.

      Et pour commencer,
      en voici un premier
      . Bonne lecture !

  5. Maud a dit :

    selon JK Rowling :

    Bella, une jeune fille tout ce qu’il y a d’ordinaire, souffre de la bana­lité de sa vie. elle s’ennuie à mou­rir dans une ville où il pleut tout le temps, sa timi­dité l’empêche de se faire des amis et elle connait à peine son père. bref elle est seule.

    mais un jour, elle découvre l’existence d’un monde occulte : le mys­té­rieux edward est un vam­pire. séduite, elle se laisse entraî­ner dans ce monde pal­pi­tant peu­plé de créa­tures fan­tas­tiques. comme il est dif­fi­cile de reve­nir à la nor­male et de cacher son exis­tence aux simples mor­tels ! cepen­dant rien n’est simple : tous les vam­pires ne sont pas gentils.De plus, son amour pour edward réveille l’hostilité que les loups-garous et les vam­pires se portent mutuel­le­ment, car Jacob, son meilleur ami de loup-garou, est éga­le­ment amou­reux d’elle.

    alors, quel camp choi­sira-t-elle ? celui des buveurs de sang ou celui des loups défen­seurs de l’humanité ?

  6. Zed a dit :

    Selon Philip K. Dick :
    Edward, heu­reux dans son job et son ménage, découvre avec effroi qu’il est un vam­pire. Poursuivi par Jacob il suit les indices lui per­met­tant de retrou­ver Bella, qui finit par com­prendre qu’en fait, Jacob et lui sont la même personne.

    Selon HP Lovecraft :
    La chose innom­mable que Bella convoite est mal­fai­sante. Sa convoi­tise n’est pas le fruit du hasard : Bella est issue d’une lignée ayant pra­ti­qué des cultes sata­niques et l’appel ini­tié par ses aïeuls prend corps à son encontre sous une forme malé­fique dont le pro­lon­ge­ment est une incar­na­tion vague­ment huma­noïde : Edward, le vam­pire. En essayant de la libé­rer mal­gré elle de l’emprise d’Edward, Jacob per­dra la rai­son en pre­nant conscience de l’existence de ces forces occultes répu­gnantes qui trans­cendent le mal à l’état pur.

  7. Juliette a dit :

    Je pousse un petit coup de gueule : mais de quel droit se per­met-on de juger de manière aussi radi­cale un livre ? Le style ne cor­res­pond certes pas à ce que vous atten­diez, mais au moins, il a atteint son public cible ; et puis je vous rap­pelle que ce n’est pas Stephenie Meyer qui a écrit la ver­sion fran­çaise… Je l’ai lu en anglais, et n’ai pas vu le film ; le style en anglais était simple, avec certes quelques répé­ti­tions, mais rien d’atroce.

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