Ce que vous allez apprendre dans cet article :

  • Qu’est-ce que le tir à la ligne
  • S’amuser avec le pipotron
  • Applications : la rhé­to­rique officielle

Et si on s’a­mu­sait avec un géné­ra­teur de textes ? Mais au fait, vous savez de quoi il s’a­git… non ?

Le tir à la ligne a été inventé au XIXe siècle, à la fameuse époque où le moindre jour­nal, où le plus insi­gni­fiant canard publiait des romans-feuille­tons. Les écri­vains en mal d’argent fai­saient “durer le plai­sir” avec toutes sortes d’astuces, afin de main­te­nir leur gagne-pain durant le plus grand nombre pos­sible de numéros.

Aujourd’hui, le tir à la ligne est délaissé par les plu­mi­tifs, ère de Twitter oblige.

Mais baste, il faut sau­ver cette belle pra­tique ! Ensemble, remet­tons au goût du jour le tir à la ligne, sans lequel rédi­ger une his­toire ennuyeuse devient si difficile !

Générateur de texte ? Tir à la ligne ? Quésaco ?

Avant tout, un peu de vocabulaire.

On pou­vait lire à une époque sur le site du Ministère de la Culture, qui est ma foi plein de sur­prises, cette défi­ni­tion du tir à la ligne : « À peu près syno­nyme de pis­ser de la copie ou de tar­ti­ner. Mais on peut aussi tirer à la ligne quand on a du mal à bou­cler un papier, même s’il ne fait que deux feuillets. »

Telle est la posi­tion du Gouvernement.

« La chair est triste, hélas… » ou l’art de rallonger un billet (sur un générateur de texte) avec la première image qui vous tombe sous la main.
« La chair est triste, hélas… » ou l’art de ral­lon­ger un billet (sur un géné­ra­teur de texte) avec la pre­mière image qui vous tombe sous la main.

L’artiste, main­te­nant. Donnons la parole à… tiens, au hasard, à Pierre Dac :

« Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour par­ler sont les deux prin­cipes majeurs et rigou­reux de tous ceux qui feraient mieux de la fer­mer avant de l’ouvrir. »

Fulgurant, concis, bref, exemplaire.

C’est bien joli, me direz-vous, mais foin de la théo­rie ! Comment peut-on faire, vous, moi, pour réus­sir un tir à la ligne digne des plus grands experts d’autrefois ? Où est passé le savoir-faire ancestral ?

La solu­tion existe, à quelques clics d’ici. Internet, une fois de plus, va nous sauver.

Pipotron

« Si vous vou­lez mon avis concer­nant la baisse de confiance de l’époque actuelle, je recom­mande d’arrêter de stig­ma­ti­ser la plus grande par­tie des amé­lio­ra­tions réa­li­sables, parce que la nature a hor­reur du vide. »

Voici un exemple de la prose fabri­quée par un sym­pa­thique outil en ligne : le pipo­tron.

Bien sûr, les résul­tats géné­rés ser­vi­ront plu­tôt au monde poli­tique. Les sta­tis­tiques de fré­quen­ta­tion de ce site seraient sans doute édifiantes.

Mais le concep­teur du pipo­tron, et ses amis, conscients des limites de la chose, ont déve­loppé depuis une véri­table bat­te­rie de “-otrons”, adap­tés à toutes les néces­si­tés de la vie (et donc, a for­tiori, de l’écriture littéraire) :

  • un wesho­tron
  • un phy­si­co­tron (géné­ra­teur de pseudo-dis­cours scientifiques)
  • un rato­tron (pour aider les filles en panne d’inspiration, au moment de mettre un râteau à un dragueur)
  • un pon­so­tron (qui paraît-il est “du lourd. Très.” ( ?) )
  • ainsi qu’un pipo­tron uni­ver­sel, pour lequel cha­cun pourra fabri­quer son propre kit ; un kit “potin” est fourni, per­met­tant paraît-il d’« ima­gi­ner dif­fé­rents scé­na­rios de couples avec vos amis » (mmmh…)
  • un kit insul­tron a aussi été mis au point, et visi­table sur la page de l’insultron v2. Voici de quoi mon ordi­na­teur m’a traité, après que j’eus cli­qué sur le bou­ton : « Espèce de vieille canaille des bois, tu es un neu­neu qui pue du bec, je crève d’envie de t’apprendre les bonnes manières où tu veux pour rigo­ler. (etc) »

Chiche !

Franck Lepage et ses petits cartons

Enfin, je vou­drais citer une véri­table per­for­mance de scène, un bijou d’improvisation, par un tireur à la ligne en direct, et en images : Franck Lepage.

Cet homme, qui a long­temps tra­vaillé comme pipo­teur sti­pen­dié dans les ins­ti­tu­tions cultu­relles, s’avance ici sous les pro­jec­teurs et nous fait une démons­tra­tion de toute beauté. Ni confé­rences sérieuses, ni spec­tacles, ses “confé­rences ges­ti­cu­lées” sont un édi­fiant mélange des genres. Mais voyez plutôt :

Et voilà, cela se passe de com­men­taires. Point final à la ligne. Quand on voir cela, on se ras­sure un peu : le tir à la ligne a encore de beaux jours devant lui.


A ton tour, vil inter­naute : tu peux pos­ter ci-des­sous tes plus belles réalisations.

Signé ta vieille canaille des bois

2 commentaire

  1. Kumfu a dit :

    Je mets un petit com­men­taire sur cet article, mais je me bal­lade sur votre blog depuis hier et je me régale vrai­ment, autant pour l’intérêt impor­tant de tous vos articles que pour l’humour géné­ral avec lequel vous les traitez.

    Merci !

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